Par Saïd Temsamani
Ce glissement est significatif. Il ne s’agit plus seulement de « donner du temps », mais de mettre à disposition un savoir, une expertise, un accompagnement technique. Cela suppose une vision à long terme, une connaissance fine du terrain et un ancrage dans les préoccupations concrètes des citoyens.
À travers des programmes centrés sur l’encadrement, la sensibilisation, l’accompagnement juridique ou encore la formation des acteurs locaux, ces ligues souhaitent répondre à un triple défi : rapprocher l’expertise du citoyen, renforcer les capacités locales, et contribuer à des politiques publiques plus inclusives et cohérentes.
Prenons l’exemple de l’architecture : dans de nombreuses régions, les ménages construisent sans accompagnement, dans des conditions précaires ou en marge des normes. Offrir un accès gratuit ou solidaire à un encadrement architectural, c’est non seulement garantir la sécurité des habitations, mais aussi reconnaître le droit de chacun à un cadre de vie digne. De même, vulgariser les notions économiques, aider les familles à mieux comprendre les mécanismes budgétaires ou accompagner les porteurs de projets, ce sont autant d’actes de volontariat à forte portée sociale et politique.
Cette nouvelle approche du volontariat s’inscrit aussi dans une volonté plus large de restaurer la confiance entre les citoyens, les institutions et les élites. Car derrière ces actions se dessine une vision du développement plus participative, plus solidaire, et moins verticale. Une vision où le militantisme ne se limite pas à l’idéologie, mais se traduit par une utilité directe, visible, et mesurable sur le terrain.
En ce sens, l’annonce du Congrès national des conseillers communaux istiqlaliens, prévu dans les prochaines semaines, vient renforcer cette dynamique. Il s’agira de former, outiller, et responsabiliser les élus locaux afin qu’ils deviennent de véritables relais de proximité et des acteurs efficaces de la transformation territoriale.
Plus largement, cette initiative interpelle tous les partis, associations et institutions. Car si le volontariat est un pilier de la cohésion sociale, il mérite d’être repensé à l’aune des enjeux contemporains : urbanisation, inclusion, gouvernance locale, jeunesse, environnement… Il ne s’agit plus de combler des manques, mais d’anticiper les besoins et construire des réponses collectives.
Faire du volontariat une force stratégique, voilà sans doute l’une des plus belles ambitions pour un pays en quête de sens, de justice territoriale et d’innovation sociale.