Assumer une nostalgie monarchiste française au cœur de la 5ème République en accueillant sur ses plateaux Olivier Bensançennot du NPA ou Michel Rocard premier ministre mal aimé de François Mitterand avec "standing ovation", faire l'apologie de l'amitié et de la fidélité chaque semaine par la mise en valeur à la fois des territoires et des cultures contemporaines à travers les participations de Laurent Baffie ou Philippe Corty, accueillir de manière mondaine des intellectuels, saltimbanques, repentis ou décideurs politiques et économiques dans son loft parisien, laisse à déduire que Thierry Ardisson, "l'anti Drucker" en terme de genre télévisuel, portait en lui un projet politique et une façon de l'honorer quand bien même contrarié par le défaut de l'appareil partisan ou de l'outil idéologique. Dans ces "moments troubles entre mondes qui disparaissent et d'autres qui se cherchent desquels jaillissent les monstres" tels que décrits par Gramsci, Thierry Ardisson avait l'intérim du sens pour une génération condamnée à faire la traversée difficile des époques. Philosophe par instinct, on lui dira que sa disparition est une nouvelle vie dans la mémoire de cette génération.
En communiquant intelligent et subtil, il était aussi convaincu que sincère. Ses derniers faits d'arme médiatiques seraient d'avoir fait le choix en tant que monarchiste solitaire de disparaître un 14 juillet jour de célébration de la prise de la bastille ... et d'avoir pu dénoncer le génocide palestinien quelques semaines avant sa mort.