« Le domaine de l’art au Maroc n’est pas structuré »
Une structure artistique fragile
La galerie, le musée, la critique d’art et l’ensemble des acteurs de la production et de la réception constituent la structure du champ artistique, qu’il soit marocain ou international. Or, malgré un passé artistique riche, cette structure demeure fragile, marquée par des logiques de clientélisme et de monopole. Ainsi, le marché reste dominé par quelques grands artistes et par des œuvres historiques dont les auteurs sont aujourd’hui disparus.
Cette fragilité pousse de nombreux jeunes artistes diplômés à dépendre essentiellement du soutien d’institutions étrangères, comme l’Institut français, la Fondation Friedrich Naumann ou la Fondation Heinrich Böll, mais aussi d’organismes marocains spécialisés comme la Fondation Hiba. Quant à l’appui du ministère de tutelle, il demeure limité : en 2024, le budget alloué à la culture ne dépassait pas 0,31 % du budget général de l’État. Sur les 40 artistes ayant répondu à mon questionnaire de recherche, 83 % (toutes générations confondues) se sont déclarés insatisfaits des politiques culturelles dans le domaine des arts plastiques et visuels au Maroc.
L’artiste comme étranger dans son propre champ
Beaucoup de participants ont également relevé les différences profondes entre le traitement offert par les institutions étrangères et celui des institutions marocaines en matière de soutien, d’expositions ou de résidences artistiques. Les problèmes de communication avec la Direction de la culture ont été maintes fois évoqués : absence de réponse aux e-mails, silence au téléphone. Plusieurs diplômés de l’Institut national des beaux-arts de Tétouan ont souligné que le ministère devrait leur délivrer automatiquement la carte d’artiste à l’issue de leur formation. Leur exclusion de ce dispositif les prive fréquemment de résidences ou d’expositions à l’étranger, alors que ce document leur faciliterait l’obtention d’un visa.
Une trajectoire contrainte vers l’exil
Aujourd’hui, les étudiants en art s’orientent de plus en plus vers l’art contemporain et tentent de s’insérer dans le marché mondial grâce à quelques initiatives institutionnelles qui commencent à émerger. Toutefois, ces efforts restent limités dans un contexte d’austérité gouvernementale qui affecte tout autant la culture que l’éducation, ainsi que d’autres secteurs vitaux.












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