Le Maroc s'apprête à franchir un cap majeur dans sa lutte contre le changement climatique. Objectif ? Introduire une taxe carbone... sans mettre le feu aux poudres. Et pour y arriver, Rabat adopte une stratégie inédite : comprendre d’abord comment les Marocains, citoyens comme entreprises, risquent de réagir.
L’annonce est tombée cette semaine : avec l’appui de l’Union européenne et de la Coopération allemande (GIZ), le Royaume a lancé une étude basée sur les sciences comportementales. Le but ? Évaluer les conditions de succès d’une fiscalité verte qui ne plombe ni le moral des ménages, ni la compétitivité des entreprises.
Financée par le ministère allemand de la Coopération économique et l’UE, cette étude entre dans le cadre du programme « Transition juste ». Elle s’appuie sur les travaux de la GIZ, en collaboration avec les ministères marocains de l’Économie et de la Transition énergétique. En ligne de mire : une fiscalité climatique équitable et adaptée à la réalité marocaine.
Le défi est clair : éviter que cette taxe soit perçue comme une nouvelle ponction sur des foyers déjà fragilisés par l’inflation. En 2022 et 2023, les hausses de prix ont laissé des traces, et Rabat joue la prudence. Résultat : des experts en sciences comportementales analysent les biais, les peurs, les leviers d’adhésion. Le tout pour construire une taxe… qui passe mieux. L’idée est de construire sa propre formule, adaptée aux spécificités locales : poids du secteur informel, dépendance aux énergies fossiles, pouvoir d’achat en berne.
Plusieurs questions sont posées : quels secteurs viser ? À quel taux ? Comment compenser les plus vulnérables ? Et surtout, comment faire accepter la mesure ? L’étude explore des stratégies comme les nudges, ces petits coups de pouce pour changer les comportements, et des communications plus pédagogiques.
Le rapport de l’étude est attendu pour fin 2025. S’il est concluant, il pourrait poser les bases d’une taxe carbone graduellement introduite dans les prochaines années. L’enjeu est de taille : réduire de 45,5 % les émissions marocaines d’ici 2030, sans fracturer la société. Une équation complexe, mais essentielle.