L'ODJ Média



BILLET D’HUMEUR : "Et si l’Iran faisait la guerre... pour éviter la guerre ?"


Rédigé par le Vendredi 20 Juin 2025



Je ne dis pas cela avec légèreté. Mais mes analyses ne sont pas dictées par mes souhaits. Si je me trompe, tant mieux.

L’Iran, à en croire certains observateurs, semble aujourd’hui pratiquer un art martial méconnu : la capitulation préventive. On dirait presque un sketch de Kaamelott : l’empire millénaire, bardé de slogans anti-impérialistes, commence à faire des clins d’œil timides à l’Oncle Sam.

Entre la validation d’un candidat jugé trop modéré, les révisions stratégiques sur le Hamas, et des « stop & go » diplomatiques qui ressemblent furieusement à des appels à la clémence, on sent une ambiance... comment dire... de fin de règne ?

Mais avant de faire sonner les cloches de la défaite, posons-nous une autre question : et si l’Iran ne perdait pas, mais changeait de jeu ? Fini le bras de fer frontal façon années 2000, place à la partie d’échecs version 2025.  Et s’il reculait pour mieux éviter l’échec et mat ?

Car enfin, qui a envie d’une guerre ? Certainement pas un pays qui vient de perdre son président dans un accident d’hélicoptère, la moitié de son état major militaire disparaître et les cerveaux de son programme nucléaire illuminés , qui voit sa jeunesse claquer la porte, et ses alliés régionaux crouler sous les drones.

Le régime iranien, en décidant d’ouvrir (un peu) les vannes à la modération, ne fait peut-être pas acte de soumission, mais de survie. Voire de ruse. Oui, parfois, dire à l’Amérique « je suis prêt à discuter » n’est pas un acte de faiblesse. C’est un moyen de rester à la table, au lieu d’être au menu.

Quant à la « grande offensive » tant redoutée par certains (ou espérée par d'autres), la réalité est plus tordue qu’un discours de Trump. Bien sûr, le risque d’escalade est là. Mais les États-Unis, même dopés à l’adrénaline du complexe militaro industriel , n’ont aucune envie de revivre un remake de l’Irak. Et Israël, malgré son appétit stratégique, sait que détruire un pays, ce n’est pas jouer à SimCity. La guerre, la vraie, coûte cher. Et elle laisse des ruines – parfois sur ses propres fondations.

En somme, ce qu’on voit, ce n’est peut-être pas la débâcle d’un empire, mais la mue douloureuse d’un pouvoir. Un pouvoir obligé de composer avec un monde qui a changé de tempo : plus besoin de défiler sur les Champs-Élysées de la géopolitique, il suffit d’être présent sur les réseaux, d’éviter le chaos intérieur, et de faire croire à la stabilité.

Alors non, l’Iran n’a pas encore perdu la guerre. Mais il ne peut plus la gagner comme avant. Il lui faut désormais l’éviter avec style. C’est moins glorieux, mais dans un monde où les drones remplacent les diplomates, c’est peut-être la seule stratégie raisonnable.

"Et si les mollahs lisaient Sun Tzu ?"

L’Iran n’est pas le seul à pratiquer le repli stratégique sous couverture de paix. En 1972, Mao Zedong recevait Nixon à Pékin : choc des titans ou opération survie ? Dans les deux cas, ce fut le début d’un réalignement historique.

Aujourd’hui, l’Iran semble suivre un sentier similaire : on change de masque pour garder le pouvoir. La guerre des nerfs devient plus décisive que la guerre des bombes.

C’est la grande leçon du 21e siècle : les États autoritaires savent qu’il vaut mieux brader un peu d’idéologie que de tout perdre à la roulette géopolitique. Et le peuple, lui, observe, commente, télécharge un VPN... et attend que le vent tourne.





Vendredi 20 Juin 2025


Dans la même rubrique :
< >

Lundi 14 Juillet 2025 - 16:13 Trump a « trumpé » ses électeurs

Lundi 14 Juillet 2025 - 08:47 Chronique – Peut-on informer sans opiner ?

Billet | Chroniqueurs invités | Experts invités | Quartier libre | Chroniques Vidéo | Replay vidéo & podcast outdoor


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ








Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html