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Dérèglement climatique : le point de non-retour est-il atteint ?

Préserver le poumon de la Planète… et nos générations futures


Qu’allons-nous laisser à nos propres enfants ? Un monde dévasté par les guerres et « les éléments naturels », l’eau qui nous envahit, le feu de volcans, mais surtout celui des incendies monstres et inarrêtables, les orages, les tempêtes, les tornades et les cyclones.



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Par Bernard CHAUSSEGROS, Expert en Stratégie d'entreprise l SmartConsulting

Dans la seconde moitié du XXe siècle, nous gardons le souvenir que les conditions climatiques de notre pays étaient fortement marquées et que des saisons aux caractéristiques bien différentes cadençaient clairement l’année. Les hivers y étaient notamment particulièrement froids et souvent neigeux, même en plaine, y compris en Île-de-France. Aujourd’hui, on constate que les stations de ski, dans les Alpes ou dans les Pyrénées, en sont réduites à fabriquer de la neige artificielle pour assurer aux communes et aux sportifs des saisons touristiques de plus en plus courtes. Quant aux stations de moyenne montagne d’Auvergne, des Vosges ou du Vercors, elles savent que pour ne pas fermer, elles vont devoir diversifier leurs activités.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »

Il y a plus de 20 ans déjà, le 2 septembre 2002, le président Jacques Chirac a suscité l’étonnement dans un discours devant l’assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre à Johannesburg, en Afrique du Sud, en affirmant : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Nombreux ont été ceux qui ont pris cette assertion comme une plaisanterie ou une exagération. Face aux climatosceptiques très actifs à cette époque, le chef de l’État se référait au réchauffement climatique, déjà sensible à l’époque, et faisait le constat de la destruction de la Nature.

En critiquant l’indifférence des habitants de la Terre face à une catastrophe annoncée, il informait de l’importance des épreuves à venir et évoquait directement les dangers menaçant l’espèce humaine tout entière. Depuis lors, les rapports du GIEC se sont multipliés et les alertes lancées lors des différentes réunions de la COP (conférence des Parties, c’est-à-dire des États signataires à la CCNUCC) n’ont pas toujours réellement convaincu, ni les climatosceptiques, ni les tenants de l’industrie, pourtant source des excès provoqués par les gaz à effet de serre (GES) et par le gaz carbonique.

Nous allons devoir payer la note de ce dérèglement

On peut penser que les récents dégâts causés, en France et en Europe, par le passage destructeur des tempêtes baptisées des noms de CIARAN et DOMINGOS, commencent à interpeller plus violemment l’opinion publique. Les victimes dont le nombre n’a fait qu’augmenter ces derniers jours et les traumatismes liés à des phénomènes naturels, que l’on pensait n’exister que sous les tropiques, ont durablement marqué les esprits.

La force du vent, la fureur des océans, l’inexorable recul du trait de côte, la vision apocalyptique des maisons ruinées ou détruites par le vent et les inondations, les terres emportées par des ruisseaux devenus impétueux et inarrêtables, parlent d’eux-mêmes. Drames auxquels on peut rajouter ce que l’on a connu au cours des dernières années, incendies gigantesques et tremblements de terre exceptionnels. Ce qui pouvait parfois nous sembler bien loin, car vu derrière l’écran de nos téléviseurs, nous concernera tous très vite et très directement et où que nous soyons.

Et c’est collectivement que nous allons devoir payer la note de ce dérèglement récurrent en devant supporter une hausse probablement spectaculaire des primes d’assurance. Et sur ce sujet précis, l’inflation que d’aucuns prétendent être consécutive au conflit ukrainien, n’y sera réellement pour rien. Il serait temps que les États, à commencer par les plus « évolués », prennent la juste mesure des alertes que nous envoie « mère-nature » et dont nous recevons brutalement les signaux. On évoque régulièrement les efforts qui sont aujourd’hui nécessaires, de la part des citoyens sans doute, de la part des industriels bien évidemment, mais aussi des dirigeants politiques dont les décisions sont à la fois trop timorées et trop incertaines.

Mais les mesures à prendre n’auront bientôt plus l’occasion de pouvoir inverser la tendance. Non ! Ce que l’on ne peut espérer désormais, ce sera, à tout le moins, de légèrement minimiser les effets de bouleversements climatiques désormais considérés par les scientifiques comme irréversibles, hausse des températures, fonte des glaciers, impacts sur les cultures, modification des traits de côte et disparition de régions entières, migration des peuples, etc.

Nous payons le prix fort des excès industriels dus à la consommation outrancière depuis au moins deux siècles des ressources naturelles de la planète, à commencer par celle des énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole, dont la production, et de facto la consommation, ne diminuent pas, bien au contraire, en dépit des mises en garde. Les intérêts financiers et les profits démesurés restent le moteur unique de l’évolution voulue par les décideurs, avant toute prise en compte des considérations environnementales et de l’avenir de la planète. Nous n’en avons pourtant qu’une, dont la frontière extérieure unique est l’atmosphère qui nous donne l’oxygène et le filtre antiradiations indispensables à toute vie.

Il faut y ajouter un sujet que peu de commentateurs prennent en considération, l’impact démesuré des guerres sur notre environnement. Sans faire une liste exhaustive des conflits qui ont éclaté partout dans le monde depuis le XVIIIe siècle, il suffit de citer les plus virulents que nous ayons en mémoire, depuis la 1ère guerre mondiale jusqu’à la guerre en Ukraine et maintenant au Proche-Orient, pour s’inquiéter des quantités d’explosifs et de matières chimiques de toute nature qui polluent désormais les sols européens et méditerranéens.

Pour beaucoup de gens, les guerres, ce sont d’abord des images de combats, des morts, des blessés et des ruines, d’une manière très souvent abstraite, comme dans un film à grand spectacle. Mais, la réalité est toute autre, elle est cette partie inconnue, en qualité et en quantité, de produits chimiques toxiques enfouis et qui demeureront dans les sols durant des siècles. Les victimes collatérales continueront à tomber bien après l’arrêt des hostilités.

Les BRICS

Les pays les plus pauvres ont réagi à l’indifférence perceptible des nations les plus industrialisées et donc les plus polluantes. Depuis des années, les pays non alignés ont voulu s’unir, d’abord semble-t-il pour combattre, sur le plan idéologique, la toute-puissance des plus riches, puis ensuite pour exister au plan économique, et désormais pour se démarquer du point de vue environnemental.

C’est le but que se sont assignés les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), convaincus qu’ils représentent les puissances économiques du XXIe siècle et qu’ils sont entrain de fédérer de nouveaux membres autour de leurs engagements de croissance économique. Il s’agit, selon toute vraisemblance, de l’Iran, de l’Argentine, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis, des pays aux moyens limités pour certains, incommensurables pour d’autres.

Un des marqueurs symboliques de cette audace des BRICS mêlant l’innovation, le numérique, le zéro carbone, la bascule définitive dans l’ère de l’après pétrole, et le dirigisme politique adossé à des moyens financiers quasi sans limites au service de ce qui devient une cause, est le projet de la ville futuriste « HE LINE » initié par l’Arabie Saoudite.

Implantée en plein désert, c’est une mégastructure de 170 km de long sur 200 m de large, entourée de deux murs d’enceinte recouverts de miroirs sensés donner l’effet d’un mirage, une ville futuriste pensée pour accueillir à terme 9 millions d’habitants, qui sans voiture, seront à 20 minutes maximum de tout ce qui leur sera nécessaire. Les membres des BRICS entendent mettre en œuvre une croissance mondiale forte, durable et équilibrée, en s’appuyant sur des réformes structurelles, sur de l’innovation et sur la construction d’une économie ouverte. La croissance est effectivement la voie choisie de leur développement futur.

Le sommet des Trois Bassins

Le sommet des Trois Bassins s’est tenu fin octobre 2023 à Brazzaville, à l’initiative active du Président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso. Les bassins forestiers concernés sont ceux du Congo, de l’Amazonie et de la région d’Asie du Sud-Est comprise entre Bornéo et le fleuve Mékong. De cette répartition ambitieuse répartie sur trois continent, se sont, entre autres, associés à cette immense projet/réflexion le président brésilien Lula Da Silva, et le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.

Le sommet s’est, par ailleurs, enrichi de la participation protectrice mais aussi financière, d’autres chefs d’État africains, comme ceux de la République Centrafricaine, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de la Guinée-Bissau ou des Comores, mais aussi du président français, Emmanuel Macron, et du secrétaire général des Nations unies, António Guterres.

Le but poursuivi par le Président Sassou-Nguesso, tel qu’il l’a développé dans une récente interview, n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait craindre à la lumière des conflits larvés entre la France et divers peuples africains, mais de contribuer de façon volontariste à l’aspiration naturelle des jeunes africains pour la liberté. Les objectifs sont d’aider à l’essor des économies locales afin de contribuer à la stabilité et à la prospérité du continent, de lutter contre l’immigration vers l’Europe, mais également de combattre les influences djihadistes souvent mortifères.

Avec cette démarche autour du projet novateur de Sommet des Trois Bassins récemment initiée par le Président du Congo, [merci Monsieur Sassou-Nguesso], la volonté politique qui s’impose est de créer les conditions de base nécessaire à la création de partenariats économiques et environnementaux entre les pays concernés par ces enjeux. Il s’agit prioritairement de préserver les sous-sols de ces bassins forestiers aux richesses incommensurables et qui abritent notamment les plus grands stocks de carbone et de biodiversité qui soient, et qui sont actuellement confrontés à des défis structurels majeurs.

« Préserver le poumon de la Planète… et nos générations futures »

Nous devons nous mettre en état de nous défendre et pour cela, il nous faut nous constituer un axe de défense solide et partagé, répondre aux dangers qui nous guettent et qui sont de plus en plus présents, se préparer aux catastrophes qui deviennent courantes, récurrentes et auxquelles, finalement, comme pour les guerres, les peuples finissent par s’habituer.

Alors, en guise de conclusion, qu’allons-nous laisser en héritage ! Et lorsqu’on parle d’héritage, la question qui nous touche au plus près, c’est « qu’allons-nous laisser à nos propres enfants ? Un monde dévasté par les guerres et « les éléments naturels », la terre (qui tremble), l’eau (qui nous envahit depuis les mers et les rivières), le feu de volcans, mais surtout celui des incendies monstres et inarrêtables provoqués par les canicules) et l’air (qui nous offre ses orages, ses tempêtes, ses tornades et ses cyclones). Au commencement était la terre ! L’homme s’y est installé ! Mais qu’en a-t-il fait ?

Bernard Chaussegros



Jeudi 16 Novembre 2023

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