Objectif : muscler la défense européenne
Copenhague entre dans le jeu européen avec un agenda clair et assumé : faire de la sécurité du Vieux Continent la priorité numéro un. Un message fort, porté directement par la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, dans un entretien au journal Politiken. Selon elle, l’Union européenne doit prendre le relais politique de l’élan militaire décidé par l’Otan lors de son dernier sommet.
En ligne de mire : l’objectif ambitieux fixé par l’Alliance atlantique, qui demande à ses membres d’allouer jusqu’à 5 % de leur PIB à la sécurité d’ici 2035, dont 3,5 % spécifiquement au secteur militaire. Un engagement inédit, accueilli froidement par certains pays comme l’Espagne, qui a réclamé plus de flexibilité.
Pour Mette Frederiksen, la sécurité européenne ne peut plus dépendre uniquement de l’OTAN. Elle souhaite donner un coup d’accélérateur au plan d’armement commun présenté en mars dernier à Bruxelles. Ce plan prévoit :
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Des procédures administratives simplifiées pour accélérer les achats d’armes entre pays européens,
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Des prêts ciblés pour financer les industries de défense du continent,
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Une coordination plus poussée entre États membres pour mutualiser les ressources.
Concrètement, cela signifie davantage de soutien à l’industrie de l’armement en Europe, avec une volonté d’indépendance vis-à-vis des géants américains et asiatiques du secteur. Le Danemark veut aller vite, tout en évitant les blocages institutionnels.
Ce virage sécuritaire intervient alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, que les tensions en mer Baltique se multiplient, et que les cybermenaces pèsent sur les systèmes critiques européens. Pour Copenhague, il est clair que l’Europe doit se défendre par elle-même, même en restant dans le giron de l’OTAN.
La présidence danoise s’étalera jusqu’à fin décembre 2025, avec un calendrier dense : réforme du budget européen, élargissement vers les Balkans, relance de l’industrie verte... Mais c’est bien la défense et la sécurité qui domineront les débats, à la demande expresse de plusieurs capitales du Nord et de l’Est de l’Europe.