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La dégringolade de la France en Afrique


Rédigé par le Vendredi 27 Janvier 2023

La France est de moins en moins en odeur de sainteté en Afrique. L’influence grandissante de la Russie dans le continent est pointée du doigt par les médias français. Paris ne semble nullement disposée à remettre en cause sa politique africaine.



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Les autorités burkinabaises ont demandé aux forces françaises présentes sur leur territoire de quitter le pays dans un délai d’un mois.

Après le retrait des troupes françaises de la République Centrafricaine, en 2021, du Mali, en 2022, c’est le troisième pays d’Afrique ou leur présence n’est plus désirée.

Pour Ouagadougou, les 400 soldats des forces spéciales françaises, présents au Burkina Faso depuis plus de 22 ans dans le cadre de l’opération « Sabre », n’ont pas été d’un grand secours face aux attaques terroristes qui ciblent ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 2015.

C’est le même motif invoqué par les autorités maliennes. Si l’opération « Serval », déclenchée début 2013, a permis de stopper la progression des groupes armés jihadistes vers la capitale, Bamako, l’opération « Barkhane », qui lui a succédé pendant l’été 2014, n’a pas réussi à sécuriser définitivement le Nord du Mali.

L’alternative Wagner

A chaque départ des forces françaises, ce sont les mercenaires de la société russe « Wagner » qui viennent occuper le terrain perdu.

Les dirigeants du Burkina Faso, issu du coup d’Etat du 30 septembre 2022, le deuxième du genre en 8 mois, n’ont pas fait appel, jusqu’à présent, aux mercenaires de Wagner. Ce qui pourrait fort bien ne pas du tout arriver.

D’abord parce que les combattants de la société Wagner sont, actuellement, très occupé à affronter les soldats de l’armée ukrainienne et autres « volontaires » en provenance de pays occidentaux, sur les champs de bataille en Ukraine.

Mais aussi en raison de la grande susceptibilité nationaliste des Burkinabais, peu enclins à voir des combattants étrangers déambuler dans leur pays. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, qu’Ouagadougou et Moscou ne vont pas chercher à développer une coopération dans le domaine militaire.

La soif d’or

Le Burkina Faso est un pays producteur d’or, quelques 70 tonnes par an, un métal précieux très recherché par la Russie, sur lequel s’appuie la valeur du rouble, en réaction aux sanctions occidentales.

N’ayant pas les moyens de payer les mercenaires de Wagner, les dirigeants de la Centrafrique ont accordé à une société russe une concession pour l’exploitation de la mine aurifère de Ndassima. Un mode de paiement similaire peut, donc, être adopté par Ouagadougou pour bénéficier d’un soutien militaire russe sous forme de livraison d’armes et de formation des troupes.

La coopération militaire avec la France semble de moins en moins rassurante et convaincante pour un nombre croissant de pays africains. Le rejet de la présence des soldats français sur le continent est également prégnant auprès des opinions publiques africaines.

Paris feint de ne pas comprendre ce changement de perception, allant jusqu’à accuser Moscou d’en être la cause. Le fait que la situation en Afrique ait évoluée, sans que la France sache s’y adapter, et que la Russie ne fait que profiter d’une telle opportunité, paraît difficile à admettre pour les dirigeants français.

La Françafrique mourante

Malgré ces retraits successifs, la présence militaire française va demeurer assez importante en Afrique de l’Ouest. Plus de 2.000 soldats français restent déployés au Niger et au Tchad.

Paris estime que la présence de ses soldats sur le continent noir doit se faire, désormais, plus discrète. Il n’est pas certain que les opinions publiques africaines, lassées de la Françafrique, du franc cfa et des donneurs de leçons de démocratie et des droits de l’homme s’en contentent.

Les Africains vont-ils se libérer de l’emprise française pour tomber sous celle de la Russie ? Le recul de la popularité de la Chine sur le continent, en raison d’une politique d’endettement qui tend vers la mainmise sur les richesses minières, laisse penser que les Africains ne croient plus au sauveur providentiel.

Tout en sachant qu’il y a toujours un prix à payer pour l’obtention de l’appui militaire et économique étranger dont ils ont besoin, les Africains tiennent de plus en plus à affirmer leur souveraineté et jouent, du mieux qu’ils peuvent, des antagonismes entre les grandes puissances mondiales.

Ce n’est peut être pas la fin définitive de la présence française en Afrique, mais le début en est bien entamé. 





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 27 Janvier 2023

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