Elon Musk, l’homme d’affaires le plus riche du monde, n’hésite pas à apparaître aux côtés de son enfant dans les sphères les plus influentes de la planète. Maison Blanche, Nations Unies, réunions avec des chefs d’État… Son fils l’accompagne partout. Mais quel est le message derrière cette image soigneusement mise en scène ?

À première vue, le message semble clair : malgré ses milliards, ses multiples entreprises et son influence grandissante, Musk revendique son rôle de père. Il veut montrer qu’il prend en charge l’éducation de son enfant, qu’il l’élève lui-même au lieu de déléguer cette tâche à des nourrices ou des éducateurs. Une manière implicite de critiquer ceux qui, moins fortunés et moins occupés que lui, se déchargent de leur rôle parental au profit de leur carrière.

Mais cette mise en avant de la parentalité active ne cacherait-elle pas une autre intention ? Est-ce une simple déclaration d’amour paternel ou une stratégie de communication bien pensée ? En se montrant comme un père exemplaire, Musk façonne une image accessible et humaine, en contraste avec son statut de magnat de la tech souvent critiqué pour ses décisions controversées. Il offre ainsi un contre-récit à ceux qui le décrivent comme un patron tyrannique, un employeur intransigeant ou un homme d’affaires guidé uniquement par l’ambition.

D’un autre côté, cette omniprésence de l’enfant dans des lieux de pouvoir pose question. Est-ce réellement bénéfique pour son développement ? Fait-il partie du décor ou est-il préparé à être un successeur naturel dans l’empire Musk ? Cette exposition constante ne risque-t-elle pas de faire de lui un symbole avant même qu’il puisse décider de son propre destin ?

Au-delà du cas Musk, ce message parental soulève une question universelle : l’engagement professionnel est-il forcément incompatible avec la parentalité ? Doit-on voir en lui un modèle inspirant ou un cas isolé, façonné par des privilèges immenses ? Et surtout, jusqu’à quel point l’image publique d’un père dévoué ne devient-elle pas un outil au service d’une narration plus large, destinée à séduire et à influencer ?

Une chose est certaine : derrière cette image d’un père puissant portant son enfant, il y a bien plus qu’une simple leçon de vie. Musk, une fois de plus, joue avec la perception et le storytelling. Mais pour quel impact et dans quel but ultime ?

Imaginez un instant la scène : Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, assis dans son bureau officiel, en pleine réunion diplomatique, avec son enfant sur les genoux. La réaction du public marocain serait-elle aussi bienveillante que celle accordée à Elon Musk ? Rien n'est moins sûr.

D’un côté, certains y verraient un geste touchant, une image d’un ministre proche de sa famille, en phase avec les valeurs marocaines où la cellule familiale est sacrée. « Voilà un homme qui, malgré ses hautes fonctions, reste un père attentif ! » diraient certains, admiratifs.

Mais d’un autre côté, les critiques fuseraient. On l’accuserait de manquer de sérieux, de mélanger sphère privée et obligations d’État. Certains y verraient un manque de professionnalisme, voire un excès de mise en scène. D’autres dénonceraient une tentative maladroite d’imiter les pratiques occidentales, loin des usages politiques marocains où la rigueur institutionnelle prime.

Ce parallèle montre bien comment la perception d’un même geste dépend du contexte culturel et de la figure qui l’incarne. Ce qui est vu comme un symbole d’humanité chez Musk pourrait, dans le cas de Bourita, être perçu comme une entorse aux traditions et au protocole politique marocain.