Dr Az-Eddine Bennani
C’est cette IA qui agit au cœur de la création de valeur économique, car elle est directement connectée aux données métiers, aux processus et aux clients. L’IA générative, quant à elle, est aujourd’hui de plus en plus utilisée à titre individuel, en complément des outils bureautiques classiques.
Si l’IA générative est bien comprise et bien maîtrisée, elle constitue un outil puissant d’augmentation des capacités individuelles. Elle facilite la rédaction et la structuration de documents, la synthèse et l’analyse d’informations, la préparation de présentations, l’aide à la réflexion et à la formalisation d’idées ainsi que l’appui à la formation continue. Elle améliore ainsi la productivité individuelle, en cohérence avec les travaux sur le numérique comme amplificateur des capacités humaines. Mais ce gain individuel ne se traduit pas mécaniquement par un gain de productivité organisationnelle. Ce décalage renvoie directement au paradoxe de la productivité mis en évidence par les recherches sur le paradigme numérique.
Même bien comprise et bien maîtrisée, l’IA générative présente aujourd’hui des limites structurelles du point de vue stratégique. Elle est largement accessible, repose sur des modèles standardisés, génère peu de différenciation durable, exploite faiblement les données propres à l’entreprise et reste souvent en périphérie des processus critiques. Elle améliore l’efficacité individuelle et le confort de travail, mais ne constitue pas en soi un levier d’avantage compétitif durable.
Les travaux sur l’alignement stratégique montrent que la création de valeur numérique repose sur la cohérence entre technologie, organisation, processus, données et stratégie. Dans cette perspective, l’IA traditionnelle demeure centrale. Elle permet une exploitation ciblée des données internes, une intégration étroite aux systèmes d’information, une optimisation fine des processus métiers et une amélioration mesurable de la performance et de l’expérience client. C’est cette IA intégrée, souvent discrète, qui transforme réellement l’entreprise.
La lecture stratégique qui s’impose aux entreprises marocaines est claire. L’IA générative, lorsqu’elle est bien comprise et bien maîtrisée, constitue un excellent outil d’augmentation individuelle. La création de valeur durable pour l’entreprise repose prioritairement sur l’IA métier intégrée aux processus et aux données. L’enjeu n’est donc pas de multiplier les usages visibles, mais de structurer une stratégie IA alignée sur la performance, les clients et les systèmes d’information.
Le risque, au Maroc comme ailleurs, est de confondre modernité visible et transformation productive réelle. La valeur économique de l’IA se construit dans les processus, les données et les systèmes, bien plus que dans les usages spectaculaires.












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