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Quand « LE MONDE » vend son âme et perd son honneur !


Longtemps, le journal « Le Monde » a bénéficié de ma fidèle sympathie. D’autant que j’y fus accueilli en stagiaire dans une autre vie et y signai même quelques papiers. Il y a quelques jours, il s’est fondu d’un éditorial anti-marocain particulièrement exécrable (cf. infra). Aujourd’hui, comme des millions de Français et de francophones, j’assiste en direct à sa lamentable décomposition déontologique.



Par Abdessamad Mouhieddine

Quand « LE MONDE » vend son âme et perd son honneur !
quand___le_monde___vend_son_ame_et_perd_son_honneur_!.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (6.4 Mo)

Décidément, depuis quelques années, le quotidien français Le Monde périclite vertigineusement, notamment au registre de la déontologie. Faute de rendre son âme, le quotidien fondé par Hubert Beuve-Méry le 11 décembre 1944 a préféré la vendre. Il n’est même plus l’ombre de lui-même, puisqu’il semble devenir la lamentable chambre d’écho d’intérêts plus que louches, notamment ceux que défend le Groupe espagnol Prisa qui détient 20% du capital de sa société d’édition.  
 

Sont-ce  – on peut légitimement se poser la question –   ces 20% du capital du Monde détenus par le Groupe espagnol, dûment coté à la Bourse de Madrid, qui ont inspiré l’un des éditoriaux anti-marocains les plus nauséeux que le quotidien français du soir ait jamais commis, y compris du temps où le funeste Paul Balta officiait à Alger sous la dictée du FLN boumedienien ?
 

En effet, le Groupe espagnol Prisa, l’actionnaire major du Monde (20%) et propriétaire notamment de Banco Santander SA, la première banque espagnole, d’El Païs, de AS (second quotidien sportif), de CINCO DIAS (second quotidien économique), de Telefonica, de Canal+ Espagne et d’autres labels médiatiques prestigieux, détient les moyens d’intoxiquer l’opinion espagnole, y compris par rapport à l’image du Maroc en Europe. Comment en douter quand on le voit instrumentaliser honteusement, et de quelle fâcheuse manière ! son titre français dans ce crasseux dessein ?
 

De là à dire que cette affaire sent de plus en plus le gaz algérien, il n’y a qu’un pas que nombre d’observateurs n’ont point hésité à franchir. En effet, depuis 2011, le gazoduc Medgaz relie directement les installations algériennes de Béni Saf au port d’Almeria en Andalousie et 60 % du gaz qui y transite est destiné au marché espagnol. Or, la concession accordée par l’Algérie à l’entreprise espagnole Naturgy expire en octobre 2021, ce qui rend si fébrile nos voisins ibériques. Par ailleurs, Naturgy (qui importe le gaz algérien) est liée à Telefonica (possession du Groupe Prisa, actionnaire major du « Monde ») par une alliance portant le nom de Project Lean (https://www.elconfidencial.com/empresas/2020-01-09/naturgy-alianza-telefonica-ibm-externalizar-areas-operativas_2403763/).

Le monde est petit, n’est-ce pas ? Gaz algérien importé par Naturgy, l’alliée donc du Groupe Prisa (actionnaire à 20% du « Monde »), par filiale (Telefonica) interposée ! On comprend donc mieux l’affolement des Espagnols relayés par leurs fournisseurs algériens.
 

En vérité, je vous le dis, Le Monde n’est plus le quotidien de référence que s’arrachait les intelligentsias, les classes politiques notamment francophones et les chancelleries du monde entier.
 

Il n’est plus le quotidien des grandes signatures que furent Pierre Viansson-Ponté, Jacques Amalric, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, André Fontaine, Edwy Plenel ou même un certain Tahar Ben Jelloun alors rompu à la défense de l’immigration maghrébine en France. 
 

Le Monde n’est plus le journal qui s’était armé d’un courage remarquable pour dénoncer les grands scandales de l’ère Mitterrand (plastiquage du Rainbow Warrior, Affaire des Irlandais de Vincennes, Carrefour du développement, écoutes téléphoniques etc.).
 

Il n’a cessé de dégringoler depuis que furent prises ses rênes, en 1994, par un certain Jean-Marie Colombani, condamné pour diffamation au bénéfice des regrettés Pierre Péan et Philippe Cohen, les auteurs de « La face cachée du Monde » (200.000 exemplaires vendus !), une enquête copieusement documentée qui avait apporté des preuves irréfutables des dérives et des manquements graves aux règles déontologiques du Quotidien.
 

Devrait-on oublier, à l’heure où le président Macron vient de reconnaître l’implication de la France dans le génocide rwandais, le plus apocalyptique de l’après seconde guerre mondiale, que ce journal prétendument « puriste » avait bel et bien entériné cet innommable crime contre l’humanité ? N’était-ce pas cet entérinement qui fut à l’origine de l’indignation d’Edwy Plenel qui quitta promptement Le Monde ?
 

Même Vincent Bolloré et Bernard Arnault furent dégoûtés des mœurs peu « catholiques » du « Monde » métamorphosé en porte-voix d’intérêts peu recommandables ! Ils lui retirèrent alors l’impression sur ses rotatives de leurs titres (Les Echos, Le Journal du Dimanche, Direct Matin…etc.) ! D’ailleurs, avant de rendre l’âme après avoir sauvé le Monde, alors au bord de la faillite, feu Pierre Bergé, qui a tant aimé le Maroc et sa Ville ocre, avait, à maintes reprises, asséné leurs quatre vérités aux responsables de la ligne éditoriale du quotidien, n’hésitant pas à les recadrer le cas échéant en SMS et parfois via des tweets.
 

Né dans la Résistance à l’occupation nazie, longtemps anticolonialiste et véritable porte-voix de cette France issue des Lumières, Le Monde, nous le savions, avait perdu depuis près de trois décennies son âme. Avec son alignement, quasiment mot pour mot, sur la primature et la diplomatie espagnoles, dans son exécrable éditorial sur la ville marocaine spoliée de Sebta, il a perdu à tout jamais son honneur ! Du moins pour le binational que je suis comme, sans le moindre doute, pour l’ensemble du peuple marocain.
 

Ce même peuple au territoire lâchement dépecé par les colonialismes français et espagnol ne s’attendait sûrement pas à voir Le Monde, naguère chantre de l’anticolonialisme, épouser les vues de l’un des derniers bastions colonialistes en Afrique. Le pire est que ce titre, originellement connu pour sa défense des droits humains, n’a, à ma connaissance et à ce jour, pipé mot quant à l’accueil par les autorités espagnoles du sinistre sanguinaire Brahim Ghali alias Ben Battouche !
 

Oui, « Le Monde », déjà vidé de son âme humaniste, a perdu son honneur pour les piètres honneurs sonnants et trébuchants à lui accordés par des lobbies peu recommandables, parce que nostalgiques de l’ère coloniale !


Par Abdessamad Mouhieddine
Source : http://analyz.ma/




Jeudi 3 Juin 2021


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