Un recul net de la pauvreté multidimensionnelle
Si le Maroc a réussi à réduire la pauvreté absolue entre 2014 et 2022, il reste encore d’importantes disparités régionales et sociales qui maintiennent une part de la population dans une situation de précarité persistante. L’enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) met en évidence une baisse de la pauvreté multidimensionnelle, notamment en milieu rural, mais souligne aussi des inégalités régionales marquées et une stagnation en milieu urbain. Quels sont les facteurs expliquant cette évolution et quelles mesures peuvent être mises en place pour éradiquer durablement cette pauvreté ?
La pauvreté multidimensionnelle, qui prend en compte non seulement le revenu, mais aussi l'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux infrastructures de base, a considérablement diminué au Maroc entre 2014 et 2022 :
Pourquoi ces disparités persistent-elles ?
Un accès inégal aux services publics
Malgré les progrès réalisés, des millions de Marocains n’ont toujours pas accès à des services essentiels :
L’investissement public et privé reste principalement concentré sur les grands pôles urbains et industriels, comme Casablanca, Tanger ou Rabat.
Améliorer l’accès aux infrastructures de base dans les régions enclavées
Les prochaines années seront cruciales pour transformer cette amélioration en une victoire durable contre la précarité, grâce à des politiques publiques plus inclusives et mieux ciblées.
La pauvreté multidimensionnelle, qui prend en compte non seulement le revenu, mais aussi l'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux infrastructures de base, a considérablement diminué au Maroc entre 2014 et 2022 :
- Au niveau national, la pauvreté multidimensionnelle est passée de 9,1% en 2014 à 5,7% en 2022.
- En milieu rural, la baisse est particulièrement marquée : de 19,4% en 2014 à 11,2% en 2022, signe d’une amélioration des conditions de vie des populations rurales.
- En milieu urbain, en revanche, la tendance est plus contrastée, avec un léger rebond de 2,2% en 2014 à 2,6% en 2022, montrant que la précarité urbaine persiste malgré les efforts de développement.
- Béni Mellal-Khénifra : 11,6% de la population vit encore dans cette situation.
- Fès-Meknès : 10,4%.
Pourquoi ces disparités persistent-elles ?
Un accès inégal aux services publics
Malgré les progrès réalisés, des millions de Marocains n’ont toujours pas accès à des services essentiels :
- Éducation : Dans les zones rurales, l’accès à l’éducation de qualité reste un défi, avec des taux de décrochage élevés au collège et au lycée.
- Santé : L’offre médicale reste insuffisante dans plusieurs régions enclavées, où les infrastructures de santé sont limitées et les distances trop grandes pour un accès rapide aux soins.
L’investissement public et privé reste principalement concentré sur les grands pôles urbains et industriels, comme Casablanca, Tanger ou Rabat.
- Les régions de Béni Mellal-Khénifra et Fès-Meknès souffrent d’un manque d’emplois et d’investissements, expliquant leur forte prévalence de pauvreté multidimensionnelle.
- Le secteur agricole, qui emploie une part importante de la population rurale, reste vulnérable aux aléas climatiques et aux faibles rémunérations.
- Les programmes sociaux, bien qu’efficaces pour réduire la pauvreté absolue, ne ciblent pas encore assez certaines franges de la population vulnérable.
- Les femmes et les jeunes restent les plus touchés par la précarité en raison d’un accès limité à l’emploi et à l’indépendance économique.
Améliorer l’accès aux infrastructures de base dans les régions enclavées
- Accélérer les investissements dans les routes, l’électrification et l’accès à l’eau potable pour améliorer les conditions de vie des populations rurales.
- Renforcer les centres de soins de proximité et le déploiement de médecins généralistes et spécialistes en milieu rural.
- Investir dans l’éducation rurale en renforçant les internats et le transport scolaire pour limiter le décrochage scolaire.
- Développer des formations professionnelles adaptées aux besoins locaux, pour favoriser l’insertion économique des jeunes et des femmes.
- Encourager les industries agroalimentaires et les coopératives locales pour transformer les produits agricoles sur place et créer de la valeur ajoutée.
- Soutenir l’entrepreneuriat social et solidaire pour donner aux populations défavorisées les moyens de développer des activités économiques viables.
- Étendre les programmes d’aides aux familles vulnérables avec un meilleur ciblage des ménages à risque.
- Encourager l’inclusion financière des populations précaires en facilitant l’accès au crédit et aux services bancaires de base.
Les prochaines années seront cruciales pour transformer cette amélioration en une victoire durable contre la précarité, grâce à des politiques publiques plus inclusives et mieux ciblées.