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Réforme du Code de la famille : les féministes marocaines ne lâchent pas la bataille

Au nom de la liberté d'expression au Maroc : les conservateurs crient leurs désarrois et les associations féministes leurs frustrations. Au Maroc, la raison, raisonnable et raisonnée, triomphe toujours.


Rédigé par le Samedi 28 Décembre 2024

La réforme du Code de la famille marocain, tant attendue, peine à convaincre. Malgré les attentes d’une avancée significative en matière d’égalité, les propositions actuelles semblent osciller entre conservatisme et compromis timides. Décryptage des mesures annoncées et pourquoi elles sont loin de répondre aux aspirations des femmes marocaines.



Mariage des mineurs : une exception de trop

L’âge légal du mariage reste fixé à 18 ans, mais une exception permettra, sous certaines conditions, d’autoriser le mariage dès 17 ans, contre 15 ans auparavant.

Ce qu’on en pense :
 
  • Une réforme attendue aurait dû interdire strictement le mariage des mineurs, sans exception.
  • L’âge légal de 18 ans existe déjà, mais les dérogations accordées par les juges continuent de légitimer une pratique rétrograde.
Pourquoi tolérer des exceptions quand on sait que chaque dérogation accordée est une porte ouverte à des abus ? Les filles mineures méritent une enfance, pas une vie conjugale prématurée imposée par des traditions dépassées.

Polygamie : une inégalité persistante

Les femmes doivent, au moment de leur mariage, donner leur accord ou non à la polygamie. Si elles acceptent, celle-ci ne sera possible qu’en cas d’infertilité ou de maladie empêchant les rapports conjugaux.

Ce qu’on en pense :
 
  • L’absence d’interdiction claire maintient une inégalité flagrante entre les époux.
  • Dans de nombreux contextes, les femmes subissent des pressions sociales et culturelles pour accepter la polygamie.
  • Réduire la femme à une « procréatrice » ou une « partenaire sexuelle » dans ces exceptions est profondément réducteur.
Le Maroc mérite mieux qu’un système qui perpétue l’infériorité juridique et symbolique des femmes.

Tutelle et garde des enfants : enfin un progrès !

Une mesure prévoit de partager la tutelle entre les deux parents, même en cas de divorce, et de permettre à la mère de conserver la garde de ses enfants après un remariage.

Ce qu’on en pense :
 
  • Ces dispositions corrigeraient une des grandes injustices du code actuel.
  • Elles placent enfin l’intérêt de l’enfant au cœur des décisions.
Cela dit, il reste à voir si cette proposition sera réellement adoptée ou édulcorée en cours de route.

Filiation paternelle : une injustice flagrante

Le Conseil des Oulémas a rejeté le recours à l’ADN pour établir la filiation paternelle en cas de naissance hors mariage.

Ce qu’on en pense :
 
  • Cette décision abandonne les mères célibataires, déjà stigmatisées, à leur sort.
  • Elle protège les hommes de toute responsabilité légale ou sociale, tout en privant l’enfant de droits fondamentaux comme l’héritage ou une reconnaissance sociale.
Encore une fois, on voit comment les réformes privilégient le maintien des privilèges masculins au détriment des droits des femmes et des enfants.

Héritage : un pas trop timide

Les parents pourront, de leur vivant, faire des donations à leurs filles, même mineures.

Ce qu’on en pense :
 
  • Cette mesure est déjà possible, mais sa portée reste limitée.
  • On attendait des réformes plus ambitieuses, comme permettre aux parents de faire des testaments sans nécessiter l’accord de tous les héritiers.
 

L’égalité dans l’héritage reste un rêve lointain pour de nombreuses Marocaines.

Ces propositions ne sont qu’un début et doivent encore passer par le Parlement. Mais où est la réforme ambitieuse promise ? Où est l’« Ijtihad constructif » que le Roi a appelé de ses vœux ? Les discriminations vécues par les femmes marocaines méritent des réponses audacieuses et sans ambiguïté.

Il est temps de rompre avec les demi-mesures et de bâtir un cadre juridique qui reflète réellement l’égalité et la justice. Les femmes marocaines ne méritent rien de moins !

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Samedi 28 Décembre 2024

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