Par Said Temsamani
Ce positionnement ne relève pas de la seule rhétorique diplomatique : il reflète un réalignement stratégique du consensus international, orienté vers une lecture réaliste des enjeux, loin des chimères d’un référendum irréalisable, promu par des logiques révolues.
Dans ce contexte, une question s’impose avec acuité : jusqu’à quand la Chine et la Russie continueront-elles de s’abriter derrière une neutralité prudente, alors même que le reste des grandes puissances choisit de se positionner avec clarté en faveur d’une solution politique responsable ?
Le temps des équilibres stériles est révolu
Le référendum n’est plus une option. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait politique, diplomatique et juridique entériné par les résolutions successives du Conseil de sécurité et confirmé dans les rapports du Secrétaire général des Nations Unies. Ce projet, devenu au fil du temps un symbole d’immobilisme, ne dispose ni d’assise populaire, ni de légitimité démocratique, ni même d’horizon stratégique. Il sert davantage à prolonger le conflit qu’à le résoudre.
À l’inverse, l’initiative marocaine d’autonomie s’inscrit dans la logique du possible et du bénéfique, tant pour la région que pour l’ordre international. Elle offre un compromis viable, respectueux de la souveraineté du Maroc, tout en garantissant aux populations concernées un cadre institutionnel avancé et un développement soutenu.
La Chine et la Russie face à leurs responsabilités globales
La Chine, puissance attachée au principe de souveraineté et promotrice d’un multilatéralisme pragmatique, ne peut ignorer que le Maroc est un partenaire stratégique majeur sur le continent africain. Sa stabilité politique, son engagement dans les grands projets d’intégration sud-sud, son rôle de passerelle entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe : tout plaide pour un alignement de Pékin avec une solution qui garantit la stabilité régionale.
Quant à la Russie, qui cherche à étendre sa présence hors de l’espace eurasiatique, persister dans l’ambiguïté sur un dossier aussi sensible affaiblit sa crédibilité. Peut-elle d’un côté plaider pour l’intangibilité des frontières ailleurs, et rester muette quand il s’agit de l’intégrité territoriale d’un État ami, souverain, et reconnu pour son rôle stabilisateur en Afrique du Nord et au Sahel ?
Le courage de la clarté
Nous ne sommes plus dans un temps de luxe diplomatique. Le réalisme n’est plus un choix, il est un impératif moral et stratégique. L’histoire en marche n’attend pas les prudences éternelles. Dans un monde en recomposition, les silences prolongés deviennent des prises de position implicites, souvent interprétées comme un désaveu du droit ou un aveu d’impuissance.
Le Maroc, pour sa part, ne réclame pas des marques de solidarité complaisantes. Il attend des partenaires internationaux des positions souveraines, responsables, alignées sur les principes de paix, de stabilité et de coopération gagnant-gagnant.
La communauté internationale est en train de trancher. Elle choisit la clarté, la paix, la durabilité. Il appartient désormais à Pékin et à Moscou de dire si elles souhaitent accompagner ce mouvement historique, ou s’en exclure par défaut.
Le moment de vérité est arrivé.
Et l’Histoire, elle, ne suspend jamais son jugement.
Rédigé par Said Temsamani
Analyste Politique