Des figures de l’ombre qui rompent le silence
Ils ont dirigé les arcanes les plus opaques de l’État hébreu, planifié l’ombre et mené la guerre en silence. Génie du renseignement, loyauté de fer : leur serment allait à la sécurité d’Israël. Aujourd’hui, ils se dressent contre lui.
Plus de 550 anciens hauts responsables parmi lesquels des généraux, des chefs du Mossad et du Shin Bet, des pilotes de chasse et des diplomates aguerris brisent le silence dans un geste rare, presque impensable. Dans une lettre ouverte adressée non pas à Benyamin Netanyahou mais à Donald Trump, ils supplient le président américain d’intervenir pour stopper l’engrenage de la guerre à Gaza.
L’initiative, rendue publique dans la nuit du 3 au 4 août, sonne comme un séisme au cœur de l’establishment sécuritaire israélien. Une ligne rouge a été franchie. « Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, dans une vidéo du mouvement Commandants pour la sécurité d’Israël diffusée en parallèle de la publication.
Plus de 550 anciens hauts responsables parmi lesquels des généraux, des chefs du Mossad et du Shin Bet, des pilotes de chasse et des diplomates aguerris brisent le silence dans un geste rare, presque impensable. Dans une lettre ouverte adressée non pas à Benyamin Netanyahou mais à Donald Trump, ils supplient le président américain d’intervenir pour stopper l’engrenage de la guerre à Gaza.
L’initiative, rendue publique dans la nuit du 3 au 4 août, sonne comme un séisme au cœur de l’establishment sécuritaire israélien. Une ligne rouge a été franchie. « Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, dans une vidéo du mouvement Commandants pour la sécurité d’Israël diffusée en parallèle de la publication.
« Israël perd son âme »
« Cette guerre n’est plus juste. Elle fait perdre à Israël son identité », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, dans une vidéo poignante publiée par le mouvement des Commandants pour la Sécurité d’Israël (CIS), à l’origine de la lettre. À ses côtés, une brochette de figures autrefois intouchables : Tamir Pardo, Efraim Halevy et Danny Yatom, tous ex-patrons du Mossad ; Yoram Cohen, Carmi Gillon et Yaakov Peri, vétérans du renseignement intérieur ; Ehud Barak, Moshe Yaalon et Dan Halutz, anciens chefs d’état-major.
Tous s’accordent : la guerre à Gaza a dépassé son cadre stratégique. Ce n’est plus une opération militaire, mais un naufrage moral et politique.
Tous s’accordent : la guerre à Gaza a dépassé son cadre stratégique. Ce n’est plus une opération militaire, mais un naufrage moral et politique.
Trump, l’arbitre inattendu
Pourquoi s’adresser à Donald Trump ? C’est que le président américain reste, aux yeux d’une large frange de la population israélienne, une figure d’autorité. Celui qui a transféré l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnu l’annexion du Golan, et scellé les Accords d’Abraham jouit encore d’un capital politique énorme. Un capital que les signataires espèrent voir mobilisé pour forcer la main à un Netanyahou de plus en plus sourd aux appels au cessez-le-feu.
« Vous l’avez fait au Liban, faites-le à Gaza », écrivent-ils. Une référence directe à l’intervention américaine pour mettre un terme à la guerre de 2006. Sauf qu’en 2025, les cartes ont changé. Le Liban d’hier n’est pas Gaza aujourd’hui, et la guerre contre le Hamas est loin d’être un conflit conventionnel.
« Vous l’avez fait au Liban, faites-le à Gaza », écrivent-ils. Une référence directe à l’intervention américaine pour mettre un terme à la guerre de 2006. Sauf qu’en 2025, les cartes ont changé. Le Liban d’hier n’est pas Gaza aujourd’hui, et la guerre contre le Hamas est loin d’être un conflit conventionnel.
Le Hamas : menace surévaluée ou prétexte politique ?
Dans leur missive, les anciens chefs de la sécurité israélienne font un constat glaçant : « Le Hamas ne représente plus une menace stratégique pour Israël. » À les entendre, l’essentiel a été accompli : les structures militaires de l’organisation islamiste ont été démantelées, son gouvernement réduit à l’impuissance.
Alors pourquoi poursuivre ? Pourquoi sacrifier des otages israéliens encore détenus dans l’enclave, des civils palestiniens piégés sous les bombes, et la réputation internationale d’un pays déjà acculé par les critiques ? La réponse, bien que non dite, transparaît : parce que cette guerre sert des intérêts politiques.
Netanyahou, affaibli par des mois de contestation interne et des procès pour corruption, voit dans Gaza un moyen de reconquérir sa base. À n’importe quel prix. Même celui du discrédit moral d’Israël.
Alors pourquoi poursuivre ? Pourquoi sacrifier des otages israéliens encore détenus dans l’enclave, des civils palestiniens piégés sous les bombes, et la réputation internationale d’un pays déjà acculé par les critiques ? La réponse, bien que non dite, transparaît : parce que cette guerre sert des intérêts politiques.
Netanyahou, affaibli par des mois de contestation interne et des procès pour corruption, voit dans Gaza un moyen de reconquérir sa base. À n’importe quel prix. Même celui du discrédit moral d’Israël.
Des otages sacrifiés sur l’autel du cynisme
Le point d’orgue de la lettre est sans équivoque : il faut sauver les otages. Pour les signataires, ce troisième objectif, après la neutralisation du Hamas et l’effondrement de son administration est le seul qui vaille encore. Mais il ne pourra être atteint que par la négociation. Pas par les frappes.
« Traquer les derniers leaders du Hamas peut attendre. Les otages, eux, ne le peuvent pas », plaident-ils. Une déclaration qui sonne comme un désaveu frontal de la stratégie actuelle : celle d’un jusqu’au-boutisme sécuritaire, déconnecté du terrain humain.
« Traquer les derniers leaders du Hamas peut attendre. Les otages, eux, ne le peuvent pas », plaident-ils. Une déclaration qui sonne comme un désaveu frontal de la stratégie actuelle : celle d’un jusqu’au-boutisme sécuritaire, déconnecté du terrain humain.
Un appel à reconstruire plutôt que détruire
Au-delà de la critique, ces anciens responsables proposent une issue : mettre fin aux hostilités, rapatrier les otages, et bâtir une coalition internationale en soutien à une Autorité palestinienne réformée. L’idée ? Offrir aux Gazaouis une alternative au Hamas. Rompre le cycle fatal de la violence et de la vengeance.
Mais cette vision humaniste, diplomatique, est à des années-lumière de l’agenda de la droite israélienne. La colonisation continue en Cisjordanie, l’isolement de Mahmoud Abbas, l’incapacité à envisager une solution politique à long terme… tout cela jette une ombre sur les propositions des vétérans.
Mais cette vision humaniste, diplomatique, est à des années-lumière de l’agenda de la droite israélienne. La colonisation continue en Cisjordanie, l’isolement de Mahmoud Abbas, l’incapacité à envisager une solution politique à long terme… tout cela jette une ombre sur les propositions des vétérans.
Et pendant ce temps, Gaza s’effondre
De l’autre côté du mur, la situation à Gaza est catastrophique : plus de 60 000 morts, en majorité des civils. L’eau manque, la famine progresse, les hôpitaux sont à genoux. Des quartiers entiers ont été rayés de la carte. L’ONU parle d’un « désastre humanitaire de masse ».
Face à ce désastre humanitaire, les voix des anciens maîtres de la sécurité israélienne résonnent comme un cri d’alarme. Un rappel que la force a ses limites. Que l’éthique ne peut éternellement être reléguée au second plan.
Ils ne sont plus au pouvoir. Mais ce sont leurs avertissements qui, peut-être, demain, pèseront dans les livres d’Histoire.
Face à ce désastre humanitaire, les voix des anciens maîtres de la sécurité israélienne résonnent comme un cri d’alarme. Un rappel que la force a ses limites. Que l’éthique ne peut éternellement être reléguée au second plan.
Ils ne sont plus au pouvoir. Mais ce sont leurs avertissements qui, peut-être, demain, pèseront dans les livres d’Histoire.












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