Présentée comme l’une des pépites tech de GITEX Africa 2025, WeLearn combine gamification, tracking comportemental et apprentissage personnalisé. Objectif : former plus vite, à moindre coût, dans des métiers manuels pourtant réputés peu compatibles avec le numérique.

Mais derrière l’innovation spectaculaire, le doute persiste : peut-on vraiment apprendre un métier manuel… sans le pratiquer dans le réel ? L’illusion immersive ne remplace ni le poids des matériaux, ni les erreurs de terrain, ni le travail en équipe. Le risque est grand de produire une génération de certifiés… sans pratique.

Et puis, on oublie un détail : le bâtiment est aussi un monde de transmission orale, de gestes hérités, de rapport au corps. Le métavers peut-il intégrer cela ? Ou s’agit-il simplement de reproduire une pédagogie de surface, sans profondeur sociale ?

Et si WeLearn, sous couvert de modernité, était surtout une tentative de réduire le coût humain de la formation ? Le casque VR devient un alibi : pas besoin de formateurs, pas besoin d’ateliers, pas besoin d’accidents. Mais apprendre un métier manuel, ce n’est pas seulement imiter des gestes parfaits en 3D, c’est rater, tomber, recommencer, ressentir la fatigue, comprendre les matériaux, lire les regards d’un chef de chantier. Le métavers simplifie, mais il aseptise. Il coupe le lien avec la réalité brute du travail. Et il transfère le pouvoir pédagogique… à des algorithmes. Sans compter le coût d’équipement, la fracture numérique entre stagiaires ruraux et urbains, et le risque d’un "diplôme virtuel" déconnecté des besoins des entreprises réelles. La tech peut être un outil. Mais elle ne remplacera jamais l’atelier, ni la chaleur d’un métier transmis de main en main.