Chercher à se faire peur en regardant un film d’horreur ou en visitant une maison hantée peut sembler paradoxal. Pourtant, le cerveau retire des effets positifs des moments où nous suscitons notre propre frayeur. Mais pourquoi aimons-nous nous faire peur ?

Pourquoi certaines personnes s’exposent-elles délibérément au risque d’avoir peur — avec un film ou un jeu vidéo, par exemple — quand d’autres prendraient leurs jambes à leur cou ? Selon les chercheurs, l’explication repose sur 5 raisons.

Pour mieux comprendre la question, il est important d'examiner d'abord ce que l'on entend par peur. La peur est une émotion ou un sentiment induit par la perception d'un danger ou d'une menace de danger, qui entraîne un changement physiologique et, par la suite, une réponse comportementale (par exemple, la lutte, la fuite ou le gel). Encore une fois, rien dans cette description n'implique l'amusement ou le plaisir, mais elle nous conduit vers un certain nombre d'explications possibles de cette apparente contradiction :
 
Une peur "contrôlée"
 
Lorsque nous avons peur, notre corps se met état d'alerte ; mais notre cerveau est capable de comprendre et d’analyser le danger de ma situation - ainsi, si nous nous trouvons dans un environnement où nous avons une peur "sûre" (par exemple, en regardant un film d'horreur, en visitant une maison hantée ou en jouant à un jeu vidéo effrayant), notre cerveau évalue rapidement la situation et nous dit que nous ne courons aucun risque. Notre corps se calme et beaucoup d'entre nous profitent ensuite de l'expérience. Ainsi, beaucoup d'entre nous recherchent en fait une peur et un suspense "contrôlés", car nous savons que nous sommes en sécurité.
 
Un sentiment d’euphorie
 
Lorsque nous avons peur, nous ressentons une poussée d'adrénaline et une libération d'endorphines et de dopamine. Cette poussée biochimique peut donner lieu à un sentiment d'euphorie, semblable à celui des opioïdes, qui procure du plaisir. En outre, lorsque l'on nous rappelle notre sécurité (c'est-à-dire le filet de sécurité), l'expérience de la peur s'atténue et nous nous retrouvons avec un sentiment gratifiant de soulagement et de bien-être.
 
La satisfaction personnelle
 
Certaines personnes aiment repousser les limites, rechercher des sensations fortes et voir jusqu'où la peur peut être tolérée. Si elles sont capables d'endurer l'anxiété, le suspense la peur, elles éprouvent souvent un grand sentiment de satisfaction personnelle.
 
Le rapprochement avec les autres
 
Étant donné que le fait d'avoir peur libère un flux biochimique qui peut produire un résultat agréable, nous attribuons souvent à tort cette excitation (c'est-à-dire les résultats agréables de la peur) à la personne avec laquelle nous passons ce moment ; autrement dit, si deux personnes se rendent au cinéma pour regarder un film d'horreur,  elles vont s'apprécier davantage après le film en raison du sentiment agréable éprouvé pendant le temps passé ensemble au cinéma - pas nécessairement en raison de la compagnie de l'autre, mais en raison des résultats de la peur.
 
La curiosité
 
De nombreuses personnes sont curieuses de connaître le "côté obscur". La peur de l'inconnu est l'une des peurs les plus naturelles et instinctives que nous avons - et c'est aussi l'une des plus anciennes curiosités. Cependant, une autre notion est que les gens aiment que leur monde ait un sens - ils aiment que les choses soient emballées dans de jolis petits paquets bien rangés. Il est plus facile de s'engager dans notre monde lorsque les choses ont un sens pour nous ; ainsi, certains peuvent choisir de s'engager plus avant dans "l'inconnu" afin de mieux comprendre la situation.