Cap sur une stratégie nationale
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé devant la Chambre des Conseillers le lancement d’une stratégie nationale de santé mentale et psychique.
Ce chantier, encore en phase d’élaboration, vise à répondre aux besoins croissants de la population en matière de santé psychique, un domaine longtemps négligé.
Cette initiative intervient alors que les troubles mentaux, notamment chez les jeunes, prennent de l’ampleur dans un contexte marqué par l’instabilité économique, les tensions sociales et le manque d’espaces de prise en charge adaptés.
Le ministère entend revoir l’ensemble du cadre juridique et réglementaire relatif à la santé mentale, avec l’élaboration de nouveaux protocoles thérapeutiques pour les troubles jugés prioritaires.
Cette refonte légale devrait permettre une meilleure protection des patients et une harmonisation des pratiques médicales à l’échelle nationale.
Une pénurie de spécialistes toujours problématique
Malgré les efforts du ministère, le manque de ressources humaines spécialisées reste un frein majeur au développement des soins en santé mentale.
En 2025, le Maroc compte 3.230 professionnels spécialisés dans ce domaine : 319 psychiatres dans le secteur public, 274 dans le privé, et seulement 76 pédopsychiatres au total. À cela s’ajoutent 1.700 infirmiers spécialisés, concentrés en grande majorité dans le secteur public.
Pour tenter de combler ce déficit, 123 postes budgétaires ont été créés sur la période 2024-2025, dont 34 pour les psychiatres et 89 pour les infirmiers spécialisés.
Le gouvernement prévoit également d’élargir les capacités de formation, en augmentant le nombre de places pédagogiques dans les instituts de santé.
Une convention-cadre signée en 2022 est en cours de mise en œuvre pour renforcer la recherche scientifique et améliorer la formation des futurs professionnels d’ici 2030.
Le ministère travaille également avec le département de l’Enseignement supérieur pour relancer les commissions régionales de formation pratique, essentielles pour préparer les étudiants aux réalités du terrain.
Vers une meilleure accessibilité des soins
Parallèlement à ces efforts de formation et de recrutement, le ministère s’est engagé à généraliser les services de santé mentale dans les hôpitaux publics.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre du plan stratégique multisectoriel « Santé mentale 2030 », qui prévoit aussi le développement d’unités de consultations psychiatriques externes et la mise en place d’équipes de gestion des crises psychosociales.
Le ministère souhaite également renforcer les services de réhabilitation psychologique et sociale, encore rares au Maroc.
L’objectif est d’assurer un accompagnement global des patients, au-delà du simple traitement médical, en leur permettant de retrouver une place active dans la société.
Avec cette stratégie en cours d’élaboration, le Maroc pose les bases d’une approche plus humaine, plus inclusive et plus efficace en matière de santé mentale. Reste à savoir si les moyens financiers et humains suivront pour concrétiser ces ambitions sur le terrain.