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Par Abdelghani El Arrasse
1. L’axe stratégique Rabat–Nouakchott–Sahel : le véritable déclencheur
L’implication croissante des Émirats dans le projet marocain d’intégration économique et sécuritaire avec la Mauritanie et les pays du Sahel constitue, pour Alger, une ligne rouge franchie. Ce projet vise à offrir à ces pays enclavés un accès stratégique à l’océan Atlantique, tout en les aidant à sécuriser leurs frontières face aux groupes armés actifs dans la région — des groupes que certains observateurs soupçonnent d’avoir bénéficié, directement ou indirectement, de la complaisance du régime algérien.
Soutenu activement par Abou Dhabi, ce projet traduit une volonté claire de repositionner le Maroc comme acteur central de la stabilité régionale. Pour l’Algérie, qui a longtemps monopolisé les canaux de coopération au Sahel, il s’agit là d’une menace directe à son influence historique.
2. Le soutien émirati à la cause kabyle : un tabou brisé
Autre sujet hautement sensible : le soutien implicite des Émirats au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Par des relais médiatiques, mais aussi à travers des canaux diplomatiques discrets, Abou Dhabi contribue à internationaliser la question kabyle. Une émission récente, diffusée sur une chaîne émiratie, a donné la parole à un historien algérien critique du système, dénonçant la marginalisation des Kabyles par les élites algériennes.
Cette prise de position constitue un revirement notable, dans un monde arabe généralement peu enclin à soutenir des revendications autonomistes. Pour le régime algérien, c’est une provocation directe dans un dossier qu’il considère comme relevant strictement de sa souveraineté nationale.
3. La pression économique sur l’Europe : l’arme des investissements
Les Émirats ont annoncé un plan d’investissement massif de 40 milliards de dollars en France, ciblant notamment le secteur de l’intelligence artificielle. Cet engagement vise à ancrer durablement la position française favorable à la souveraineté marocaine sur le Sahara, tout en neutralisant les pressions algériennes.
Par ailleurs, Abou Dhabi manifeste un intérêt stratégique pour la principale entreprise gazière espagnole, ce qui s’inscrit dans la perspective du projet de gazoduc Maroc–Nigéria. Ce projet, soutenu par l’Union africaine et plusieurs partenaires européens, se positionne en concurrent direct des infrastructures gazières algériennes, renforçant ainsi l’influence du Maroc sur le marché énergétique africain et européen.
4. Le lobbying émirati à Washington et l’échec algérien
Sur le front américain, les Émirats mènent une diplomatie économique offensive, avec l’annonce d’investissements colossaux de 1 400 milliards de dollars sur dix ans. En contrepartie, Abou Dhabi plaide activement pour une reconnaissance accrue de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Face à cela, l’Algérie a tenté de convaincre Washington en vantant ses richesses en hydrocarbures et en terres rares, tout en proposant des contrats avantageux à des entreprises américaines. Ces efforts ont été vains, d’autant plus que même les tentatives du Qatar — pourtant proche d’Alger — pour freiner les avancées diplomatiques marocaines auprès de l’administration Trump ont échoué. Le soutien américain à la position marocaine continue de se consolider, au détriment de la stratégie algérienne.
L’agressivité médiatique et politique du régime algérien à l’encontre des Émirats arabes unis s’inscrit dans une logique de crispation face à des mutations géopolitiques profondes. En s’alignant résolument sur la stratégie régionale du Maroc, les Émirats arabes unis contribuent à redessiner les équilibres d’influence en Afrique du Nord et au Sahel — au grand dam d’un pouvoir algérien de plus en plus isolé.
Par Abdelghani El Arrasse












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