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UGAM : Un congrès sous le signe de l’alerte

Les campagnes en état d’urgence silencieuse


Rédigé par La rédaction le Mardi 24 Juin 2025

Congrès de l’UGAM : les petits agriculteurs marocains appellent à une réforme urgente pour sauver l’agriculture, la justice rurale et la souveraineté alimentaire.



Quand la terre souffre, le pays tremble : plaidoyer pour une agriculture digne et équitable

Le sixième Congrès national de l’Union Générale des Agriculteurs du Maroc (UGAM) s’est tenu dans une ambiance chargée, presque lourde. Derrière les discours, les formules politiques et les grandes intentions, c’est une réalité plus dure qui affleure : celle de milliers de petits agriculteurs épuisés, étranglés par la sécheresse, les dettes, et un système qui ne les regarde plus vraiment.

Nous avons tenu ce congrès autour d’un slogan clair : « Nous assurons notre sécurité alimentaire et préservons notre souveraineté grâce à une agriculture soutenue et équitable ». La souveraineté alimentaire, ça ne se décrète pas dans les salons ministériels. Elle se construit au quotidien, avec nos mains, dans la poussière et l’incertitude.

Sécheresse, dette et isolement : la triple peine des petits exploitants
Pour les agriculteurs, chaque saison est un pari. La sécheresse est devenue leurs lot annuel, et les crédits s’empilent pendant que les récoltes diminuent. L’irrigation ? Un luxe pour ceux qui ont accès à des équipements. Le financement ? Une galère. La distribution ? Un circuit brisé, où les prix payés à l’agriculteur sont ridicules face à ceux du marché.

Cette situation est d’autant plus dramatique que ce sont justement les petits et moyens agriculteurs — , les oubliés des grands plans — qui tiennent encore debout les marchés locaux, les filières vivrières, et donc une partie importante de la sécurité alimentaire du pays.

Le SG du parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a rappelé les 6 milliards de dirhams injectés dans le plan d’urgence pour la reconstitution du cheptel. C’est bien. Mais combien de ces dirhams atteignent les éleveurs des montagnes du Siroua ou les cultivateurs de betterave du Gharb ? Trop souvent, l’aide s’évapore dans les méandres bureaucratiques, détournée par des intermédiaires ou absorbée par des structures incapables de cibler les vrais bénéficiaires.

Et pendant ce temps, les campagnes se vident. Les jeunes partent, les femmes s’épuisent, les écoles ferment. L’exode rural n’est plus une rumeur, c’est un désastre annoncé. La souveraineté alimentaire, si elle veut exister demain, doit être bâtie sur une justice sociale et territoriale réelle.

L’UGAM, entre réveil syndical et devoir de proposition

Face à cela, l’UGAM ne peut plus rester dans le rôle du simple relai institutionnel. Il est temps qu’elle redevienne ce qu’elle aurait toujours dû être : une voix forte, libre, combative. Le Congrès a donc lancé un appel à réformer ses structures, à injecter du sang neuf dans ses directions, à renforcer la présence sur le terrain et à investir dans la formation de ses membres.

Nous devons redevenir une force de proposition crédible. Cela passe par un travail en profondeur : penser des solutions adaptées à nos réalités locales, proposer des alternatives au modèle agricole importé et déconnecté, et surtout défendre bec et ongles les droits des paysans, des femmes rurales et des jeunes qui croient encore à l’agriculture.

Assez de poudre aux yeux. Il faut du courage politique. C’est pourquoi l’UGAM appelle à la création d’un Fonds national de soutien pour les agriculteurs frappés par la sécheresse et les catastrophes naturelles. Pas dans cinq ans. Maintenant.

De plus, il est urgent de réformer la chaîne de commercialisation.

Le cri de cœur des congressistes  : 

Aujourd’hui, ce ne sont ni le climat, ni les semences, ni les bêtes qui nous tuent : ce sont les spéculateurs. Les marchés agricoles sont entre les mains d’intermédiaires qui s’enrichissent sur notre dos. Le renforcement des coopératives, des circuits courts, des plateformes de vente directe est devenu une question de survie, pas de stratégie.

L’agriculture n’est pas un problème, c’est la solution
Il faut le redire avec force : l’agriculture marocaine n’est pas un secteur marginal. C’est une colonne vertébrale. Sans elle, c’est toute la stabilité du pays qui vacille. À l’heure du changement climatique, des tensions alimentaires mondiales et de la montée des inégalités, miser sur nos paysans, c’est miser sur la résilience.

Mais pour cela, il faut de l’écoute, des moyens, et une vision. Pas de la communication vide. 
Nous voulons que l’agriculteur ne soit plus un figurant dans les plans de développement, mais un acteur central. Que l’Union soit associée à l’élaboration des politiques agricoles, non pas en tant qu’invité poli, mais en tant que représentant légitime.

Pour conclure : pas de dignité sans justice rurale

Le congrès s’est terminé sur une note combative, empreinte d’un désespoir lucide. Nous avons voté pour renforcer nos structures régionales, nous ouvrir aux jeunes, aux femmes, aux agriculteurs de demain. Et nous lançons une campagne nationale de plaidoyer pour que la souveraineté alimentaire devienne une priorité stratégique, intégrée au nouveau modèle de développement du Maroc.

Mais pour cela, il faudra du courage. Pas seulement celui de labourer une terre sèche. Le courage de dire la vérité, de dénoncer les incohérences, de faire de l’agriculture non plus un décor de discours, mais le socle d’un Maroc plus juste.





Mardi 24 Juin 2025

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