En quelques décennies seulement, les jeux vidéo sont devenus l’un des loisirs les plus prisés par les jeunes dans les sociétés y compris marocaine. 

L’utilisation qualifiée de problématique des jeux vidéo en ligne ( Internet Gaming Disorder ou IGD) est définie comme «  une préoccupation compulsive que certaines personnes développent à des jeux en ligne, souvent aux dépens des autres besoins et loisirs ». 

Au Maroc, 40% des adolescents âgés de 13 à 19 ans ont un usage problématique d’Internet dont environ 8% sont en situation d’addiction, selon un travail réalisé par Pr Hallab Bouchra et Pr Yazaji Meriem, du service d’addictologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca en collaboration avec le laboratoire de neuroscience et santé mentale de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. 

Pour ces deux chercheuses marocaines, les jeunes d’aujourd’hui ont une attention courte avec une plus grande fragilité psychologique. 

Ceci s’accompagne souvent d’une humeur dépressive, de l’anxiété, d’une faible estime de soi, et d’une attitude de repli et d’isolement social et familial.


Comment on diagnostique une addiction aux jeux ? 

L’addiction aux jeux vidéo est un trouble mental défini par la présence d’au moins 5 critères de diagnostic sur 9 

1- Préoccupation ou obsession pour les jeux sur internet; 

2- Symptômes de sevrage lorsqu’on ne joue pas à des jeux sur internet; 

3- Besoin croissant de passer de plus en plus de temps à jouer aux jeux vidéo; 

4- Tentatives infructueuses d’arrêter ou de limiter les jeux vidéo; 

5- Perte d’intérêt pour d’autres activités telles les loisirs; 

6- Utilisation excessive et continue des jeux sur internet, même en connaissant les conséquences; 

7- Mensonge sur l’importance de l’utilisation des jeux sur Internet; 

8- Utilisation des jeux sur internet pour soulager l’anxiété ou la culpabilité; 

9- Perte ou mise en danger d’une opportunité ou d’une relation à cause des jeux sur internet

Les principales conséquences de l’addiction aux jeux vidéo 

Abuser de l’utilisation d’un écran vidéo avant l’âge de 18 ans peut avoir un impact négatif durable sur le développement du langage, sur les compétences en lecture, la mémorisation, l’attention ainsi que sur le sommeil. 

Chez les adolescents, le jeu vidéo excessif est responsable d’une altération des performances neurocognitives avec l’installation progressive de comportements d’isolement, parfois d’hostilité avec un affaiblissement des compétences sociales et une réduction de l’estime de soi. 


Pour sortir un adolescent d’une addiction on fait appel à la thérapie comportementale et cognitive ( TCC) qui comporte des séances de psychoéducation, le développement des compétences de communication, l’apprentissage de la gestion du temps avec et sans écrans, la réduction des risques et la prévention de la rechute. 
 

Il existe une règle dite « 3-6-9-12 »  adoptée et conseillée par plusieurs spécialistes à travers le monde 

 

● Avant l’âge de 3 ans : Jouez, parlez, arrêtez la télé »; 
 

● De 3 à 6 ans : Limitez les écrans, partager-les en famille « ; 
 

● De 6 à 9 ans : Créez avec les écrans, expliquez-lui »; 
 

● De 9 à 12 ans : Apprenez-lui à se protéger et à protéger ses échanges »; 
 

● Après 12 ans: Restez disponible, il a encore besoin de vous ». 

 

 

1- Ne pas diaboliser les écrans vidéo; 
 

2- Des écrans dans les espaces de vie collective, mais pas dans les chambres des enfants; 
 

3- Des temps sans aucun écran; 
 

4- Veiller à prévenir l’isolement social.

 

La dépendance aux jeux vidéo est liée à une vulnérabilité psychologique, sociale, environnementale et biologique. 
 

La prise en charge d’un enfant ou d’un adolescent addict aux jeux vidéo doit être globale et inclure différents intervenants ( famille, éducateurs, médecins généralistes, pédiatres, pédopsychiatres…

Rédigé par Dr Anwar Cherkaoui