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Kissinger vs Soros : la vieillesse n’est pas synonyme de sagesse pour tous


Rédigé par le Vendredi 27 Mai 2022

L’ordre international fondé sur des règles dictées par l’Occident disparaît dans le trou noir ukrainien, au grand dam de l’élite mondialiste.



George Soros, le célèbre spéculateur américain d’origine hongroise âgé de 92 ans, financier des révolutions de couleur à ses heures perdues, a littéralement pété les plombs lors de la 22ème édition du forum de Davos.

Frustré de voir la Russie proche de neutraliser militairement l’Ukraine, d’absorber ses oblasts Est et Sud et de s’être montrée résiliente face à la guerre économique qui lui a été déclarée par l’Occident, le milliardaire américano-hongrois n’a pas caché son dépit.

« L’invasion de l’Ukraine est maintenant entrée dans une nouvelle phase qui est beaucoup plus difficile pour l’armée ukrainienne.

Ils doivent combattre en terrain découvert où la supériorité numérique de l’armée russe est plus difficile à vaincre », s’est-il lamenté.

Tiens donc ! L’armée russe ne serait-elle plus en train de se faire tailler des croupières par la brave armée ukrainienne, dotée des systèmes d’armement les plus sophistiqués produits par les pays de l’Otan, comme n’ont pas arrêté de le répéter les médias occidentaux ?

Du déni à l’acceptation, en passant par la dépression

L’« évacuation » vers les camps de détention russes des derniers assiégés de l’usine Azovstal, à Marioupol, ceux-là même qui avaient promis de se battre jusqu’à la mort contre les ‘Ruskoffs’, doit être pour beaucoup dans désillusion, maintenant affichée, d’une partie de l’élite occidentale.

La prise de Popasna, dans le Donbass, par les troupes russes, marquant la rupture de la ligne de front ukrainienne, un développement stratégique majeur, pourtant peu mis en valeur par les médias occidentaux, a convaincu tous les observateurs impartiaux du conflit russo-ukrainien que la partie était finie pour Kiev.

Ce vieux renard de la géopolitique qu’est Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’Etat américain d’origine allemande promoteur de la « realpolitik », parfaitement conscient de la déconfiture de l’armée de l’Ukraine, est allé encore plus loin à ce sujet.

«  L’Ukraine doit céder certaines terres à la Russie », a-t-il déclaré de manière abrupt lors du même World Economic Forum de Davos, et ce pour mettre fin au supplice de sa population.

Réaliste, Kissinger a reconnu que « la situation appropriée pour l’Ukraine est la neutralité, afin de servir comme pont entre la Russie et l’Europe ».

De l’illusion à la réalité

En termes simples, l’Occident a tenté d’embourber la Russie en Ukraine, dans une sorte d’Afghanistan-bis, le temps que la politique des sanctions prises à son encontre suscite une grave crise socioéconomique et politique et entraîne la chute tant souhaitée du régime de Poutine.

Après quoi, aurait été entamé le démantèlement du système de défense de la Russie, la privatisation de ses actifs publics et le pillage de ses ressources naturelles, comme du temps béni par les Occidentaux du président alcoolique Boris Eltsine.

Le problème pour l’Occident, c’est qu’aucun de ces plans n’a fonctionné.

La Russie souffre bel et bien des sanctions prises à son encontre, ne serait-ce qu’en termes de rupture de chaînes d’approvisionnement dues au retrait d’entreprises occidentales de son marché.

Mais la situation socioéconomique est loin d’être tendue au point de provoquer une instabilité politique et sécuritaire.

Sainte Mère Russie

Moscou se plaît ainsi à afficher une cotation du rouble, par rapport à l’euro et au dollar, meilleure qu’avant guerre et un excédent commercial à donner la jaunisse aux décideurs à Washington.

Bien au contraire, la cote de popularité du président Poutine est à son zénith et les Russes, habitués à se serrer la ceinture dans les temps difficiles, sont prêts à tous les sacrifices pour défendre la Sainte Mère Russie contre ce qu’ils perçoivent comme une nouvelle attaque de l’Occident contre leur pays, cible de multiples tentatives d'invasion venant de l'Ouest, des Chevaliers teutoniques à Hitler, en passant par Charles XII, roi de Suède, et l'empereur français Napoléon.

Si même le communiste athée Josèphe Staline avait su mobiliser l’église orthodoxe, après l’avoir pourtant longtemps et sauvagement opprimée, dans la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie, ce n’est pas le baptisé Vladimir Poutine qui va manquer d’aligner en rangs serrés contre l’Otan un peuple russe qui redécouvre ses valeurs traditionnelles et se remémore ses ennemis historiques.

Et ce au moment ou, par contre, les leaders des pays occidentaux affrontent chez eux une réelle grogne sociale et craignent de plus en plus un « printemps européen » provoqué par l’hyperinflation.

« Civilisation » en détresse

Mais l’ambition hégémonique de l’élite mondialiste semble trop grande pour accepter aussi facilement la défaite militaire de l’Ukraine face à la Russie.

« Notre civilisation peut ne pas y survivre », s’effraie Soros, dont la fondation, « Open Society », a beaucoup investi dans la « révolution » de Maïdan, en 2014.

Selon le spéculateur américano-hongrois, dont les Ong ont été chassées de Russie, « la meilleure et seule façon de préserver notre civilisation, c’est de vaincre Poutine dès que possible ».

Il n’a toutefois pas indiqué combien de ses fils avait-il l’intention d’envoyer se battre contre les soldats russes pour sauver la « civilisation ».

Le hic, c’est que cette « civilisation » dont parle Soros est plutôt perçue, dans les pays du Sud, sous l’angle des violents changements de régime fomentés par les pays occidentaux, des guerres cruelles qu’ils mènent dans l’hémisphère Sud pour la « promotion de la démocratie » et autres conflits de basse intensité qu’ils y suscitent par proxys interposés.

L’holocauste de l’Ukraine

Le désespoir de Soros est d’autant plus grand qu’il voit bien que les « sociétés ouvertes » occidentales, parties en croisade pour imposer un ordre international fondé sur des règles à géométrie variable, peiner à convaincre les « sociétés fermées » du Sud du bien fondé de leur stratégie contre la Russie.

En fin de compte, tout le monde se moque du sort l’Ukraine. Pour l’Occident, ce pays d’Europe orientale n’a de valeur qu’en tant que caillou dans la chaussure de Poutine.

Si la Russie parvient à arracher militairement l’Est de l’Ukraine, la Pologne va en profiter pour avaler la Galicie, ou elle compte déjà envoyer des troupes de « protection », pendant que la Hongrie lorgne du côté de la Transcarpatie.

Kiev n’aura plus que ses yeux pour pleurer la réduction de l’Ukraine à sa taille d’origine, quand elle a été brièvement été indépendante, de 1918 à 1922.

Le cauchemar de l'axe Moscou-Pékin

Fidèle à sa réputation de Machiavel accompli, Kissinger essaye de préparer l’acceptation de la défaite de l’Occident dans sa confrontation contre la Russie par un discours enjolivant.

« Moscou faisait partie essentielle de l’Europe depuis 400 ans et a été le garant de l’équilibre des pouvoirs en Europe dans des moments critiques », explique l’architecte du rapprochement américano-chinois du temps de la présidence Nixon.

Car il s’agit de « ne pas pousser la Russie à entrer dans une alliance permanente avec la Chine », ajoute-t-il, jouant cette fois Moscou contre Pékin.

Bien entendu, la dernière ambition du géopoliticien de 99 ans est une chimère, l’alliance stratégique entre la Russie et la Chine étant déjà une réalité.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 27 Mai 2022

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