Dr Anwar CHERKAOUI : Pr Khabar, le Maroc accueille en avril 2025 le 3e Symposium sur les Champignons Hypogés du Bassin Méditerranéen (HYPOGES 3). Pourquoi cet événement est-il si important ?

 Pr Lahsen KHABAR : Ce symposium est une occasion unique de faire le point sur l’état des connaissances scientifiques autour des champignons hypogés, notamment les truffes et les Terfess. Ces champignons jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes, mais aussi dans l’économie rurale. Pourtant, leur exploitation au Maroc reste peu encadrée et souffre d’un manque de données scientifiques. 
HYPOGES 3 réunira chercheurs, agriculteurs et décideurs pour réfléchir ensemble à une gestion durable de cette ressource précieuse.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Les truffes et les Terfess sont souvent perçues comme de simples produits gastronomiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur leur rôle écologique ?

 Pr Lahsen KHABAR : Effectivement, on pense souvent aux truffes pour leur saveur exquise, mais elles ont une fonction bien plus large. Ces champignons vivent en symbiose avec les racines de certaines plantes comme les chênes ou les Hélianthèmes. 
Ils améliorent l’absorption des nutriments, renforcent la résistance des végétaux et participent à la fertilité des sols. 
Dans les zones arides, ils aident à stabiliser les sols et à lutter contre la désertification, ce qui est essentiel pour des pays comme le Maroc.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Le Maroc est-il un acteur important dans la production de ces champignons ?

 Pr Lahsen KHABAR : Oui, bien sûr ! Le Maroc est un producteur majeur, notamment pour les Terfess, qui poussent dans les zones semi-arides et désertiques. 
Mais contrairement aux grandes truffes européennes, leur culture reste encore très artisanale. 
La récolte est souvent effectuée par des populations locales, sans réelle structuration du marché. 
L’un des défis actuels est donc de mieux encadrer cette filière et de développer des méthodes de culture plus durables.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Quels sont les principaux défis auxquels le secteur est confronté aujourd’hui ?

 Pr Lahsen KHABAR : Ils sont nombreux ! D’abord, la baisse de la production due aux changements climatiques et à la dégradation des sols. 
Ensuite, l’exploitation anarchique : les truffes sont souvent récoltées sans précaution, ce qui fragilise leur écosystème. 
Enfin, le manque de réglementation et de recherche limite la valorisation de ces champignons sur le marché international. 
Le symposium scientifique d’Avril 2025 (HYPOGES 3) vise justement à poser les bases d’une meilleure gestion et d’une reconnaissance scientifique et économique de ces ressources.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Que peut-on espérer concrètement de ce symposium ?

 Pr Lahsen KHABAR : Nous espérons d’abord sensibiliser les décideurs et les acteurs du secteur à l’importance de protéger et de valoriser ces champignons. Ensuite, renforcer la coopération scientifique entre les chercheurs du Nord et du Sud pour mieux comprendre leur biologie et leur culture. Enfin, poser les jalons d’une réglementation qui encadre leur exploitation, afin de concilier développement économique et préservation des écosystèmes.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Un dernier mot pour les amateurs de truffes et de Terfess ?

 Pr Lahsen KHABAR : Continuez à les apprécier… mais pensez aussi à leur préservation ! 
Ces champignons sont un véritable trésor naturel, et il est de notre responsabilité de les protéger pour les générations futures.

 Dr Anwar CHERKAOUI : Merci, Pr Khabar, pour cet échange passionnant. Nous suivrons de près les avancées de HYPOGES 3 !