Après les frappes US, l’AIEA tire la sonnette d’alarme
L’inquiétude monte d’un cran. Rafael Grossi, patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a lancé un appel urgent à la coopération de l’Iran. Objectif : permettre aux inspecteurs de l’ONU d’accéder immédiatement aux sites nucléaires visés par les frappes américaines de la nuit de samedi à dimanche.
Trois installations stratégiques – Fordo, Ispahan et Natanz – ont été ciblées, alors que l’Iran et Israël sont engagés dans un échange de frappes inédit depuis le 12 juin. Pour Grossi, le risque d’escalade nucléaire n’a jamais été aussi proche.
Les premières images satellites montrent des cratères visibles sur le site de Fordo, enfoui sous une montagne au sud de Téhéran. L’installation abritait notamment des centrifugeuses sensibles, dont certaines servaient à enrichir plus de 400 kilos d’uranium à 60 %, un seuil alarmant selon l’AIEA car proche du niveau requis pour fabriquer une arme nucléaire.
Les frappes ont également touché Ispahan, où des bâtiments liés à la conversion de l’uranium ont été endommagés, ainsi que Natanz, autre centre névralgique du programme nucléaire iranien. Les entrées des tunnels de stockage y auraient été visées. Si aucune hausse de radioactivité n’a encore été détectée en surface, l’étendue réelle des dégâts reste inconnue.
Lors d’une réunion d’urgence à Vienne, puis devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, Grossi a martelé un message clair : les frappes contre des installations nucléaires civiles ne devraient jamais avoir lieu.
Une attaque mal ciblée pourrait provoquer des rejets radioactifs incontrôlables, franchissant les frontières et mettant en danger des millions de personnes. Il a également exprimé sa volonté de se rendre immédiatement en Iran, pour permettre une inspection indépendante.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a, lui aussi, condamné les frappes américaines, redoutant « une guerre régionale incontrôlable ». Il a rappelé que l’intervention de Washington, en soutien à la campagne militaire israélienne contre l’Iran, risquait de briser tout espoir de retour à la diplomatie.
Le bilan humain continue de s’aggraver : 430 morts en Iran, majoritairement civils, depuis le début des frappes israéliennes ; 25 morts et plus de 1.300 blessés en Israël, touchés par les missiles de riposte iraniens.
L’Iran s’est progressivement affranchi de l’accord nucléaire de 2015 depuis son abandon par Donald Trump en 2018. Mais avec ces dernières frappes et l’absence d’inspecteurs internationaux, plus aucun contrôle sérieux n’est possible sur le programme nucléaire iranien.
L’AIEA ne peut plus vérifier ni la quantité exacte d’uranium enrichi, ni les objectifs réels de Téhéran. Et un retrait iranien du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) semble de plus en plus probable.