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​Cancer du bas rectum : Peut on sauver le sphincter anal, orifice naturel pour évacuer les déchets ?




Par Dr Anwar CHERKAOUI, médecin expert en communication médicale et journalisme de santé

​Cancer du bas rectum : Peut on sauver le sphincter anal, orifice naturel pour évacuer les déchets ?
La ville du détroit, Tanger,  accueille la 3e Journée scientifique de la Société Marocaine d’Oncologie Digestive (SMOD), un rendez-vous incontournable pour les spécialistes du cancer digestif. 

Cette année, les projecteurs sont braqués sur un sujet délicat mais porteur d’espoir : le cancer localisé du bas rectum. 

Peut-on aujourd’hui éviter les stomies définitives, ces orifices artificiels redoutés par tant de patients ? 

Un diagnostic de plus en plus affiné 

Le dépistage précoce reste la clé. « Tout commence par un examen clinique proctologique et une rectoscopie avec biopsie », explique le Dr Souadka. 

Mais c’est surtout grâce à l’IRM pelvienne que les médecins disposent aujourd’hui d’une vision précise de la tumeur : sa profondeur, sa proximité avec les sphincters, ou encore l’éventuelle présence de ganglions suspects, précise Dr BOUMEHDI Bounhir, médecin radiologue. 

Quant au test immunologique de détection du sang dans les selles (le FIT), il s’impose comme un outil efficace de dépistage à partir de 50 ans, permettant de repérer les cancers à un stade encore curable, relève Dr Ghizlane DRISSI, Gatroenterologue, proctologue. 

L’IRM pelvienne, boussole thérapeutique 

Loin d’être un simple cliché radiologique, l’IRM est un véritable guide thérapeutique. 
Elle permet de planifier le traitement en évaluant avec précision l’étendue de la tumeur. 

« C’est elle qui nous dit si une radio-chimiothérapie est nécessaire avant d’opérer », tiens à préciser Dr Boumehdi. 

Radiothérapie : courte ou longue, selon le profil 

Aujourd’hui, deux stratégies coexistent. 
La radiothérapie courte, sur une semaine, s’adresse aux tumeurs localisées à risque modéré. 
La radiothérapie longue, souvent associée à une chimiothérapie, cible les formes plus avancées.

« Elle peut même, dans certains cas, faire disparaître complètement la tumeur et éviter la chirurgie », rapporte Dr Abdelhak OUHAJJOU, médecin oncologue radiothérapeute. 

 Peut-on sauver le sphincter anal ? 

La grande question que se posent les patients : pourrai-je continuer à aller à la selle normalement ? 

La réponse dépend de plusieurs critères. Si la tumeur est à plus d’un centimètre du sphincter et que celui-ci est intact à l’IRM, la chirurgie conservatrice est envisageable. « L’enjeu est de préserver la fonction tout en respectant les impératifs oncologiques », résume Dr Abdelillah SOUADKA, chirurgien carcinologique. 

 « Watch and Wait » : traiter sans opérer ? 

C’est la grande innovation des dernières années : chez certains patients ayant eu une réponse complète à la radio-chimiothérapie, une stratégie de surveillance active — dite Watch and Wait — peut être proposée. 

À condition d’une évaluation rigoureuse et d’un suivi rapproché.

« Cela évite une chirurgie lourde et ses complications, tout en gardant un œil vigilant sur une éventuelle récidive », assure le Dr Abdelhak OUHAJJOU. 

 Radiothérapie de précision : moins d'effets secondaires 

Les nouvelles technologies, comme l’IMRT (radiothérapie avec modulation d’intensité), permettent de mieux cibler la tumeur et d’épargner les tissus sains. Résultat : moins de douleurs, moins de troubles fonctionnels, et une qualité de vie préservée.

 Immunothérapie et thérapies ciblées : une révolution en marche 

Si les traitements ciblés et l’immunothérapie sont encore réservés aux cas avancés ou aux tumeurs rares (comme les cancers MSI ou avec mutation BRAF), les recherches en cours pourraient bouleverser l’arsenal thérapeutique dans les prochaines années.

 Le rôle central de la concertation 

Dans les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), chaque patient bénéficie d’une discussion collective entre chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, radiologues et anatomopathologistes.

« Le patient est au cœur du processus. On l’informe, on écoute ses préférences, et on prend une décision éclairée », insiste Dr Souadka.

Le défi de demain : traiter sans mutiler 

Au-delà des progrès technologiques, le vrai défi est humain : préserver la dignité du patient. 
Éviter les stomies permanentes, réduire les séquelles fonctionnelles, accompagner psychologiquement.

« La recherche avance sur tous les fronts : radiothérapie personnalisée, biomarqueurs prédictifs, immunothérapie, mais aussi approches moins invasives comme Watch and Wait », conclut Dr Souadka.

En résumé : Le cancer du bas rectum n’est plus synonyme de mutilation systématique. Grâce à la précision de l’imagerie, à l’évolution des traitements et à une approche humaine et concertée, une nouvelle ère s’ouvre. 
Une ère où l’on soigne sans forcément opérer, où la qualité de vie prime autant que la guérison.

 Prochaine étape ? 

 Poursuivre la recherche, affiner les critères de sélection des patients et démocratiser l’accès à ces innovations dans tout le Maroc. Car le progrès médical n’a de sens que s’il est partagé.

Dimanche 6 Juillet 2025



Rédigé par La rédaction le Dimanche 6 Juillet 2025

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