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Dessalement mobile : une révolution pour les zones reculées ?


Rédigé par La rédaction le Mercredi 25 Juin 2025



Dans l’imaginaire collectif, la désalinisation évoque de grandes usines industrielles implantées face à l’océan, pompant l’eau salée à des débits massifs pour alimenter des métropoles assoiffées. Mais une autre réalité, plus discrète et pourtant tout aussi prometteuse, est en train de s’imposer : celle des stations de dessalement mobiles, conçues pour les villages isolés, les zones rurales, et les petites communautés côtières. Le Maroc, qui fait face à un stress hydrique chronique et à une topographie très contrastée, explore désormais cette piste avec un intérêt croissant.

D’après les données du ministère de l’Équipement, le pays entend multiplier par six le nombre de ces unités mobiles, en passant de 40 à 240 stations d’ici 2030. Ces dispositifs, capables de produire entre 360 et 3 600 m³ d’eau potable par jour, représentent une innovation de rupture pour les zones éloignées des grands réseaux. Leur force ? La flexibilité. Montées sur camions ou conteneurs, elles peuvent être déplacées selon les besoins, déployées rapidement en cas de crise, et mises en réseau pour desservir plusieurs localités à tour de rôle.

Leur impact est déjà visible. Des localités comme El Mhirriz, Amegrew, ou Sidi El Ghazi, qui ne comptent parfois que quelques centaines d’habitants, disposent désormais de leur propre unité mobile. Ces villages de pêche ou d’éleveurs, autrefois tributaires de camions-citernes ou de puits salins, peuvent désormais s’approvisionner localement en eau douce. Une avancée majeure, non seulement pour la santé publique, mais aussi pour la dignité des habitants.

Ces stations utilisent majoritairement l’énergie solaire ou l’éolien, notamment dans les provinces du Sud, où les parcs comme ceux d’Akhfennir ou de Foum El Oued alimentent déjà les infrastructures voisines. L’alliance entre mobilité, autonomie énergétique et production d’eau douce permet de désenclaver hydriquement des territoires trop longtemps oubliés.

Mais cette révolution mobile n’est pas sans défis. D’abord, le coût unitaire reste élevé. Chaque station nécessite des investissements en équipements, en maintenance spécialisée, et en personnel qualifié. Ensuite, la capacité de production, bien que adaptée à des petits foyers, ne permet pas de couvrir des usages agricoles ou industriels. Il s’agit avant tout d’un outil d’urgence ou de survie, pas d’un levier de développement massif.

Il y a aussi la question de la logistique de déploiement. Pour que ces stations soient véritablement utiles, encore faut-il qu’elles soient entretenues, monitorées à distance, approvisionnées en pièces détachées, et intégrées dans un plan régional clair. Certaines communes signalent déjà des pannes prolongées ou des difficultés à mobiliser des techniciens formés. L’État devra accompagner ces équipements d’une politique de formation et de gouvernance de proximité.

Malgré ces obstacles, le potentiel des stations mobiles est immense. Elles incarnent une vision de l’eau plus agile, plus égalitaire, plus humaine. Elles permettent de sortir du schéma centralisé des grands barrages et des mégastructures, en apportant des réponses sur mesure aux besoins spécifiques des territoires.

Dans un Maroc où l’injustice hydrique est aussi une injustice territoriale, le dessalement mobile n’est pas qu’une solution technique : c’est un geste politique, un acte de reconnaissance envers ceux qu’on voit souvent sans les entendre.





Mercredi 25 Juin 2025

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