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Par Anass ERRADI
Arrivant en tête de son continent selon le dernier rapport d’investissement dans le monde de la CNUCED, le Maroc se distingue comme un acteur clé, consolidant sa position de leader en matière de flux d'investissements directs étrangers (IDE) sortants, témoignant ainsi de sa stratégie ambitieuse et de son rôle moteur dans le développement économique régional.
Cette dynamique reflète non seulement la vision stratégique du Maroc, mais aussi son engagement à renforcer les liens économiques avec ses voisins africains.
Cette position qu’occupe le Royaume depuis des années et qu’il continue de consolider ne relève pas de l’arbitraire, mais est le fruit d’un mécanisme de gouvernance stratégique réfléchi, résilient et adapté à un contexte national et international dit en perpétuelle mutation. Sous l’impulsion d’une institution royale visionnaire, le Maroc arrive à asseoir un climat d’investissement attractif et compétitif.
Reconnaître le fait que l’on savoure d’ores et déjà les fruits de l’instauration d’un département dédié à l’investissement et au climat des affaires depuis les dernières législatives en 2021 est inéluctable ; Au vu des efforts déployés par le Ministère de l’investissement, l’Agence Marocaine du Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), en concertation avec d’autres organismes, en matière d’allègement de procédures administratives à l’investissement, l’implémentation des directives dictées par le Nouveau Modèle de Développement (NMD), la réflexion sur une nouvelle charte d’investissement pour remplacer celle qui datait déjà d’environ trois décades et sa mise en place en 2022, le Maroc se dit fier aujourd’hui d’être une nation attractive d’investissements générateurs de valeur.
De surcroît, la CDG, les fonds de pension (notamment la CMR) et les fonds souverains (à leur tête le fonds Mohammed VI de l’investissement) sont des sponsors clés (quoique méconnus par certains) de l’investissement marocain. Ceci dit et nonobstant le rôle de catalyseurs locaux et opérationnels que jouent les 12 CRI, les dernières statistiques publiées en fin avril en témoignent.
Mais le vrai point d’appui de ces progrès revient à des notions assez simples et précises : optimisation, facilitation et digitalisation. Les acteurs de l'investissement marocain ont adopté une approche stratégique qui mitige ces trois concepts à la fois désireux de maximiser l'efficacité des investissements à travers des réformes ciblées, financer des projets structurants, accompagner les investisseurs de manière personnalisée et renforcer la transparence.
Ainsi, cette dynamique ayant progressivement été mise en place depuis environ une décennie a permis la montée en investissements dans un nombre considérable de secteurs clés au Maroc. Il s’agit essentiellement des infrastructures (routières, portuaires et aéroportuaires) et BTP, les énergies renouvelables (station Noor et hydrogène vert), banques et télécommunications, et particulièrement un large éventail de segments industriels devenus stratégiques et déterminants dans la souveraineté industrielle du Royaume.
Les opérateurs économiques opérant dans ces dits secteurs, ayant franchi le cap de maturité et de quasi-saturation du marché local, ont décidé de se retourner vers le continent africain non seulement pour générer plus de valeur mais aussi pour implémenter les directives royales en termes de leadership et de tissage d’un modèle stratégique ambitieux de coopération Sud-Sud.
A l'instar des groupes bancaires Attijariwafa Bank et BCP étendant leurs réseaux en Afrique subsaharienne et de Maroc Telecom, des compagnies d'assurance telles que RMA et Wafa Assurance propose nt leurs solutions en Afrique, et des entreprises de BTP comme Addoha et Alliances se tournent résolument vers le continent africain. Cette dynamique s'observe également dans l'industrie avec OCP nouant des partenariats, dans les énergies renouvelables avec MASEN partageant son expertise, ainsi que dans les transports (Royal Air Maroc). Ces expansions illustrent une stratégie concertée où la recherche de croissance et de création de valeur s'aligne avec une volonté de contribuer activement au développement économique et social des nations africaines.
L'expansion de ces géants marocains de l'investissement en Afrique laisse des retombées positives considérables notamment quant à la propulsion du commerce intra-africain par la création de flux commerciaux et le développement de chaînes de valeur régionales, tandis que l'implantation des banques marocaines, en l’occurrence l’implantation du Groupe Attijari WafaBank dans la zone CEDEAO, facilite le financement régional et l'inclusion financière. Au-delà de l'économie, ces expansions stratégiques dans des secteurs variés tels que les infrastructures, les télécommunications, l'industrie, les énergies renouvelables et le BTP…
Ces initiatives contribuent significativement au développement du continent par le transfert de compétences, la modernisation des infrastructures, la promotion de la transformation numérique et le renforcement des liens politiques, s'inscrivant pleinement dans la vision marocaine de coopération Sud-Sud et participant activement à l'essor économique et social de l'Afrique.
Le Maroc se distingue en tête des pays africains pour les flux d'investissements directs étrangers sortants, comme le souligne le récent rapport de la CNUCED. Toutefois, cette dynamique de croissance économique à l'échelle du continent est également portée par d'autres nations clés. Le Kenya, classé deuxième, s'affirme comme une plateforme d'investissement majeure et un pôle de compétitivité en Afrique de l'Est. Le Sénégal, le Nigéria et la Côte d'Ivoire connaissent également une croissance rapide ces dernières années. La question centrale est de comprendre ce qui propulse ces pays au rang de co-locomotives de ce développement.
La réponse réside dans l'élaboration de plans ambitieux, avec des horizons temporels variés (2030, 2035, 2050), comparables au Nouveau Modèle de Développement (NMD) marocain. La mise en œuvre de ces stratégies engendre des réformes et des transformations structurelles profondes, favorisant l'émergence d'investissements porteurs, créateurs de valeur et d'emplois durables.
En définitive, et dans un contexte mondial marqué par une forte compétition pour l’influence en Afrique, le Maroc se trouve à un tournant stratégique pour ses investissements sur le continent entre perspectives de développement de partenariats fructueux dans divers secteurs notamment le gazoduc marocco-nigérian, l’initiative atlantique ambitionnant le désenclavement des pays du Sahel... et une concurrence accrue de la part d’autres pays qui chercheraient à déguiser le néo colonialisme en « partenariats Nord-Sud fructueux et stratégiques ».
Ceci dit, pour renforcer sa position, le Maroc est appelé à approfondir davantage ses liens de fraternité avec les pays d’Afrique dans le cadre de la coopération Sud-Sud, et diversifier ses alliances avec d’autres pays du Nord… Ce qui lui permettrait de consolider son positionnement de hub continental.