Zelliges au soleil couchant, colonnes blanchies à la chaux et lanternes en cuivre suspendues aux plafonds d’un salon de Rancho Mirage…

On est en Californie, mais on jurerait s’être téléporté quelque part entre Essaouira et Fès.

Et si le rêve américain avait désormais l’accent de Marrakech ?

Construite en 1957 à Thunderbird Heights, quartier chic à mi-chemin entre Palm Springs et Palm Desert, la villa surnommée White Shadows porte bien son nom.

Mélange subtil d’ombre et de lumière, elle est aujourd’hui l’un des plus beaux hommages à l’architecture marocaine… à 10.000 kilomètres du souk le plus proche.

Signée par les architectes Henry Eggers et Walter Willkman, avec l’empreinte du designer TH Robsjohn-Gibbings – connu pour avoir travaillé pour Aristote Onassis – la maison a frôlé l’oubli.

Abandonnée, pillée de ses trésors artisanaux, elle aurait pu finir en ruine stylée. Mais en 2013, un couple de Los Angeles retrouve ses anciens éléments dans un garde-meuble et se lance dans une restauration quasi amoureuse.

Résultat : une villa maroco-californienne à 5,9 millions de dollars, piscine à colonnades incluse.

Alors que la tendance est au slow living et au retour des matières nobles, la renaissance de cette maison tombe à pic.

Bois sculpté en moucharabieh, fontaines apaisantes, bassins réfléchissants, lanternes en cuivre… Chaque recoin respire le Maroc, mais avec une touche Palm Springs, version épurée et luxe discret.

Entre les maisons bohèmes de Joshua Tree et les hôtels design de Santa Barbara, l’esprit marocain séduit.

Pas étonnant : la darija a du swag, les tapis berbères font fondre les hipsters, et même nos babouches trouvent leur chemin sur les défilés new-yorkais.

Au fond, cette villa White Shadows raconte quelque chose de plus grand : un attachement mondial à nos racines esthétiques. Une reconnaissance tardive, mais sincère, de l’intelligence des formes marocaines.

Alors oui, c’est loin. C’est hors de prix. Mais c’est aussi une petite fierté nationale de voir nos paravents, nos robinets forgés et nos ambiances tamisées réenchantées sous le soleil californien.

Et entre deux gorgées d’atas chaud à Casa ou d’un brunch vegan à Venice Beach, on se dit que le Maroc, vraiment, ça a de l’allure.

Et si, finalement, le vrai luxe, c’était le retour aux origines ?