Un système déséquilibré, mais réformable
Le circuit de distribution des produits alimentaires au Maroc est devenu, au fil des années, un labyrinthe économique : entre les grands groupes de distribution, les commerçants de quartier, les souks, les marchés de gros et le e-commerce émergent, le consommateur ne sait plus à quel prix ni à quelle logique se fier.
Cette complexité cache des déséquilibres structurels : concentration excessive, marginalisation du commerce traditionnel, opacité des marges, tensions inflationnistes, et absence de gouvernance claire.
Dans son Avis A/1/25, le Conseil de la Concurrence dresse un diagnostic sans concession et propose un ensemble de recommandations. À partir de ces travaux, cinq grands leviers de réforme apparaissent comme prioritaires. Encore faut-il les activer, avec courage et cohérence.
Cette complexité cache des déséquilibres structurels : concentration excessive, marginalisation du commerce traditionnel, opacité des marges, tensions inflationnistes, et absence de gouvernance claire.
Dans son Avis A/1/25, le Conseil de la Concurrence dresse un diagnostic sans concession et propose un ensemble de recommandations. À partir de ces travaux, cinq grands leviers de réforme apparaissent comme prioritaires. Encore faut-il les activer, avec courage et cohérence.
Refonder la gouvernance du secteur
Premier constat : le secteur de la distribution alimentaire souffre d’un vide institutionnel. Il n’existe ni autorité de coordination, ni stratégie nationale, ni articulation claire entre les ministères concernés (Intérieur, Commerce, Agriculture, Santé…).
Le Conseil recommande la création d’un comité national de coordination de la distribution alimentaire, placé sous l’égide du Chef du Gouvernement. Cette instance permettrait de :
Superviser les politiques publiques liées à l’offre, à l’urbanisme commercial, à la régulation des marges ;
Centraliser les données et harmoniser les diagnostics ;
Piloter des réformes structurantes sur le long terme.
C’est une condition sine qua non pour sortir de l’approche par silos et mettre fin à la confusion actuelle entre acteurs locaux, régionaux et nationaux.
Le Conseil recommande la création d’un comité national de coordination de la distribution alimentaire, placé sous l’égide du Chef du Gouvernement. Cette instance permettrait de :
Superviser les politiques publiques liées à l’offre, à l’urbanisme commercial, à la régulation des marges ;
Centraliser les données et harmoniser les diagnostics ;
Piloter des réformes structurantes sur le long terme.
C’est une condition sine qua non pour sortir de l’approche par silos et mettre fin à la confusion actuelle entre acteurs locaux, régionaux et nationaux.
Créer un Observatoire national des prix et des marges
Le manque de transparence est l’un des points noirs du système. Ni les citoyens, ni les producteurs, ni les autorités n’ont accès à des données fiables, continues et territorialisées sur la formation des prix.
L’Observatoire permettrait de :
Suivre l’évolution des prix à chaque maillon de la chaîne (producteur, logisticien, distributeur, détaillant) ;
Identifier les écarts anormaux, les hausses spéculatives ou les pratiques anticoncurrentielles ;
Alerter les pouvoirs publics et orienter les mesures correctives (subventions, contrôles, plafonnement).
Sa mission serait technique, neutre, mais hautement stratégique dans un contexte de forte inflation et de tensions sociales liées à l’alimentation.
L’Observatoire permettrait de :
Suivre l’évolution des prix à chaque maillon de la chaîne (producteur, logisticien, distributeur, détaillant) ;
Identifier les écarts anormaux, les hausses spéculatives ou les pratiques anticoncurrentielles ;
Alerter les pouvoirs publics et orienter les mesures correctives (subventions, contrôles, plafonnement).
Sa mission serait technique, neutre, mais hautement stratégique dans un contexte de forte inflation et de tensions sociales liées à l’alimentation.
Protéger et moderniser le commerce traditionnel
Le commerce de proximité, qu’il s’agisse des épiceries, des souks ou des marchés hebdomadaires, représente encore plus de 70 % du chiffre d’affaires de la distribution alimentaire. Et pourtant, il demeure le grand oublié des politiques publiques.
Or, il constitue un tissu économique de premier ordre : emploi non délocalisable, proximité logistique, ancrage social dans les quartiers.
Il est urgent de :
Mettre en place un fonds d’appui à la modernisation des commerces de proximité (digitalisation, gestion de stock, logistique) ;
Garantir un accès équitable aux produits (centrales d’achat mutualisées, plateformes numériques coopératives) ;
Créer des zones commerciales protégées dans les plans d’aménagement urbain, pour éviter la désertification commerciale des quartiers.
Or, il constitue un tissu économique de premier ordre : emploi non délocalisable, proximité logistique, ancrage social dans les quartiers.
Il est urgent de :
Mettre en place un fonds d’appui à la modernisation des commerces de proximité (digitalisation, gestion de stock, logistique) ;
Garantir un accès équitable aux produits (centrales d’achat mutualisées, plateformes numériques coopératives) ;
Créer des zones commerciales protégées dans les plans d’aménagement urbain, pour éviter la désertification commerciale des quartiers.
Ne pas investir dans ce pilier, c’est condamner à moyen terme une partie essentielle de l’économie populaire.
Encadrer les pratiques des grandes surfaces
Les GMS ont apporté professionnalisation, traçabilité et hygiène. Mais elles concentrent désormais des parts de marché importantes, avec un pouvoir de négociation écrasant sur les fournisseurs.
Le Conseil pointe en particulier :
Les marges arrière opaques (remises, frais marketing, bonus de référencement) ;
Les pratiques contractuelles déséquilibrées, imposant des conditions léonines à des TPE ;
Le développement anarchique dans les villes moyennes, souvent sans étude d’impact territorial.
Les leviers proposés :
Encadrer légalement les marges arrière et les rendre déclaratives ;
Créer un cadre contractuel équitable, inspiré des lois françaises (Egalim) ou espagnoles ;
Intégrer l’urbanisme commercial aux plans d’aménagement et imposer des autorisations préalables à l’ouverture de GMS.
Il ne s’agit pas de brider la grande distribution, mais de lui imposer des règles de responsabilité et de loyauté.
Le Conseil pointe en particulier :
Les marges arrière opaques (remises, frais marketing, bonus de référencement) ;
Les pratiques contractuelles déséquilibrées, imposant des conditions léonines à des TPE ;
Le développement anarchique dans les villes moyennes, souvent sans étude d’impact territorial.
Les leviers proposés :
Encadrer légalement les marges arrière et les rendre déclaratives ;
Créer un cadre contractuel équitable, inspiré des lois françaises (Egalim) ou espagnoles ;
Intégrer l’urbanisme commercial aux plans d’aménagement et imposer des autorisations préalables à l’ouverture de GMS.
Il ne s’agit pas de brider la grande distribution, mais de lui imposer des règles de responsabilité et de loyauté.
Intégrer les innovations digitales et les circuits alternatifs
La distribution alimentaire au Maroc évolue aussi en dehors des circuits classiques. De nouvelles initiatives émergent : marketplaces rurales, applications de circuits courts, plateformes logistiques partagées, e-commerce alimentaire.
Ces innovations peinent à percer à cause :
Du manque de cadre réglementaire clair (statut juridique, TVA, sécurité sanitaire) ;
De l’infrastructure numérique inégale entre les territoires ;
Du manque de financement adapté (microcrédit, capital patient, subventions locales).
La réforme doit viser à :
Créer un statut juridique spécifique pour le commerce digital alimentaire ;
Favoriser l’accès aux plateformes mutualisées pour les petits producteurs ;
Accompagner les collectivités dans la digitalisation de leurs marchés de gros et la dématérialisation des circuits.
Ces modèles hybrides sont l’avenir d’un système alimentaire plus durable, plus équitable, et plus résilient face aux crises.
Ces innovations peinent à percer à cause :
Du manque de cadre réglementaire clair (statut juridique, TVA, sécurité sanitaire) ;
De l’infrastructure numérique inégale entre les territoires ;
Du manque de financement adapté (microcrédit, capital patient, subventions locales).
La réforme doit viser à :
Créer un statut juridique spécifique pour le commerce digital alimentaire ;
Favoriser l’accès aux plateformes mutualisées pour les petits producteurs ;
Accompagner les collectivités dans la digitalisation de leurs marchés de gros et la dématérialisation des circuits.
Ces modèles hybrides sont l’avenir d’un système alimentaire plus durable, plus équitable, et plus résilient face aux crises.
Des réformes difficiles, mais nécessaires
Aucun de ces leviers ne peut être activé sans volonté politique forte, concertation multi-acteurs et suivi rigoureux. Il ne s’agit pas de “faire la révolution”, mais de corriger une trajectoire déséquilibrée.
Le Maroc ne manque pas de talents, d’expériences pilotes ou de ressources techniques. Ce qui manque, selon le Conseil, c’est :
Une vision intégrée et partagée ;
Des arbitrages courageux face aux lobbies ou à l’inertie administrative ;
Une priorisation claire, avec un calendrier de mise en œuvre.
Le Maroc ne manque pas de talents, d’expériences pilotes ou de ressources techniques. Ce qui manque, selon le Conseil, c’est :
Une vision intégrée et partagée ;
Des arbitrages courageux face aux lobbies ou à l’inertie administrative ;
Une priorisation claire, avec un calendrier de mise en œuvre.
Une opportunité historique de modernisation économique
Le moment est propice. L’inflation a rendu visibles les failles du système. Le numérique ouvre de nouvelles solutions. Et la société civile s’empare de plus en plus de la question alimentaire.
Réformer les circuits de distribution, c’est reprendre le contrôle sur notre économie quotidienne. C’est redonner de la dignité au commerçant de quartier, de la transparence au citoyen, de la valeur au producteur, et de la souveraineté à la nation.
Les cinq leviers sont là. Il ne reste qu’à les actionner. Avant que le déséquilibre ne devienne irréversible.
Réformer les circuits de distribution, c’est reprendre le contrôle sur notre économie quotidienne. C’est redonner de la dignité au commerçant de quartier, de la transparence au citoyen, de la valeur au producteur, et de la souveraineté à la nation.
Les cinq leviers sont là. Il ne reste qu’à les actionner. Avant que le déséquilibre ne devienne irréversible.