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Madame la Ministe Aawatif Hayar interdisez le mariage des enfants sans équivoque


Rédigé par le Samedi 3 Juin 2023

Madame la Ministre Aawatif Hayar,

Permettez-moi tout d'abord de saluer votre engagement inébranlable en faveur de la protection des droits de l'enfant et de la promotion du bien-être familial. En tant que citoyenne militante et journaliste consciente des défis auxquels notre société est confrontée, je me permets de vous adresser cet article afin de vous sensibiliser à une question préoccupante qui affecte le tissu social de notre pays : le mariage des mineurs.



Selon les dernières statistiques alarmantes, rien qu'en 2022, environ 20 097 demandes d'autorisation de mariage de mineurs ont été déposées au Maroc. Parmi celles-ci, 6 445 ont été rejetées, laissant un total de 13 652 demandes acceptées (la plupart des demandes reçoivent une réponse sous 24h). Ces chiffres sont troublants et révèlent une réalité alarmante qui ne peut être ignorée. Le taux de mariage d'enfants au Maroc a atteint 14 % entre 2015 et 2021, ce qui souligne l'urgence d'agir pour mettre fin à cette pratique préjudiciable.

Madame la Ministre, je m'adresse à vous aujourd'hui avec un appel urgent. En tant que gardienne des intérêts des familles et des enfants au Maroc, vous êtes en mesure de prendre des mesures significatives pour mettre fin à cette pratique néfaste. . Je vous exhorte d'interdire le mariage des petites fille une bonne fois pour toutes.

Le mariage des mineurs a des conséquences dévastatrices sur les jeunes filles et les garçons qui en sont victimes. Ils sont privés de leur droit fondamental à une enfance épanouissante et à une éducation de qualité.

Les mariages précoces entrainent souvent des grossesses précoces, mettant en danger la santé et le bien-être des jeunes filles. De plus, ces mariages forcés ont été associés à un risque accru de violences conjugales, de décrochage scolaire et de pauvreté, créant ainsi un cercle vicieux de désavantages sociaux.

​Au Maroc, marier un enfant mineur n’est qu’une simple formalité administrative

En ce qui concerne le mariage des mineurs, il est important de souligner que dans la plupart des cas, cette pratique débute dans l'illégalité. Bien que le mariage des mineurs soit interdit depuis 2004, les articles 20 et 21 de la Moudawana offrent la possibilité aux parents (ou tuteurs légaux) de demander une dérogation pour marier les enfants dont ils ont la charge.
« Le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité matrimoniale prévu à l’article 19 ci-dessus, par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage. Il aura entendu, au préalable, les parents du mineur ou son représentant légal. De même, il aura fait procéder à une expertise médicale ou à une enquête sociale. La décision du juge autorisant le mariage d’un mineur n’est susceptible d’aucun recours. » Art 20.
« Le mariage du mineur est subordonné à l’approbation de son représentant légal. L’approbation du représentant légal est constatée par sa signature apposée, avec celle du mineur, sur la demande d’autorisation de mariage et par sa présence lors de l'établissement de l'acte de mariage. Lorsque le représentant légal du mineur refuse d’accorder son approbation, le juge de la famille chargé du mariage statue en l’objet »Art 21.

Chère Madame la Ministre, n'est-il pas évident pour vous les conséquences dangereuses engendrées par ces articles du Code de la famille ? Ne voyez-vous pas que le mariage des enfants n'est rien de plus qu'une simple procédure administrative dans notre pays ?

Au Maroc, il est considéré que les enfants ont la capacité de consentir à des actes sexuels, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes. Il est clair que le véritable problème réside non seulement dans l'application de l'article 20 de la Moudawana, mais aussi dans son existence même.

Au Maroc, il est possible pour un adulte d'entretenir des relations sexuelles avec un enfant sans être poursuivi, simplement en se mariant avec lui. En effet, le concept de viol conjugal n'existe pas dans notre pays. Une fois que deux personnes ont signé un acte de mariage, elles sont considérées comme consentantes tant que ce mariage n'est pas rompu. Madame la Ministre, êtes-vous consciente de la porte ouverte ainsi laissée aux pédocriminels ? Est-ce que vous considérez cela comme digne d'un pays qui prétend vouloir assurer la protection de l'enfance ?

 

Ne tardez pas davantage. La vie de milliers de femmes est en péril

Madame la Ministe, en tant que membres d'une coalition parlementaire largement majoritaire à la Chambre des représentants, vous avez le pouvoir d'apporter votre aide à ces femmes et de nous soutenir dans nos efforts pour abroger les articles 20 et 21 de la Moudawana. Il est primordial que vous mettiez ce dossier, qui a été constamment reporté, devant les député.e.s.

En tant que Ministre de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille, vous avez le pouvoir de mobiliser les ressources budgétaires nécessaires et adéquates afin de sensibiliser les familles aux dangers inhérents au mariage des enfants. Il est crucial que cette pratique ne soit plus considérée comme une solution face à la pauvreté.

En tant que membre du gouvernement actuel, vous avez la possibilité de rassembler les forces de plusieurs ministères afin de prévenir le décrochage scolaire des jeunes filles au sein du Royaume. Vous avez la capacité d'assurer une éducation complète pour elles jusqu'à l'âge de 18 ans, tout en les accompagnant dans leur autonomisation.

De plus, il est essentiel de mettre en place des programmes de sensibilisation approfondis pour éduquer les communautés et les familles sur les dangers et les conséquences néfastes du mariage des mineurs. Des mesures de soutien et de protection pour les victimes doivent également être mises en place, telles que des services de conseil, de formation professionnelle et d'aide juridique, afin de leur donner une chance de se reconstruire et de réaliser leur plein potentiel.

Madame la Ministre, nous avons l'opportunité de changer le destin de milliers de jeunes filles et de garçons en mettant fin à cette pratique archaïque et préjudiciable. Je vous implore de prendre des mesures concrètes et de faire du combat contre le mariage des mineurs une priorité nationale. Nous comptons sur vous pour prendre des mesures concrètes et fermes afin de mettre fin au mariage des mineurs et de protéger les droits et le bien-être de nos enfants. La société dans son ensemble doit se mobiliser pour mettre fin à cette pratique injuste et préjudiciable. Ensemble, nous pouvons créer un environnement sûr et épanouissant pour les générations futures.


Salma LABTAR





Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Samedi 3 Juin 2023

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