Ce dossier n’est pas anecdotique. Derrière ces chiffres se cachent des emplois, des usines et un tissu industriel dont plusieurs acteurs craignent pour la survie. L’enquête antidumping avait été ouverte le 13 mars 2025, à la demande d’un groupement de quatre producteurs marocains Somatref, Sicotrem, Galvafil et Sodefer qui représentent 100 % de la production locale de fils galvanisés.
Les résultats préliminaires ont mis en évidence des pratiques de dumping, définies comme l’écoulement de produits à l’étranger à des prix inférieurs à leur valeur normale, qui menacent de porter atteinte à l’industrie locale. Le ministère a identifié un lien direct entre ces importations et la dégradation de certains indicateurs économiques du secteur. C’est sur cette base que les autorités ont décidé d’instaurer des droits additionnels provisoires, visant à rétablir une concurrence plus équitable.
Les marges de dumping retenues diffèrent selon le niveau de coopération des exportateurs. Deux entreprises l’égyptienne MAFO et l’émiratie Al Khaleej Steel Industries qui ont fourni l’ensemble des données requises, se voient appliquer des marges de 25,74 % et 23,13 %, respectivement. Pour les autres exportateurs dont les réponses ont été jugées insuffisantes, les taux sont beaucoup plus élevés, atteignant 50,67 % pour l’Égypte et 52,71 % pour les Émirats arabes unis. (données issues du rapport officiel transmis aux parties concernées).
Ce qui frappe d’abord, c’est l’explosion des importations observée ces dernières années : elles sont passées de 112 tonnes en 2020 à 14 669 tonnes à fin septembre 2024, soit une progression d’environ 13 000 % sur quatre ans, un signal fort de déséquilibre commercial sur ce produit stratégique.
Cette flambée aurait exercé une « pression considérable à la baisse sur les prix du marché national », selon les producteurs locaux, qui ont vu leur part de marché fondre sous l’effet d’offres étrangères très compétitives. Cette situation questionne aussi l’accès des produits nationaux à certaines chaines d’approvisionnement, dans des secteurs clés comme l’agriculture (clôtures, grillages, gabions), l’industrie mécanique et la construction.
La décision marocaine s’inscrit dans le cadre de la loi 15-09 relative aux mesures de défense commerciale, une arme juridique qui permet au Royaume de réagir face à des pratiques commerciales jugées déloyales tout en restant conforme aux engagements internationaux. Elle a été entérinée par la Commission de Surveillance des Importations lors de sa réunion du 21 novembre 2025.
Les exportateurs, importateurs et industriels disposent désormais d’un délai de 15 jours à compter de la notification du rapport préliminaire pour formuler leurs observations et apporter des éléments complémentaires avant la conclusion finale de l’enquête. Cette phase de dialogue est cruciale : elle peut encore influer sur le calibrage final des mesures définitives ou non qui seront appliquées.
Au-delà des règles du commerce, ce dossier illustre une tension plus large à laquelle le Maroc est confronté : comment concilier ouverture économique, intégration dans les chaînes de valeur mondiales et préservation d’un tissu industriel national dynamique. Pour les acteurs locaux, le défi est d’autant plus aigu que le fil galvanisé constitue un intrant essentiel pour des segments vitaux de l’économie marocaine.
En réponse à une enquête révélant des pratiques de dumping sur les importations de fils d’acier galvanisés en provenance d’Égypte et des Émirats arabes unis, le Maroc a instauré des droits antidumping provisoires. Cette décision, soutenue par une progression spectaculaire des importations, vise à protéger une filière nationale fragilisée et à rééquilibrer les conditions de concurrence.












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