Quand les milliards rencontrent le terrain : le pari sportif marocain
Le sport, cet art universel qui transcende les frontières et les générations, semble enfin trouver ses lettres de noblesse dans la région Casablanca-Settat. À l’occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, une enveloppe colossale de 6,5 milliards de dirhams a été annoncée pour financer divers projets sportifs dans cette région stratégique du Maroc. Mais derrière cette manne financière, une question demeure : ces investissements traduisent-ils une véritable révolution ou ne sont-ils qu’un artifice de communication ?
La région Casablanca-Settat, poumon économique du Royaume, souffre paradoxalement d’un déficit criant en infrastructures sportives adaptées aux besoins de sa population. Ces 6,5 milliards de dirhams, répartis sur plusieurs années, visent à combler ce retard. Parmi les projets phares figurent la construction de stades modernes, la rénovation de complexes sportifs existants et la création de centres dédiés à la formation des jeunes talents. Une ambition louable, certes, mais qui soulève des interrogations quant à la pérennité des initiatives.
Le sport est souvent présenté comme un levier de développement social, un remède aux maux de la jeunesse, et un outil de cohésion nationale. Cependant, pour que ces projets aient un véritable impact, encore faut-il qu’ils soient accompagnés d’une stratégie claire et inclusive. L’expérience marocaine a montré que l’injection de fonds sans vision à long terme aboutit souvent à des infrastructures sous-utilisées, voire abandonnées.
Un autre défi réside dans la gouvernance de ces projets. La transparence dans l’attribution des marchés, la qualité des travaux réalisés et la gestion des équipements une fois construits seront autant de critères déterminants pour juger du succès de cette initiative. En outre, il est crucial d’impliquer les populations locales dans le processus, afin que ces infrastructures répondent réellement à leurs besoins et aspirations.
Mais il ne suffit pas de construire des stades pour développer une culture sportive. Le véritable enjeu réside dans la formation des jeunes, l’encouragement à la pratique sportive dès le plus jeune âge, et la création d’opportunités pour les talents émergents. À cet égard, le Maroc pourrait s’inspirer de modèles internationaux où le sport est intégré au système éducatif et soutenu par des politiques publiques ambitieuses.
Enfin, il est légitime de se demander si ces investissements ne cachent pas une volonté de redorer l’image d’une région en proie à de nombreux défis sociaux et économiques. Le sport peut être un formidable outil de soft power, mais il ne doit pas devenir un écran de fumée masquant des priorités plus urgentes, telles que l’éducation ou l’emploi.
En définitive, l’annonce de ces 6,5 milliards de dirhams pour le sport dans la région Casablanca-Settat est une initiative porteuse d’espoir. Mais pour qu’elle devienne une véritable révolution, elle devra s’accompagner d’une vision stratégique, d’une gouvernance exemplaire et d’un engagement sincère en faveur du développement humain. Le sport mérite mieux qu’un simple coup médiatique : il doit devenir un pilier du Maroc de demain.