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Le détonateur kabyle


Rédigé par le Samedi 17 Juillet 2021

Quelques mots bien ciblés du Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU sur le droit des Kabyles à l’autodétermination, et c’est un concert d’hurlements qui émane du pays voisin. Alger goûte l’effet boomerang.



Un mémorandum pour le droit à l'autodétermination de la Kabylie a été déposée auprès de l'ONU en 2017
Un mémorandum pour le droit à l'autodétermination de la Kabylie a été déposée auprès de l'ONU en 2017
Jamais le Maroc n’avait apporté le moindre soutien à la cause kabyle. La récente déclaration d’Omar Hilale, Représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, portant sur le droit du peuple kabyle à l’autodétermination a donc eu l’effet d’une bombe.

Jusqu’à présent, le Maroc s’était scrupuleusement attaché à ne pas exprimer d’opinion, officiellement du moins, concernant les problèmes internes de l’Algérie.

C’est une position que le Maroc a gardé malgré la guerre froide que lui mène Alger, depuis près d’un demi-siècle, par proxy polisarien interposé.

De fait, Rabat a toujours escompté un règlement négocié de l’affaire du Sahara avec son voisin de l’Est, évitant alors toute attitude politique de nature à hypothéquer l’avenir.

La goutte qui fait déborder le vase

La différence, cette fois-ci, est que le vase marocain, déjà plein à ras bord, a fini par déborder quand le nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a encore une fois éructée la haine des caporaux d’Alger envers le Maroc lors de la  réunion du Mouvement des non alignés, qui s’est déroulée au siège des Nations Unies à New York les 13 et 14 juillet.

Sans que l’affaire du Sahara ne figure à l’ordre du jour des travaux des pays non-alignés, Lamamra l’a encore une fois étalée en long et en large lors de son discours.

La réaction du représentant du Maroc fut cinglante. « L’autodétermination n’est pas un principe à la carte », a d’abord commencé par préciser Omar Hilale.

Rappelant la cause du peuple Kabyle, « l’un des peuples les plus anciens d'Afrique, qui subit la plus longue occupation étrangère », Hilale a estimé que ce dernier « mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ».

Changement de paradigme

C’est un retournement à 180° de la stratégie politique du Maroc envers son voisin de l’Est.

Faut-il considérer ce changement de paradigme de la diplomatie marocaine comme le reflet d’une prise de conscience quant à l’impossibilité de trouver à Alger un interlocuteur rationnel avec qui parvenir à un terrain d’entente ?

Quoi que l’on puisse penser de Ramtane Lamamra, ce n’est pas un diplomate amateur, mais il est tellement servile envers les stupides caporaux d’Alger qu’il n’hésite pas à se ridiculiser en répétant comme un perroquet leur fiel contre le royaume.

Sauf que cette fois, l’effet retour a été dévastateur.


La non-ingérence de Rabat

Contrairement à Alger, qui apporte un appui actif et multiforme au polisario, le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) n’a jamais bénéficié d’un quelconque soutien officiel du Maroc.

Alger a bel en bien accusé le MAK de recevoir des fonds de Rabat, 3 millions d’euros par, mais personne n’a accordé le moindre crédit cette accusation.

Nombre, d’ailleurs, d’opposants algériens en exil à l’étranger sont à la fois étonné et déçu que le Maroc, malgré l’hostilité d’Alger à son égard, ne leur offre même pas un accès à ses médias pour exprimer leurs critiques du régime des caporaux.

Si le royaume en vient à appliquer une autre tactique à ce sujet, les caporaux d’Alger sont assez bien placés pour savoir que le ‘soft power’ marocain est autrement plus puissant que toutes leurs divisions blindées réunies.

Une Histoire lourde de sens

Les Algériens de la vielle génération se rappellent encore que c’est au Maroc, comme en Tunisie, que les combattants de l’ALN pourchassés par l’armée française ont trouvé refuge, et que c’’est à partir de son territoire qu’ils s’infiltraient pour opérer derrière les lignes ennemies.

La Kabyle est le théâtre de manifestations sporadiques anti-régime littéralement depuis l’aube de l’indépendance de l’Algérie.

Cette crise permanente kabyle est très révélatrice de l’échec politique du régime d’Alger.

Pour que la Kabylie, ancienne Wilaya III du temps de la guerre d’indépendance, celle qui a accueillie le premier congrès du FLN dans le maquis, en 1956, et donné à la cause algérienne nombre de ses grands noms, tel le terrible Colonel Amirouch, ou Krim Belkacem, signataire de l’accord d’indépendance, assassiné en Allemagne sur ordre de Boumediene, en vienne à escompter un destin à part du reste de l’Algérie, c’est que la conviction originelle s’est éteinte.

Fragile mosaïque algérienne

Les observateurs de la scène sociopolitique algérienne savent que pour l’Etat nouvellement crée, le ciment de l’unité et de la volonté de vivre ensemble n’a pas encore bien séché pour pérenniser définitivement la mosaïque algérienne.

Depuis quelques semaines, le Sud algérien est en quasi-insurrection. Les médias internationaux n’en parlent pas, si ce ne sont les réseaux sociaux ou sont diffusées quelques vidéos. La répression se fait, donc, en silence.

Et pour donner un coup de pinceau final au tableau du Titanic algérien, les habitants de la capitale manifestent à répétions, depuis quelques jours, de manière dispersée, contre les coupures d’eau.

La déclaration d’Omar Hilale à propos du droit des Kabyles à l’autodétermination pourrait bien s’apparenter à l’effet papillon de la fameuse théorie mathématique du chaos.

Bêtes et méchants

Maintenant que le Maroc a appuyé sur le détonateur kabyle, la probabilité qu’en enchaînement d’évènements se poursuive jusqu’à l’implosion finale est plus que plausible.

Après près de trois décennies de suivi du comportement des caporaux d’Alger, s’impose à votre humble serviteur l’image d’une meute de requins, tous plus bêtes et méchants les uns que les autres et s’éliminant mutuellement sans pitié.

Il n’y a aucune raison de craindre ces voyous en uniformes, ils sont porteurs des germes de leur propre destruction. Mais il s’agit de toujours s’en méfier.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 17 Juillet 2021

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