Oui, j’accuse.
Oui, j’accuse ceux qui ont fait de l’IA leur assistante docile, leur collaboratrice de luxe, leur muse automatique, de retourner ensuite cette arme, car c’en est une contre ceux qui l’ignore encore pour l'instant par instinct de survie. Et surtout contre ceux qui, par peur d’être devancés, sont réduits au silence, à la disqualification, à la moquerie.
Sous couvert de rigueur, d’éthique ou de “bon usage”, ces nouveaux chevaliers blancs de la technologie prennent bien soin de ne jamais poser la seule vraie question : à qui profite vraiment cette automatisation ? Qui a les clés du système ? Qui a la bande-passante, le bon prompt, les crédits, l’anglais fluide et la culture API-friendly ?
L’hypocrisie est totale chez ceux qui dénoncent aujourd’hui les mauvais usages de l’intelligence artificielle ne sont pas tant préoccupés par l’éthique que par leur propre position sur l’échiquier. Ils n’attaquent pas l’outil, ils attaquent ceux qui s’en servent parce qu’ils pourraient les concurrencer, les dépasser, voire… les remplacer.
Encore une fois, comme toujours, c’est une lutte pour le pouvoir.
Avant, on opposait ouvriers et patrons. Puis cols bleus contre cols blancs. Puis diplômés contre autodidactes.
Aujourd’hui, ce sont les “natifs IA” contre les “prolétaires digitaux”, ceux qui tâtonnent, qui testent, qui apprennent en ligne, qui créent sans diplôme, sans validation, sans signature universitaire. Des artisans du futur sans les galons, mais avec la rage de comprendre.
Et que leur oppose-t-on ? Le mépris.
"Tu ne sais pas coder ? Retourne à tes brouillons."
"Tu prompts avec ChatGPT ? Ce n’est pas de la vraie créativité."
"Tu fais des vidéos avec Heygen ? Tu n’es pas un vrai animateur."
"Tu gagnes de l’argent avec Suno ou Midjourney ? C’est du vol."
Non, ce n’est pas du vol. C’est de l’adaptation. C’est de la survie. C’est de la ruse au sens noble, celle qui a toujours animé les opprimés dans leur lutte pour exister dans un système biaisé.
Alors oui, j’accuse.
J’accuse ces élites numériques d’avoir transformé l’intelligence artificielle en barrière de classe.
J’accuse ces commentateurs technophiles de saboter la démocratisation de l’IA pour préserver leur zone de confort intellectuel.
J’accuse ces experts d’aujourd’hui de pratiquer, sans le dire, un darwinisme social déguisé en “veille éthique”.
Et j’annonce ceci : la vraie révolution de l’IA ne sera ni éthique, ni technique, ni académique. Elle sera sociale. Et ceux qui en seront les artisans ne viendront pas tous des grandes écoles. Ils viendront des marges. Des oubliés.
Des autodidactes. Des créateurs invisibles qui auront compris que l’IA, c’est un levier, pas une religion.
L’histoire ne se répète pas. Elle se met à jour.
Version 4.0.
Version insoumise.
Version libre.
Et vous, vous êtes dans quelle classe ?