Il n’y a pas si longtemps, les informaticiens marocains faisaient figure de stars montantes dans l’économie numérique. Chassés, courtisés, expatriés, ils étaient l’élite discrète que s’arrachaient les centres de services internationaux, les géants de l’outsourcing et même les startups en quête de talents. Leurs profils pointus, leur adaptabilité et leur maîtrise des outils informatiques en faisaient des piliers de la transformation digitale du pays. Mais aujourd’hui, le rêve a viré à l’ombre. Et ce sont ces mêmes informaticiens qui, dans un silence quasi gêné, se retrouvent licenciés. Par dizaines. Chez Dell Maroc, notamment.
La filiale marocaine du géant américain Dell Technologies, autrefois modèle de réussite à Casablanca avec plus de 1900 employés, vient d’initier une vague de licenciements. Un plan social discret mais massif. L’ironie du sort, c’est que cette réduction des effectifs survient non pas à cause d’une crise, mais au nom d’un repositionnement stratégique : l’intelligence artificielle.
La nouvelle frontière technologique… et la nouvelle menace
Alors que Dell annonce dans le monde la suppression de plus de douze mille postes, dont six mille cinq cent dès le début de 2025, l’explication est simple : il faut se réinventer à l’ère de l’IA. Ce que la direction présente comme une avancée stratégique se traduit, dans les faits, par des licenciements ciblés : les fonctions commerciales, le support client, la gestion de projet, l’administration IT. Bref, les cœurs de métier traditionnels de milliers d’informaticiens marocains formés depuis deux décennies.
À Casablanca, environ quinze postes sont supprimés chaque mois pour respecter les contraintes juridiques marocaines en matière de licenciement collectif. Le résultat ? Une érosion progressive mais inéluctable du capital humain, avec près de deux cents suppressions de postes prévues en une année. Des salariés ayant parfois plus de quinze ans d’ancienneté, ayant accompagné l’essor de Dell Maroc, se voient remerciés sans perspectives claires de reclassement.
Une transformation subie, un silence institutionnel
Ce séisme silencieux dans l’un des fleurons du numérique marocain illustre une réalité plus large : l’accélération technologique rebat les cartes du marché de l’emploi. L’intelligence artificielle générative, les systèmes autonomes, les plateformes de service intelligent réduisent mécaniquement le besoin d’intermédiaires humains. Le support devient automatisé, les tâches répétitives sont déléguées à des agents conversationnels, les systèmes de maintenance prédictive remplacent les interventions techniques classiques. L’humain devient... superflu.
Pourtant, très peu de voix s’élèvent. Ni la direction marocaine de Dell, ni les représentants institutionnels ne s’expriment clairement sur la situation. Ce mutisme contraste avec l’ampleur du choc social vécu en interne, où l’on parle d’un climat anxiogène, de perte de repères, et d’une transition vécue comme brutale. Le malaise est d’autant plus grand que le Maroc peine encore à requalifier ses talents IT pour les nouveaux besoins de l’IA, du cloud avancé ou de la cybersécurité de nouvelle génération.
Un modèle à réinventer, de toute urgence
Au-delà du cas Dell, c’est tout un modèle économique fondé sur l’outsourcing et la sous-traitance qui vacille. Si le Maroc ne forme pas, n’anticipe pas, ne soutient pas massivement la montée en compétence vers les technologies de demain, il risque de se retrouver avec une génération d’informaticiens à l’ancienne... laissés pour compte.
Hier encore, on saluait leur rôle dans la modernisation des banques, des télécoms, de l’administration. Aujourd’hui, ils tombent les uns après les autres, sacrifiés sur l’autel de l’IA. Non pas parce qu’ils sont devenus inutiles, mais parce que le monde va plus vite que les dispositifs d’accompagnement à la transition.
La filiale marocaine du géant américain Dell Technologies, autrefois modèle de réussite à Casablanca avec plus de 1900 employés, vient d’initier une vague de licenciements. Un plan social discret mais massif. L’ironie du sort, c’est que cette réduction des effectifs survient non pas à cause d’une crise, mais au nom d’un repositionnement stratégique : l’intelligence artificielle.
La nouvelle frontière technologique… et la nouvelle menace
Alors que Dell annonce dans le monde la suppression de plus de douze mille postes, dont six mille cinq cent dès le début de 2025, l’explication est simple : il faut se réinventer à l’ère de l’IA. Ce que la direction présente comme une avancée stratégique se traduit, dans les faits, par des licenciements ciblés : les fonctions commerciales, le support client, la gestion de projet, l’administration IT. Bref, les cœurs de métier traditionnels de milliers d’informaticiens marocains formés depuis deux décennies.
À Casablanca, environ quinze postes sont supprimés chaque mois pour respecter les contraintes juridiques marocaines en matière de licenciement collectif. Le résultat ? Une érosion progressive mais inéluctable du capital humain, avec près de deux cents suppressions de postes prévues en une année. Des salariés ayant parfois plus de quinze ans d’ancienneté, ayant accompagné l’essor de Dell Maroc, se voient remerciés sans perspectives claires de reclassement.
Une transformation subie, un silence institutionnel
Ce séisme silencieux dans l’un des fleurons du numérique marocain illustre une réalité plus large : l’accélération technologique rebat les cartes du marché de l’emploi. L’intelligence artificielle générative, les systèmes autonomes, les plateformes de service intelligent réduisent mécaniquement le besoin d’intermédiaires humains. Le support devient automatisé, les tâches répétitives sont déléguées à des agents conversationnels, les systèmes de maintenance prédictive remplacent les interventions techniques classiques. L’humain devient... superflu.
Pourtant, très peu de voix s’élèvent. Ni la direction marocaine de Dell, ni les représentants institutionnels ne s’expriment clairement sur la situation. Ce mutisme contraste avec l’ampleur du choc social vécu en interne, où l’on parle d’un climat anxiogène, de perte de repères, et d’une transition vécue comme brutale. Le malaise est d’autant plus grand que le Maroc peine encore à requalifier ses talents IT pour les nouveaux besoins de l’IA, du cloud avancé ou de la cybersécurité de nouvelle génération.
Un modèle à réinventer, de toute urgence
Au-delà du cas Dell, c’est tout un modèle économique fondé sur l’outsourcing et la sous-traitance qui vacille. Si le Maroc ne forme pas, n’anticipe pas, ne soutient pas massivement la montée en compétence vers les technologies de demain, il risque de se retrouver avec une génération d’informaticiens à l’ancienne... laissés pour compte.
Hier encore, on saluait leur rôle dans la modernisation des banques, des télécoms, de l’administration. Aujourd’hui, ils tombent les uns après les autres, sacrifiés sur l’autel de l’IA. Non pas parce qu’ils sont devenus inutiles, mais parce que le monde va plus vite que les dispositifs d’accompagnement à la transition.
Fallait-il s’y attendre ?
L’intelligence artificielle ne fait que mettre en lumière un retard d’anticipation. Depuis des années, on survalorise les métiers techniques sans préparer leurs évolutions futures. La révolution IA n’est pas responsable de cette crise ; elle l’accélère. Le vrai drame, c’est d’avoir cru que le numérique pouvait offrir une rente éternelle aux informaticiens sans investir dans la montée en gamme. L’avenir ne sera pas sans eux, mais certainement sans ceux qui n’auront pas été requalifiés.












L'accueil

















