Quand la Chine devient salle de classe : Quand nos doctorants apprennent l’IA à l’école de Huawei
Du 17 au 27 août, vingt doctorants marocains ont quitté les amphithéâtres de Rabat, Casablanca ou Fès pour plonger dans l’univers high-tech chinois. Ce voyage d’étude n’était pas un simple séminaire académique : il s’agissait d’une immersion complète dans les entrailles d’Huawei et de son écosystème technologique.
Shenzhen et Dongguan, deux villes devenues symboles du futur industriel, ont servi de décor à cette première édition d’un programme de formation qui se veut pionnier. L’objectif affiché : armer nos jeunes chercheurs des compétences clés pour affronter l’ère numérique. Mais derrière la vitrine, plusieurs interrogations demeurent.
Shenzhen et Dongguan, deux villes devenues symboles du futur industriel, ont servi de décor à cette première édition d’un programme de formation qui se veut pionnier. L’objectif affiché : armer nos jeunes chercheurs des compétences clés pour affronter l’ère numérique. Mais derrière la vitrine, plusieurs interrogations demeurent.
Intelligence artificielle : apprentissage accéléré ou rattrapage tardif ?
Durant la première semaine, les doctorants ont découvert de près les dernières architectures en intelligence artificielle. Les conférences ont alterné entre exposés magistraux et démonstrations en conditions réelles, notamment à Longgang Smart City, laboratoire vivant où caméras, capteurs et algorithmes orchestrent la vie urbaine.
« Voir une ville fonctionner grâce aux données, c’est impressionnant… mais cela pose aussi la question de la surveillance permanente », confie un participant sous couvert d’anonymat.
D’un côté, on salue la chance donnée à nos jeunes cerveaux d’accéder à des savoirs de pointe. De l’autre, on ne peut ignorer que ce savoir est filtré, calibré par une multinationale étrangère, avec ses propres priorités industrielles et géopolitiques.
« Voir une ville fonctionner grâce aux données, c’est impressionnant… mais cela pose aussi la question de la surveillance permanente », confie un participant sous couvert d’anonymat.
D’un côté, on salue la chance donnée à nos jeunes cerveaux d’accéder à des savoirs de pointe. De l’autre, on ne peut ignorer que ce savoir est filtré, calibré par une multinationale étrangère, avec ses propres priorités industrielles et géopolitiques.
Le cloud computing : promesse d’efficacité ou perte de souveraineté ?
La deuxième semaine a mis le cloud au centre des débats. Les étudiants ont visité la Huawei Manufacturing Factory, vitrine des chaînes de production automatisées. Le message était clair : sans cloud, plus d’industrie moderne.
Là encore, enthousiasme et prudence se télescopent. Le cloud promet des gains colossaux en efficacité, mais confier ses données à des géants étrangers soulève des inquiétudes sur la souveraineté numérique du Maroc.
Un professeur encadrant l’initiative résume avec justesse : « C’est comme apprendre à conduire une voiture dernier cri… mais dont on ne possède pas encore les clés. »
Là encore, enthousiasme et prudence se télescopent. Le cloud promet des gains colossaux en efficacité, mais confier ses données à des géants étrangers soulève des inquiétudes sur la souveraineté numérique du Maroc.
Un professeur encadrant l’initiative résume avec justesse : « C’est comme apprendre à conduire une voiture dernier cri… mais dont on ne possède pas encore les clés. »
La transformation digitale vue de Pékin : modèle ou mirage ?
Au fil des visites et des échanges, les doctorants ont observé comment la technologie redessine l’industrie, les services, la logistique et même la santé. Des ingénieurs de Huawei leur ont détaillé les cas pratiques déployés à l’échelle mondiale.
Ce bain technologique a eu l’effet d’un électrochoc pour plusieurs participants. « On réalise à quel point nous avons du retard. Chez nous, la transformation digitale reste souvent un slogan, là-bas, c’est une réalité quotidienne », raconte une doctorante en informatique.
Mais faut-il copier ce modèle chinois, fondé sur une centralisation massive des données et une gestion quasi militaire des infrastructures ? Ou plutôt inventer une voie marocaine, adaptée à notre culture et à nos contraintes ? La question reste entière.
Ce bain technologique a eu l’effet d’un électrochoc pour plusieurs participants. « On réalise à quel point nous avons du retard. Chez nous, la transformation digitale reste souvent un slogan, là-bas, c’est une réalité quotidienne », raconte une doctorante en informatique.
Mais faut-il copier ce modèle chinois, fondé sur une centralisation massive des données et une gestion quasi militaire des infrastructures ? Ou plutôt inventer une voie marocaine, adaptée à notre culture et à nos contraintes ? La question reste entière.
L’inquiétude d’un savoir sous dépendance
Derrière l’enthousiasme, une critique monte : pourquoi faut-il attendre qu’un acteur étranger, fût-il partenaire stratégique, prenne l’initiative de former nos chercheurs ?
Certains experts redoutent une « colonisation numérique douce » : en s’immergeant uniquement dans l’écosystème Huawei, nos doctorants risquent d’adopter une vision technologique biaisée. De plus, la dépendance à des solutions propriétaires pourrait enfermer notre pays dans un schéma où l’innovation locale reste secondaire.
Un enseignant de l’Université Hassan II de Casablanca, sceptique, confie : « Former nos élites à l’étranger est positif, mais à condition de ne pas en faire des ambassadeurs involontaires d’un seul modèle technologique. »
Certains experts redoutent une « colonisation numérique douce » : en s’immergeant uniquement dans l’écosystème Huawei, nos doctorants risquent d’adopter une vision technologique biaisée. De plus, la dépendance à des solutions propriétaires pourrait enfermer notre pays dans un schéma où l’innovation locale reste secondaire.
Un enseignant de l’Université Hassan II de Casablanca, sceptique, confie : « Former nos élites à l’étranger est positif, mais à condition de ne pas en faire des ambassadeurs involontaires d’un seul modèle technologique. »
Une opportunité à saisir sans tarder
À l’inverse, d’autres y voient une chance historique. L’accord signé à GITEX Africa 2025 et concrétisé par ce voyage est considéré comme un levier pour l’internationalisation de nos chercheurs.
À l’heure où les grands pays investissent massivement dans l’IA et le cloud, rester en retrait reviendrait à accepter un déclassement technologique. Cette initiative a le mérite de briser le mur de l’isolement et d’exposer nos doctorants aux standards mondiaux.
« Si nous voulons bâtir une économie numérique solide, il faut former nos jeunes à la source. Et aujourd’hui, la source est en Chine autant qu’aux États-Unis ou en Europe », explique un haut cadre du ministère.
À l’heure où les grands pays investissent massivement dans l’IA et le cloud, rester en retrait reviendrait à accepter un déclassement technologique. Cette initiative a le mérite de briser le mur de l’isolement et d’exposer nos doctorants aux standards mondiaux.
« Si nous voulons bâtir une économie numérique solide, il faut former nos jeunes à la source. Et aujourd’hui, la source est en Chine autant qu’aux États-Unis ou en Europe », explique un haut cadre du ministère.
Un pont entre université et industrie ?
Au-delà de la technique, le programme entendait aussi rapprocher deux mondes qui se parlent trop peu au Maroc : l’université et l’entreprise. Les échanges directs avec des chercheurs et ingénieurs de Huawei ont permis aux doctorants de mesurer l’importance des partenariats industrie-recherche.
Cette dimension pratique pourrait inspirer nos universités, encore trop enfermées dans un modèle académique abstrait, parfois déconnecté des besoins réels du marché.
Cette dimension pratique pourrait inspirer nos universités, encore trop enfermées dans un modèle académique abstrait, parfois déconnecté des besoins réels du marché.
Quelles retombées pour le Maroc ?
La grande inconnue reste l’impact concret. Ces vingt doctorants vont-ils transformer leur expérience en projets tangibles au Maroc ? Ou cette immersion restera-t-elle un souvenir prestigieux mais sans suite ?
Tout dépendra de la capacité de nos institutions à capitaliser sur cette dynamique : encadrer les doctorants à leur retour, créer des passerelles avec les start-up locales, financer la recherche appliquée, et surtout éviter que ces talents ne soient happés par des carrières internationales loin du pays.
Tout dépendra de la capacité de nos institutions à capitaliser sur cette dynamique : encadrer les doctorants à leur retour, créer des passerelles avec les start-up locales, financer la recherche appliquée, et surtout éviter que ces talents ne soient happés par des carrières internationales loin du pays.
Opportunité ou dépendance ?
Cette initiative révèle à la fois notre soif de rattraper le train technologique et notre vulnérabilité face aux géants mondiaux.
La formation en Chine n’est ni une panacée ni un piège inévitable : elle est une étape. Reste à savoir si le Maroc saura transformer ce cadeau technologique en moteur de souveraineté numérique, ou si nos chercheurs reviendront avec des valises pleines de rêves… mais sans clés pour les réaliser.
La formation en Chine n’est ni une panacée ni un piège inévitable : elle est une étape. Reste à savoir si le Maroc saura transformer ce cadeau technologique en moteur de souveraineté numérique, ou si nos chercheurs reviendront avec des valises pleines de rêves… mais sans clés pour les réaliser.












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