Depuis plusieurs jours, le conflit latent entre Israël et l’Iran a franchi un nouveau palier, marqué par des échanges de frappes aériennes sans précédent. Les sirènes qui ont retenti plus de trente minutes d’affilée en Israël témoignent d’une intensité inédite, mais aussi d’une situation où la rhétorique de « défense préventive » israélienne masque difficilement une logique d’agression et de provocation régionale. Les impacts recensés à travers le pays, notamment près d’infrastructures stratégiques, sont le résultat d’une spirale de violence dont l’origine et la responsabilité doivent être analysées avec rigueur.

Israël, fort de son soutien occidental et de sa supériorité militaire régionale, multiplie les incursions et frappes ciblées sur le territoire iranien. Les explosions massives signalées à Téhéran et dans ses environs ne sont pas de simples « ripostes » mais s’inscrivent dans une stratégie de pression permanente, visant à affaiblir les capacités de défense iraniennes et à déstabiliser le cœur du pouvoir de la République islamique. En ciblant les centres de commandement des Gardiens de la Révolution (IRGC), Israël cherche à porter un coup décisif à la structure de sécurité iranienne et à envoyer un message de domination régionale.

Face à cette offensive, il est essentiel de rappeler que la doctrine militaire iranienne est avant tout défensive. L’Iran, encerclé par des bases américaines et menacé régulièrement d’interventions, a jusqu’ici fait preuve de retenue, privilégiant la dissuasion et la riposte proportionnée. Les frappes menées sur le sol israélien, bien que spectaculaires, relèvent d’une logique de réponse à l’agression et non d’une volonté d’escalade incontrôlée.

L’attaque iranienne ciblant une infrastructure stratégique dans le sud d’Israël doit être lue comme un avertissement : l’Iran entend montrer sa capacité à répondre, mais sans rechercher la destruction massive ni la confrontation directe avec la population civile. Cette stratégie vise à restaurer l’équilibre de la terreur, à rappeler à Israël que l’ère de l’impunité militaire est révolue, et à défendre la souveraineté nationale iranienne face à une pression internationale croissante.

La réaction iranienne est d’autant plus compréhensible que le droit international consacre le principe de légitime défense face à une attaque armée. Dans ce contexte, l’Iran agit en conformité avec ses obligations et ses droits, tandis qu’Israël, en menant des frappes sur la capitale d’un État souverain, viole ouvertement les principes de la Charte des Nations unies et met en péril la stabilité régionale.

Au-delà de l’affrontement militaire, l’escalade actuelle fait planer une menace d’une gravité inédite sur la sécurité mondiale. Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a lancé un appel solennel contre toute attaque visant des installations nucléaires. Les frappes israéliennes à proximité de sites sensibles en Iran font courir un risque de contamination radioactive susceptible d’affecter des millions de personnes, bien au-delà des frontières du Moyen-Orient.

Cette irresponsabilité stratégique d’Israël, qui joue avec le feu nucléaire, doit être fermement condamnée par la communauté internationale. Le précédent de Tchernobyl ou de Fukushima rappelle qu’une attaque sur une installation nucléaire n’est pas une option militaire comme une autre, mais un acte potentiellement criminel contre l’humanité. L’Iran, de son côté, a jusqu’ici respecté ses engagements en matière de non-prolifération, malgré le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et la pression constante exercée sur son programme civil.

En conclusion, la situation actuelle entre Israël et l’Iran ne saurait être lue à travers le prisme simpliste d’une « guerre de deux camps ». Elle met en lumière l’agressivité croissante d’Israël, qui cherche à imposer son agenda sécuritaire au détriment du droit international, et la posture défensive d’un Iran acculé mais déterminé à préserver sa souveraineté. Face à cette escalade, seule une mobilisation internationale en faveur du respect du droit, de la désescalade et du dialogue pourra éviter une catastrophe régionale aux conséquences mondiales.