Une proposition de loi remet le groupe sanguin au cœur du débat
Imaginez : vous perdez connaissance après un accident sur la route. L’ambulance arrive. Les secondes comptent. Et là, sur votre carte nationale d’identité électronique, figure en toutes lettres votre groupe sanguin. Un détail ? Non. Un gain de temps précieux. Voire vital.
C’est précisément ce que propose une nouvelle initiative parlementaire marocaine. L’idée est simple : graver le groupe sanguin sur la carte d’identité électronique de chaque citoyen. L’objectif ? Permettre aux secouristes et au personnel médical d’administrer plus rapidement les soins nécessaires, notamment en cas d’hémorragie massive ou de transfusion d’urgence.
Mais cette idée, aussi pratique semble-t-elle, ne va pas sans poser de sérieuses questions. Et elle enflamme déjà les débats. Car inscrire une donnée aussi intime que le groupe sanguin sur un document officiel, consultable par plusieurs institutions, soulève un enjeu crucial : la protection des données personnelles.
Pour ses partisans, cette proposition est presque évidente. L’expert en santé publique, Hamza Waraki, s’est exprimé publiquement pour saluer cette mesure « de bon sens ». Il souligne que « dans un pays où les accidents de la route font des milliers de blessés chaque année, chaque minute gagnée peut éviter un drame ».
Le Maroc, rappelons-le, connaît un taux élevé d’accidents de la circulation, souvent dans des zones mal desservies par les structures hospitalières. Dans ces contextes, pouvoir accéder immédiatement au groupe sanguin d’un patient, sans attendre les résultats d’un test en laboratoire, pourrait transformer l’issue d’une intervention.
Mais au-delà de cette réalité clinique, des voix s’élèvent.
Peut-on assimiler le groupe sanguin à une information administrative classique ? Certainement pas, répondent les experts en cybersécurité. Ce n’est pas une date de naissance ou un lieu de résidence. C’est une information biologique, sensible, qui peut en dire long sur vous, surtout si elle est combinée à d’autres données de santé.
Inscrire une telle information sur la carte nationale d’identité reviendrait à ouvrir une brèche dans la confidentialité médicale, pourtant protégée par plusieurs conventions internationales et principes éthiques.
Des organisations marocaines de défense des libertés numériques appellent déjà à un encadrement strict. Elles craignent des usages dérivés non consentis, voire des dérives discriminatoires, comme cela a été observé dans certains pays autoritaires.
Certains suggèrent une alternative moins intrusive : rendre le groupe sanguin facultatif, mentionné seulement sur demande du citoyen, ou intégré dans une base de données médicale cryptée, consultable uniquement par les services d’urgence autorisés. Cette solution hybride permettrait d’éviter la généralisation d’un système potentiellement intrusif, tout en gardant l’efficacité promise dans les situations critiques.
L’exemple de pays comme l’Autriche ou le Japon, qui ont adopté des systèmes similaires mais très encadrés, pourrait inspirer le Maroc dans l’élaboration de sa propre architecture juridique et technique.
Au fond, cette affaire pose une autre question, bien plus personnelle : savez-vous seulement quel est votre groupe sanguin ? Une grande partie des Marocains l’ignore. Or, dans un monde où les catastrophes, les attentats ou les accidents de masse peuvent survenir à tout moment, connaître cette information est un acte de prudence individuelle.
Si la loi venait à être adoptée, elle pourrait également servir de tremplin à une campagne nationale de sensibilisation à la santé préventive. Car au-delà des cartes d’identité, ce sont les gestes simples qui sauvent.
Une fois encore, le progrès technologique se heurte à l’impératif de protection de la vie privée. Cette initiative bien intentionnée pourrait ouvrir une boîte de Pandore : aujourd’hui le groupe sanguin, demain les antécédents médicaux, les traitements en cours ? Jusqu’où irons-nous sous prétexte de « sauver des vies » ? Toute tentative de centraliser des données de santé sur un document civil mérite un cadre législatif en béton armé. Et surtout, une vigilance citoyenne constante.
C’est précisément ce que propose une nouvelle initiative parlementaire marocaine. L’idée est simple : graver le groupe sanguin sur la carte d’identité électronique de chaque citoyen. L’objectif ? Permettre aux secouristes et au personnel médical d’administrer plus rapidement les soins nécessaires, notamment en cas d’hémorragie massive ou de transfusion d’urgence.
Mais cette idée, aussi pratique semble-t-elle, ne va pas sans poser de sérieuses questions. Et elle enflamme déjà les débats. Car inscrire une donnée aussi intime que le groupe sanguin sur un document officiel, consultable par plusieurs institutions, soulève un enjeu crucial : la protection des données personnelles.
Pour ses partisans, cette proposition est presque évidente. L’expert en santé publique, Hamza Waraki, s’est exprimé publiquement pour saluer cette mesure « de bon sens ». Il souligne que « dans un pays où les accidents de la route font des milliers de blessés chaque année, chaque minute gagnée peut éviter un drame ».
Le Maroc, rappelons-le, connaît un taux élevé d’accidents de la circulation, souvent dans des zones mal desservies par les structures hospitalières. Dans ces contextes, pouvoir accéder immédiatement au groupe sanguin d’un patient, sans attendre les résultats d’un test en laboratoire, pourrait transformer l’issue d’une intervention.
Mais au-delà de cette réalité clinique, des voix s’élèvent.
Peut-on assimiler le groupe sanguin à une information administrative classique ? Certainement pas, répondent les experts en cybersécurité. Ce n’est pas une date de naissance ou un lieu de résidence. C’est une information biologique, sensible, qui peut en dire long sur vous, surtout si elle est combinée à d’autres données de santé.
Inscrire une telle information sur la carte nationale d’identité reviendrait à ouvrir une brèche dans la confidentialité médicale, pourtant protégée par plusieurs conventions internationales et principes éthiques.
Des organisations marocaines de défense des libertés numériques appellent déjà à un encadrement strict. Elles craignent des usages dérivés non consentis, voire des dérives discriminatoires, comme cela a été observé dans certains pays autoritaires.
Certains suggèrent une alternative moins intrusive : rendre le groupe sanguin facultatif, mentionné seulement sur demande du citoyen, ou intégré dans une base de données médicale cryptée, consultable uniquement par les services d’urgence autorisés. Cette solution hybride permettrait d’éviter la généralisation d’un système potentiellement intrusif, tout en gardant l’efficacité promise dans les situations critiques.
L’exemple de pays comme l’Autriche ou le Japon, qui ont adopté des systèmes similaires mais très encadrés, pourrait inspirer le Maroc dans l’élaboration de sa propre architecture juridique et technique.
Au fond, cette affaire pose une autre question, bien plus personnelle : savez-vous seulement quel est votre groupe sanguin ? Une grande partie des Marocains l’ignore. Or, dans un monde où les catastrophes, les attentats ou les accidents de masse peuvent survenir à tout moment, connaître cette information est un acte de prudence individuelle.
Si la loi venait à être adoptée, elle pourrait également servir de tremplin à une campagne nationale de sensibilisation à la santé préventive. Car au-delà des cartes d’identité, ce sont les gestes simples qui sauvent.
Une fois encore, le progrès technologique se heurte à l’impératif de protection de la vie privée. Cette initiative bien intentionnée pourrait ouvrir une boîte de Pandore : aujourd’hui le groupe sanguin, demain les antécédents médicaux, les traitements en cours ? Jusqu’où irons-nous sous prétexte de « sauver des vies » ? Toute tentative de centraliser des données de santé sur un document civil mérite un cadre législatif en béton armé. Et surtout, une vigilance citoyenne constante.












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