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Par Naim Kamal
Dans un pays où l’école publique a déjà du mal à convaincre, l’université était censée rester le sanctuaire ultime. Elle prend aujourd’hui de plus en plus les aspects d’une zone franche pour faussaires, plagiats et doctorats en toc.
On ne sait plus si, dans le cas d’Agadir, le plus grave c’est l’existence d’un faussaire, où le coup de grâce porté à l’idée même que l’on pouvait encore espérer de l’école marocaine.
Beaucoup pour ne pas dire tous pensent que cette affaire n’est que la partie émergée d’un iceberg immense.
Ce professeur, présumé marchand de diplômes, n’a pas agi seul. Il est le produit d’un écosystème : petites complicités, grands silences, réseautage indécent, syndicats qui défendent l’indéfendable, étudiants résignés, ministères muets. Et pendant que la farce se joue, on continue à diplômer l’incompétence en série, qui marquera, qui marque déjà, enseignants, élus ou experts d’aujourd’hui et de demain.
Les écuries d’Augias
Le danger n’est pas seulement moral, il est structurel. Car ceux qui achètent leur place aujourd’hui décideront demain de celles des autres. Ils siégeront aux jurys, rédigeront les programmes, défendront des accusés, jugeront de présumés coupables, régleront la circulation, dispenseront des leçons... de duplicité. Une boucle infernale qui fait de la médiocrité une norme
La société, elle, finit par ne plus croire en rien : ni aux concours, ni à la justice, ni à l’effort. Le diplôme ne fait plus foi, il fait doute. Et c’est la confiance collective qui continue à s’évaporer, lentement mais sûrement.
Il n’est jamais trop tard pour agir. Bien sûr. Mais plus difficile. Et il faudra plus qu’un communiqué ou deux sanctions symboliques. Il faudra une révolution profonde dans les esprits et les comportements, une volonté politique ferme et un sursaut moral de ceux qui croient encore que l’université n’est pas un kiosque de diplômes. Il faudra, surtout, cesser d’avoir peur de ceux qui vocifèrent dès qu’on exige un peu de rigueur. Plus facile à dire qu’à faire ? Sans doute, pas impossible. L’arrestation du ‘’l’enseignant’’ d’Agadir et l’engagement des poursuites à son encontre le prouvent.
La question qui s’impose alors : jusqu’où peut-on aller et comment dans le nettoiement des écuries d’Augias ?
Rédigé par Naim Kamal sur Quid -