Au Maroc, la digitalisation des ressources humaines avance à pas rapides, portée par les ambitions d’efficacité, d’objectivité et de modernisation. Les logiciels de gestion des candidatures, les plateformes d’évaluation automatisée et les outils de surveillance numérique se généralisent dans les banques, les grandes entreprises, les start-up, mais aussi dans certaines administrations publiques. Derrière cette modernisation se cache pourtant une question démocratique fondamentale : qui décide ? Et surtout, sur quelle base ?
Dans ce contexte, il devient impératif d’inscrire dans le futur Code du travail marocain un droit explicite à la transparence algorithmique, applicable à tout salarié, candidat à l’embauche ou travailleur indépendant collaborant avec une entité marocaine publique ou privée. Ce droit consiste à permettre à toute personne concernée par une décision professionnelle prise ou assistée par un outil algorithmique – qu’il s’agisse d’un refus d’embauche, d’une affectation, d’une promotion ou d’une sanction – de connaître les grandes lignes de l’outil utilisé, les critères pris en compte, et la logique générale du traitement opéré.
Cette transparence ne vise pas à dévoiler les secrets industriels des entreprises ni à remettre en cause la propriété intellectuelle des éditeurs de logiciels. Elle vise à garantir que nul ne puisse être jugé, évalué ou classé sans comprendre pourquoi. Dans un pays où l’opacité reste souvent la norme, ce droit serait un levier de responsabilisation des employeurs, mais aussi de dignité pour les travailleurs.
En pratique, cela signifierait que tout employeur utilisant des outils d’intelligence artificielle, de notation automatique ou de filtrage algorithmique devrait informer les représentants des salariés, puis chaque salarié concerné, de l’existence et des grandes règles de fonctionnement de ces outils. Les syndicats, les inspecteurs du travail et les avocats pourraient avoir accès, en cas de litige, aux paramètres explicatifs ou à des résumés intelligibles des systèmes utilisés. Cette exigence s’appliquerait également aux plateformes internationales opérant au Maroc, qui auraient l’obligation de fournir à leurs contributeurs nationaux un minimum de transparence explicative sur les traitements de données, les règles de modération ou de rémunération.
Dans une économie marocaine marquée par des inégalités structurelles, des biais implicites et une forte asymétrie d’information entre employeurs et employés, ce droit serait aussi un instrument de justice sociale. Il éviterait que des décisions critiques soient prises à l’aveugle, sur la base de modèles entraînés ailleurs, dans d’autres langues, d’autres cultures, et souvent porteurs de préjugés invisibles pour nous.
En donnant une visibilité légale à ce droit à l’explication, le Maroc poserait une première pierre dans la régulation éthique de l’IA au travail, tout en se positionnant comme pionnier en Afrique et dans le monde arabe.
Dans ce contexte, il devient impératif d’inscrire dans le futur Code du travail marocain un droit explicite à la transparence algorithmique, applicable à tout salarié, candidat à l’embauche ou travailleur indépendant collaborant avec une entité marocaine publique ou privée. Ce droit consiste à permettre à toute personne concernée par une décision professionnelle prise ou assistée par un outil algorithmique – qu’il s’agisse d’un refus d’embauche, d’une affectation, d’une promotion ou d’une sanction – de connaître les grandes lignes de l’outil utilisé, les critères pris en compte, et la logique générale du traitement opéré.
Cette transparence ne vise pas à dévoiler les secrets industriels des entreprises ni à remettre en cause la propriété intellectuelle des éditeurs de logiciels. Elle vise à garantir que nul ne puisse être jugé, évalué ou classé sans comprendre pourquoi. Dans un pays où l’opacité reste souvent la norme, ce droit serait un levier de responsabilisation des employeurs, mais aussi de dignité pour les travailleurs.
En pratique, cela signifierait que tout employeur utilisant des outils d’intelligence artificielle, de notation automatique ou de filtrage algorithmique devrait informer les représentants des salariés, puis chaque salarié concerné, de l’existence et des grandes règles de fonctionnement de ces outils. Les syndicats, les inspecteurs du travail et les avocats pourraient avoir accès, en cas de litige, aux paramètres explicatifs ou à des résumés intelligibles des systèmes utilisés. Cette exigence s’appliquerait également aux plateformes internationales opérant au Maroc, qui auraient l’obligation de fournir à leurs contributeurs nationaux un minimum de transparence explicative sur les traitements de données, les règles de modération ou de rémunération.
Dans une économie marocaine marquée par des inégalités structurelles, des biais implicites et une forte asymétrie d’information entre employeurs et employés, ce droit serait aussi un instrument de justice sociale. Il éviterait que des décisions critiques soient prises à l’aveugle, sur la base de modèles entraînés ailleurs, dans d’autres langues, d’autres cultures, et souvent porteurs de préjugés invisibles pour nous.
En donnant une visibilité légale à ce droit à l’explication, le Maroc poserait une première pierre dans la régulation éthique de l’IA au travail, tout en se positionnant comme pionnier en Afrique et dans le monde arabe.
Syndicaliste : L’avis de l’avocat du diable
« Très noble intention, ce droit à la transparence. Mais dites-moi : depuis quand ceux qui contrôlent l’algorithme veulent-ils vraiment rendre des comptes ? Même pour une fiche de paie correcte, il faut se battre. Alors imaginez pour obtenir une explication sur une "boîte noire" installée à Dubaï ou codée à San Francisco !
Et puis quelle transparence ? La plupart des salariés n’auront ni les compétences, ni les ressources pour décoder les algorithmes. Ils verront défiler des mots techniques, des coefficients opaques, des probabilités abstraites.
Ce droit risque de devenir une illusion de contrôle. Pire encore, les employeurs peuvent s’en servir pour se déresponsabiliser : ‘Ce n’est pas moi qui vous ai refusé la promotion, c’est le système’.
Alors oui, il faut exiger de la clarté, mais pas au prix d’un nouveau mensonge technologique. La vraie transparence, c’est celle qui redonne du pouvoir réel, pas celle qui assomme de jargon. »
Et puis quelle transparence ? La plupart des salariés n’auront ni les compétences, ni les ressources pour décoder les algorithmes. Ils verront défiler des mots techniques, des coefficients opaques, des probabilités abstraites.
Ce droit risque de devenir une illusion de contrôle. Pire encore, les employeurs peuvent s’en servir pour se déresponsabiliser : ‘Ce n’est pas moi qui vous ai refusé la promotion, c’est le système’.
Alors oui, il faut exiger de la clarté, mais pas au prix d’un nouveau mensonge technologique. La vraie transparence, c’est celle qui redonne du pouvoir réel, pas celle qui assomme de jargon. »