Observer ce système aujourd’hui, c’est comprendre que le Maâlam pensait déjà comme un architecte de systèmes d’information.
C’est à partir de cette continuité que l’intelligence artificielle doit être abordée. Non comme une rupture brutale, encore moins comme un substitut à l’humain, mais comme un prolongement du geste.
Le fil devient donnée. L’aiguille devient algorithme. L’atelier s’étend aux réseaux numériques. Mais les règles fondamentales demeurent : rigueur, patience, responsabilité.
Un algorithme mal conçu fragilise un système, comme un fil mal tendu fragilise un caftan. L’IA n’est ni neutre ni autonome.
Elle porte les choix, les valeurs et les limites de ceux qui la conçoivent. À ce titre, elle doit être pensée avec la même exigence que celle du Maâlam face à son œuvre.
Cette lecture ouvre une réflexion essentielle sur la souveraineté numérique. Protéger ses données aujourd’hui revient à préserver sa mémoire hier.
Confier ses infrastructures sans discernement, c’est accepter que d’autres décident de la forme et du sens de ce que nous produisons.
Le Maâlam ne livrait jamais ses secrets à n’importe qui. Une nation ne devrait pas faire moins.
Le Maroc peut – et doit – penser son avenir numérique comme un caftan sur mesure, et non comme un prêt-à-porter importé.
L’intelligence artificielle n’est ni une fatalité ni une panacée. Elle est une matière, comme le tissu. Elle peut servir à recoudre les fractures, à transmettre autrement, à augmenter l’humain sans l’effacer.
À condition de rester fidèle à une règle simple, transmise de génération en génération dans les ateliers marocains : ne jamais céder la maîtrise.
Entre le Maâlam, le caftan et l’intelligence artificielle, le fil ne s’est jamais rompu. Il attend simplement d’être repris avec discernement.
Par Dr Az-Eddine Bennani












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