La place parisienne, ce jour-là, résonnait d’accents mêlés, de drapeaux au vent, de slogans pensés pour traverser la distance. GenZ 212, mot de passe générationnel, a fédéré une diaspora qui refuse la neutralité confortable du lointain. Ils sont nés à Casablanca, Rabat, Tanger, ou en banlieue parisienne, et ils portent une même obsession: conjuguer l’amour du pays avec l’exigence de le voir grandir politiquement.

La manifestation fut un théâtre de signes: pancartes sobres, mots choisis, aucun folklore inutile. On y parlait de séparation des pouvoirs, de transparence, de représentativité, de dignité. À travers les visages, des parcours d’études et de travail, des vies qui ont appris l’engagement au contact d’autres villes, d’autres systèmes, et qui, aujourd’hui, retournent vers le Maroc un regard fraternel, parfois critique, toujours habité d’espoir.

Ce que la diaspora apporte est peut-être ce qui manque souvent aux débats domestiques: un souffle comparatif, la patience des processus, la persévérance des causes. Les manifestants ne fantasment pas l’ailleurs, ils l’utilisent comme outil de mesure. Ils savent que les réformes se tissent sur la durée, mais que le temps politique n’excuse ni l’opacité, ni l’inaction. GenZ 212 devient alors une bannière plus large: celle d’une génération connectée, qui refuse les clivages stériles et propose des passerelles entre militants, experts et institutions.

Paris n’est pas le centre du monde marocain, mais il en est un haut-parleur occasionnel.

Lorsque des voix s’y élèvent, elles ne réclament pas la rupture, mais la maturation. Elles demandent que l’aspiration démocratique soit traitée non comme une menace, mais comme un capital: une énergie citoyenne à canaliser, à écouter, à transformer en politiques publiques concrètes. La diaspora, en somme, n’ambitionne pas de remplacer: elle souhaite relier.