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En diplomatie on ne gagne pas on avance


La question du Sahara marocain vient de franchir une étape importante vers sa solution finale, 70 ans après les premières revendications et l’engagement de négociations autour du processus d’indépendance du Maroc. Ce n’est pas une victoire diplomatique, comme on a tendance à la vendre ici et là, mais une avancée sérieuse vers la résolution d’un conflit hérité à la fois des processus de colonisation du 19e siècle, de la décolonisation des années 60 et de la « Guerre froide ». Pour être plus précis, en diplomatie, la victoire d’un camp ne veut pas dire la défaite de l’autre.



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La résolution de la question du Sahara, c’est ôter une épine du pied de plusieurs générations de Maghrébins. En réalité, la proposition d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine est une solution de compromis au service des populations du Sahara. Elle vise à satisfaire à la fois les plus légitimistes d’entre eux, qui resteront marocains, et les indépendantistes sincères, qui se verront octroyer, en cas de victoire électorale, de vastes responsabilités dans la gestion du territoire qu’ils revendiquent.

Le Maroc, dans sa quête de parachèvement de son intégrité territoriale, ne vise pas les richesses du Sahara, qui permettent depuis 50 ans à cette région de prospérer à un rythme souvent supérieur à celui du reste du pays. Ce n’est pas le cas de ceux qui veulent créer un État vassal et profiter d’une ouverture vers l’Atlantique.

Les autres propositions sur la table ne sont pas viables. Celle du référendum a été torpillée dès le début avec la création d’un État fictif, entièrement financé par le régime algérien. Une création en contradiction totale avec le principe, dont ils se revendiquent toute honte bue, de l’autodétermination des peuples. La « RASD » dispose d’un gouvernement, d’ambassades, d’une armée et surtout d’une police, mais en revanche ni de PIB, ni de territoire. Le simulacre de territoire sur lequel sont enfermés 170 000 « Sahraouis », un chiffre qu’il faut prendre avec des pincettes, l’Algérie ayant refusé leur recensement, c’est la région de Tindouf, en territoire algérien.

Celle du partage relève de la même acrobatie intellectuelle, celle de l’abandon du principe de référendum. Cet étendard est juste utile pour mobiliser une partie de la gauche européenne, peu regardante et nostalgique des années hippies. Au sein de cette gauche, il y a encore des militants du verbe, emmurés dans leurs certitudes des révolutions des années 60.

Autre anomalie : le Polisario s’auto-proclame représentant unique du « peuple » sahraoui, une notion qui interpelle. Il est plus juste de parler de populations sahraouies et non de peuple du Sahara. En effet, si le peuple du Sahara doit avoir un État, c’est sur 8 millions de km². C’est illogique de parler de Sahara algérien, tunisien, libyen, égyptien et autres, et de « Sahara occidental ». Le Maroc a droit à sa continuité géographique, d’autant qu’elle correspond à une réalité historique reconnue par la Cour internationale de justice en 1974 : les fameux liens d’allégeance entre les sultans de l’Empire chérifien marocain et les tribus du Sahara. Des liens démontrés sur la seule base des archives conservées par les familles d’anciens dignitaires marocains. L’ouverture des archives françaises et espagnoles, que l’on peut espérer maintenant que la France et l’Espagne ont reconnu nos droits, ne pourra que renforcer cette légitimité historique.

Contrairement à l’Algérie, dont les frontières ont été définies par la puissance coloniale avant l’indépendance, ce n’est pas le FLN qui a conquis le Sahara, mais bien la France coloniale. Le Maroc a dû se battre, militairement et diplomatiquement, pour définir ses frontières. Il l’a fait seul, dès 1944, avec ses intellectuels, ses militants, ses martyrs et le sacrifice de la famille royale. Il était entouré à l’époque de pays hostiles. Ce n’était pas le cas de l’Algérie de la fin des années 50. Bien au contraire, l’armée des frontières était installée au Maroc et en Tunisie.

La revendication du Maroc sur l’ensemble de ses territoires date de 1955. Il a fallu 24 ans pour les récupérer, une récupération par étapes dont la dernière constitue une avancée importante.

Pour rappel, le Maroc a récupéré, après l’annulation des accords de protectorat, Tarfaya et sa région en 1958, Sidi Ifni en 1969, les deux dans le cadre d’un accord avec l’Espagne et sans exigence de référendum d’autodétermination, Sakia El Hamra en 1976, suite à un accord tripartite avec l’Espagne et la Mauritanie, un accord dénoncé par la suite par la Mauritanie, suite à un coup d’État, ce qui a ouvert la voie à la récupération d’Oued Eddahab en 1979.

Le Maroc, soucieux de respecter la légalité internationale, a accepté l’organisation d’un référendum en 1991, une décision injuste s’agissant de territoires marocains. Il s’est trouvé confronté à des obstacles importants lors de la définition du corps électoral. Le Polisario voulait intégrer des non-Sahraouis, originaires du sud algérien, de Mauritanie, du Tchad, du Mali, etc., en revanche il refusait d’intégrer tous ceux qui étaient proposés par le Maroc et qui avaient fui le territoire en 1958, des suites de l’opération Écouvillon, une opération militaire menée conjointement par les armées espagnoles et françaises. C’est ce blocage qui a poussé le Maroc à proposer la solution qui, aujourd’hui, s’impose comme la seule sérieuse et réaliste.

Rien n’est fini pour autant. La prochaine étape concerne la décision du Conseil de sécurité, qui devrait intervenir en octobre prochain. Est-ce qu’elle permettra de faire enfin avancer le dossier vers sa clôture ? personne ne le sait. Le régime algérien, à l’origine de tous les blocages, semble vouloir consacrer toute son énergie diplomatique vers la Russie dans l’espoir d’un veto russe. La tentative de rapprochement avec les USA, et la proposition « avec le ciel comme limite », semble dépassée. Tout l’enjeu diplomatique est là dorénavant. 

Rédigé par Bargach Larbi



Mercredi 16 Avril 2025


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