Sur le papier, tout semble logique. En remplaçant les longues files d’attente et les dossiers papiers poussiéreux par une carte connectée, l’État marocain veut symboliser son tournant inclusif. Il s’agit d’assurer plus de fluidité, plus de transparence, et, dit-on, plus de dignité pour les personnes en situation de handicap.
Mais dans la réalité, cette innovation soulève des questions sensibles. À partir de quel moment l’efficience devient-elle surveillance ? Qui accède à ces données ? Comment sont-elles sécurisées ? Et surtout : à défaut d’infrastructures accessibles ou d’emplois adaptés, la carte numérique n’est-elle qu’un faux-semblant technologique ?
Le risque est grand de confondre inclusion et identification. Et de transformer une promesse d’accès en un système de tri social algorithmique.
👹 L’avocat du diable : Une carte pour cacher la panne ?
Et si cette carte numérique n’était qu’un miroir numérique aux alouettes ? Une belle interface pour masquer l’absence de politiques d’accessibilité sur le terrain. Car une carte QR ne construit pas de rampes. Elle ne remplace pas une école adaptée, un ascenseur fonctionnel, un accompagnateur formé. En prétendant digitaliser l’inclusion, on peut aussi externaliser le problème. Le danger ? Que cette carte devienne un justificatif, un laisser-passer… ou un filtre. On l’utilisera pour comptabiliser les personnes concernées, sans jamais repenser l’environnement qui les exclut. Le numérique peut faciliter la vie des citoyens fragiles. Mais s’il devient un outil de tri ou une illusion de progrès sans réalité sociale, alors on n’aura rien inclus. On aura juste codé notre inaction .












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