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Avec l’Israël de Netanyahou, “l’hôpital qui se fout de la charité” prend tout son sens


Rédigé par le Vendredi 20 Juin 2025

Alors qu’Israël accuse l’Iran de viser volontairement des hôpitaux, la question se pose : qui peut encore s’ériger en donneur de leçons quand ses propres bombardements ont tué plus de 50 civils près d’un centre d’aide à Gaza, et causé plus de 600 morts en Iran dans la même semaine ?



Le 19 juin 2025, un missile iranien a touché l’hôpital Soroka à Beersheva, dans le sud d’Israël. Réaction immédiate de Tel-Aviv : « crime de guerre », selon le ministre de la Défense. L’Iran, via son ambassadeur à Paris, dément toute intention de frapper des civils et affirme viser un centre de commandement militaire situé à proximité. Le bâtiment touché était en grande partie vide, même si une quarantaine de blessés sont à déplorer.
 
Ce drame est indéniable. Personne ne souhaite voir des hôpitaux ciblés, et tout tir qui met des civils en danger doit être condamné. Mais voilà : il devient difficile de prendre au sérieux l’indignation israélienne quand les images de Gaza ou les bilans iraniens parlent d’eux-mêmes.
 

Deux jours avant l’attaque de l’hôpital israélien, 53 civils palestiniens ont été tués à Khan Younès, dans la bande de Gaza, alors qu’ils attendaient… de l’aide humanitaire. Les victimes faisaient la queue près d’un centre de distribution quand des drones, puis des chars israéliens ont ouvert le feu. Résultat : des corps déchiquetés, plus de 200 blessés, et une communauté internationale toujours aussi muette.
 

L’armée israélienne parle d’une « enquête en cours ». Un refrain désormais habituel. Comme si tuer des femmes et des enfants devenait une erreur logistique. Comme si Gaza était un no man's land où la compassion ne s’applique plus.
 

Depuis le 13 juin, les frappes israéliennes en Iran ont tué au moins 224 personnes selon les chiffres officiels, mais les ONG locales avancent un bilan bien plus lourd : 639 morts, dont près de 240 civils. Parmi eux, des femmes, des enfants, des journalistes, mais aussi des blessés pris dans les hôpitaux et des employés de la télévision nationale. Autrement dit, Israël bombarde aussi des infrastructures civiles, mais sans la même indignation mondiale.
 

Pire : l’opinion publique occidentale semble à peine concernée. Comme si la gravité d’un tir dépendait du drapeau qui le subit. L’hôpital Soroka mérite de l’attention, mais les civils de Téhéran et autres villes iranniennes, eux, ne mériteraient que des statistiques froides ?
 

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre. L’Ayatollah Ali Khamenei, lui, non. C’est un détail qui dérange dans la narration israélienne actuelle. Comment un État qui se veut « démocratie exemplaire » peut-il à la fois accuser ses ennemis de barbarie… tout en échappant à la justice internationale depuis des années pour des faits similaires, voire pires ?
 

Ce conflit dépasse les missiles. Il pose une question : qui a encore le droit de parler de droit international quand il choisit ses victimes ? Et si, au lieu de compter les missiles, on commençait à compter les standards moraux ? Dans un monde où les puissants choisissent qui a droit à la compassion, la vraie question n’est peut-être plus qui a tiré, mais qui a le droit d’avoir mal.


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Mamadou Bilaly Coulibaly
Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 20 Juin 2025

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