Transmission monétaire : le cœur du débat
On sait que la transmission de la politique monétaire ce pont essentiel entre les décisions de la Banque centrale et les conditions de financement offertes aux entreprises et ménages n'est pas mécanique. À la sortie de la quatrième et dernière réunion trimestrielle de 2025, Abdellatif Jouahri l’a rappelé avec franchise : même lorsqu’il décide des baisses de taux, les banques ne les répercutent pas toujours immédiatement dans les taux débiteurs qu’elles appliquent aux crédits.
Cette réalité n’est pas spécifique à notre Royaume, reconnaît le gouverneur. Cela dit, elle pèse plus lourd ici du fait de la structure particulière du marché du crédit au Maroc, où environ 85 % des encours sont à taux fixe. Cette caractéristique signifie que lorsque Bank Al-Maghrib réduit ses taux directeurs, une large part du parc de crédits existants ne peut être ajustée immédiatement. Les emprunteurs restent donc, pendant un temps notable, à l’écart des bénéfices immédiats des décisions monétaires.
Lors de la précédente phase de hausse des taux, BAM avait déjà appelé les établissements bancaires à adapter leur offre en fonction du risque propre à chaque dossier, plutôt que d’adopter une posture uniforme. Cette approche, jugée plus prudente, avait permis de modérer les effets potentiellement trop abrupts d’une remontée rapide des coûts d’emprunt.
Ligne de crédit et efficacité économique
Ce rendez-vous de janvier ne se limite pas à un simple échange technique. Dans la pratique, les dépassements de lignes de crédit traduisent des situations où les entreprises s’appuient sur des autorisations dépassant leurs capacités de remboursement immédiates. Pour Bank Al-Maghrib, examiner ces cas et leur tarification est une manière de vérifier si la politique monétaire se transmet correctement à l’économie réelle. C’est une question qui va au-delà de la banque elle-même, car elle touche à l’accès au financement et à la compétitivité des entreprises marocaines, notamment dans les secteurs qui cherchent à investir ou à moderniser leurs outils de production.
Certains acteurs économiques, rencontrés récemment, confient que cette problématique pèse particulièrement sur les PME et TPE, dont les marges financières sont plus étroites. Ils attendent de la réunion des pistes concrètes pour que les décisions de politique monétaire qu’elles soient des hausses pour lutter contre l’inflation ou des baisses pour stimuler l’investissement soient efficacement ressenties sur le terrain.
Alors que le Maroc cherche à équilibrer croissance, stabilité des prix et financement productif, cette réunion entre Bank Al-Maghrib et les banques commerciales est un moment charnière. Elle pose une question simple mais décisive : comment faire pour que la politique monétaire ne reste pas un discours des sommets, mais devienne une réalité profitable pour tous les acteurs économiques ? La réponse pourrait bien se dessiner dès janvier.












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