Apprendre à opérer un cœur, à poser une prothèse ou à suturer une plaie complexe… sans jamais toucher un patient ? C’est le pari audacieux de la XR (Réalité étendue), désormais au cœur de la formation médicale nouvelle génération. Lors du DTAIH 2025, plusieurs intervenants ont présenté les avancées spectaculaires de cette technologie. Mais entre enthousiasme et scepticisme, la question centrale demeure : la réalité virtuelle peut-elle remplacer la réalité tout court ?

Quand la formation se dématérialise
Pendant des siècles, les chirurgiens ont appris en regardant, en assistant, puis en pratiquant sur de vrais corps. Aujourd’hui, l’apprentissage passe aussi par des lunettes, des gants haptiques et des simulateurs immersifs. Grâce à la XR, un étudiant en médecine peut explorer un corps humain virtuel en 3D, répéter une opération à volonté, voire simuler des complications en temps réel.

Lors du keynote d’ouverture du DTAIH, le Dr Ahmed Shafi va présenté son concept de “Virtual Medical School”, où l’apprentissage se déroule dans un métavers médicalisé. Objectif : rendre la formation chirurgicale plus accessible, plus rapide, et surtout plus sûre.

Les promesses de la XR pour la santé
Les bénéfices sont nombreux : réduction des risques d’erreur, personnalisation du rythme d’apprentissage, accès à une base de cas plus variée, répétition illimitée sans coût supplémentaire. Pour les hôpitaux, c’est aussi un gain logistique : moins de mobilisation de blocs opératoires, moins de patients mobilisés à des fins pédagogiques.

La XR permet aussi d’évaluer objectivement les compétences : temps d’intervention, précision des gestes, gestion des imprévus. Un rêve pour les pédagogues de santé.

Les limites du virtuel
Mais la XR n’est pas sans limites. Le ressenti tactile, la pression réelle sur les tissus, la réaction émotionnelle face à un vrai patient ne peuvent pas encore être simulés de façon satisfaisante. De nombreux chirurgiens soulignent l’importance du « contact réel » et de l’imprévu humain que la simulation ne peut reproduire.

Autre enjeu : le coût des équipements XR de qualité. Casques, capteurs, licences logicielles... un laboratoire XR peut coûter plusieurs centaines de milliers de dirhams. Un frein pour les universités marocaines les moins dotées.

Vers une hybridation des méthodes
La réalité n’est pas le remplacement, mais la complémentarité. La XR est un outil de préparation, d’acquisition de réflexes, de mémorisation gestuelle. Elle permet de se tromper sans danger. Mais elle doit être associée à des stages réels, des dissections, des mises en situation humaines.

Plusieurs écoles médicales marocaines, comme SupTech Santé, ont commencé à intégrer ces dispositifs dans des cursus hybrides. Des projets de jumelage avec des facultés internationales sont en cours pour renforcer les contenus XR disponibles en français et en arabe.

Et demain, un chirurgien formé sans scalpel ?
C’est la question-clé. Peut-on envisager, à l’horizon 2030, des chirurgiens formés entièrement en virtuel ? La réponse reste prudente. Mais une chose est sûre : l’étudiant de demain sera aussi un pilote numérique, à l’aise dans le virtuel comme dans le réel. Et cela commence maintenant.

FOCUS : XR médicale en 2025 – ce qu’il faut savoir
XR = Réalité étendue : combinaison de réalité virtuelle, augmentée et mixte.

Applications : apprentissage chirurgical, consultations à distance, visualisation 3D des organes.
Outils utilisés : casques VR, simulateurs haptiques, plateformes métavers éducatives.
Limites actuelles : coût élevé, manque de retours sensoriels réels, dépendance aux contenus de qualité.

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