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Nettoyer les écuries d’augias…!


Après le parti du Mouvement Populaire, voici venu le tour du PAM d’être touché par un scandale, lié à ses membres. Deux parmi les plus éminents représentants de ce parti, sont aujourd’hui détenus en prison pour trafic de drogue, faux et usage de faux et autres délits.



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Par Rachid Boufous

Pas moins de 25 personnes ont été déférées devant le parquet de Casablanca et sont actuellement à la prison de Oukacha pour les mêmes accusations. Un baron de la drogue, détenu au Maroc depuis 2019, dit « le Malien » s’est mis à table, comme on dit, et à mouillé tout ce monde, dans un élan de vengeance inédit. 

On parle ici de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis qui ont été acheminés par le baron de la drogue avec la complicité des détenus, durant plus de 10 ans. C’est très grave. Cela serait une banale affaire de drogue si parmi les principaux détenus ne figurent pas un président de région et un président de conseil préfectoral et président du premier club de foot du pays, et qui appartiennent au deuxième parti de la coalition gouvernementale, à la tête duquel, se trouve le ministre de la justice en personne...

On peut toujours se poser des questions sur l’identité de celui ou de celle qui a coopté ces gens dans ce parti ? Ledit parti a-t-il profité de leurs largesses ? Dans quelle mesure le président du parti-ministre de la justice, était au courant des agissement de ces éminents membres du bureau politique ?

Cette affaire, comme celle qui a touché le Mouvement Populaire il y’a quelques mois avec l’ex-maire de Fquih Ben Salah, prouve que depuis l’instauration de l’indépendance du parquet par rapport au ministère de la justice, les affaires de ce genre ne sont plus, ni étouffées ni classées sans suite. 

C’est un très bon signe pour la justice de notre pays. 

Cela démontre aussi par la même occasion que les partis politiques, toutes tendances confondues, n’arrivent toujours pas à drainer des personnes au dessus de tous soupçons, préférant la compagnie d’énergumènes qui ne viennent en politique que pour se servir au lieu de servir.

À quand des partis politiques nationaux conscients de leur mission societale ? 

Ils donnent toujours une piètre image de l’exercice de la politique et de la démocratie dans notre pays et génèrent par ces pratiques « gangsteristes », des sentiments repoussoirs envers la société. Le slogan populiste du « tous pourris » n’a jamais eu autant de résonance chez nous que par les temps qui courent... 

Il est temps qu’une remise en question, de fond en comble, du champs politique marocain, se fasse et de manière radicale.
Accepter n’importe qui dans les partis et surtout des gens de cet acabit, est la preuve faite que ces partis politiques ne sont pas prêts à changer de pratiques. Ce qu’ils veulent, c’est drainer toujours plus de gens capables par tous les moyens, de leur assurer un maximum de sièges au parlement, sans se soucier de l’origine des personnes ou des fonds mobilisés, pour y arriver.

Ce qui choque dans cette histoire c’est que le PAM, qui depuis son apparition sur le scène politique vers 2009, se présentait comme le parti du renouveau et de la modernité. Ses leaders de l’époque promettaient de faire la politique autrement et de permettre à de nouvelles élites de voir le jour, en remplacement les vieux dinosaures de l’ère Basri. Apparement c’est peine perdue…

L’argent a repris le dessus après quelques années d’un espoir suranné et difficile à réaliser. Et toute la classe politique a connu le même parcours depuis vingt ans. Nous avons vu arriver au sein de tous les partis politiques marocains des gens qu’on ne soupçonnait même pas qu’ils existaient au bled. 

Les partis ayant besoin de « sponsors » généreux pour faire tourner leurs instances et financer leurs activités partisanes, au quotidien et surtout lors des élections, ont tous fermé les yeux sur cette faune, en quête d’honorabilité et qui ne demandait qu’à être « blanchie » à son tour en intégrant le cénacle politique. 

Et ces trafiquants ont été très généreux, finançant les meetings, les rencontres partisanes et les places au parlement, même pour des députés moins argentés. L’essentiel pour les partis étant d’avoir le plus de places possibles au parlement afin d’être éligible au gouvernement.

On ne voulait surtout pas voir que l’argent sale et surtout celui de la drogue avait pris le dessus. Une faune se croyant au dessus des lois du pays s’est mise à acheter, à tour de bras, tout ce qui avait de la valeur, l’essentiel étant de blanchir l’argent sale, de paraître et d’arriver…

Souvent ces loufiats n’investissent pas le monde des affaires, mais plutôt celui des affairistes, trustant les secteurs hyper spéculatifs, qui permettent aisément de blanchir l’argent sale et salement gagné. En général le football, l’immobilier ou le BTP s’y prêtent avec très peu ou pas du tout de contrôles. Pour avoir une immunité, ils achètent des sièges au parlement, faisant élire par la même occasion leurs filles, leurs fils, leurs femmes ou leurs maîtresses. On n’est jamais assez nombreux dans pareille entreprise.

Et les voilà députés, maires, présidents de commission ou de chambres d’agriculture ou d’industrie ou de région. Dans leurs parcours, ils cherchent à se faire connaître et à s’inviter dans les meilleurs salons, là où la cooptation des élites est nécessaire, s’ils espèrent durer dans le nouveau monde. Ils deviennent par la même occasion les meilleurs clients des marchands de voitures de luxe, des bijoutiers et des notaires, sans oublier les stations balnéaires courues ou les quartiers huppés de Rabat, Tanger, Marrakech ou de Casablanca, y achetant sans vergogne les meilleures villas et propriétés. Ils achètent aussi des fermes où, soi-disant, ils s’adonnent à de l’agriculture ou à l’élevage de poules, mais qui leur servent de bases-arrières pour exporter le haschich à travers de grands camions TIR vers diverses destinations.

Grâce à l’argent de la drogue, des villes entières ont été construites. Le boom de l’immobilier a soudain explosé à Fès, Agadir, Marrakech, Tanger Casablanca ou même dans des villes improbables comme Kenitra où il s’autorise un immeuble par jour depuis plus de 25 ans, sans que l’on se pose de question de l’origine des fonds des promoteurs immobiliers dans une région où il n’y a pas d’activité économique d’envergure. 

 

Oui l’argent issu du commerce illicite de la drogue a pourri de larges pans de notre économie. Si nous avons officiellement un PIB de 142,9 milliards de dollars, le PIB réel du pays dépasse allègrement les 250 milliards de dollars, à vue d’œil. 

On découvre avec stupeur aujourd’hui que l’un des détenus dans cette affaire serait derrière l’introduction du crack au bled, une sale drogue dite « drogue du pauvres », qu’on appelle localement « Pouffa » et qui fait des ravages dans toutes les basses couches de la société marocaine. Et je ne suis pas loin de penser que ce sont les ravages faits par cette drogue terrible qui a enclenché cette immense souricière. 

On ne pouvait plus tolérer de tels agissements, surtout de la part de personnes ayant pignon sur rue et de surcroît, se présentent comme étant de respectables parlementaires et notables.

On pensait fabriquer une bonne démocratie, on s’est réveillé avec Medellin au temps de Pablo Escobar. Cela nous ramène 30 ans en arrière à l’époque du rapport de l’observatoire des nations-unies sur les drogues qui pointait du doigt les accointances de certains députés du RNI avec les milieux des stupéfiants. 

À l’époque une vague d’assainissement avait démarré, emportant des dizaines de gros bonnets dont le fameux Hmidou « Le Loup » grand baron de la drogue qui avait son propre port près de Tanger et à partir duquel, il expédiait sa marchandise vers diverses contrées. 

Un TangerMed avant l’heure… Justement, quand la décision fut prise de construire le méga-port sur le détroit de Gibraltar, on se rendit compte que la majorité des terres « utiles » appartenaient à un autre baron dit « Entre les fleuves » Bin Elouidane, qui finançait aussi la secte d’Al Adl wa al Ihssane et la la construction d’un commissariat, histoire de mettre ses œufs dans tous les paniers et s’acheter toutes les case du Monopoly par la même occasion. 

Un autre baron, Yakhloufi, copain de Pablo Escobar, pour qui il avait acheté une propriété à Tanger histoire de lui permettre de venir y passer un hiver doux et superviser de plus près les cargaisons vers l’Europe, était aussi copain des frères Castro de Cuba. Une vraie multinationale de la drogue à lui tout seul. Il finira en prison, et son principal adjoint deviendra patron de club de football et grand industriel…

« Le Loup » et « Entre les fleuves » finiront en prison. Ils furent suivis de Rammach et El Nini, gros trafiquants devant l’éternel. Yakhloufi mourra quant à lui en prison, regrettant sans doute le mauvais chemin qu’il avait entrepris…

Avec la présente affaire, c’est toute la classe politique qui se trouve une nouvelle fois décrédibilisée. Rien ne peut plus en sortir de bon, de sérieux ou d’honnête de ces gens…

À moins que ce séisme ne soit le déclencheur d’une opération d’éradication généralisée en leur sein, nous ne pourrons pas bâtir demain la nation saine que nous appelons, tous et toutes, de nos vœux…

Ce que nous avons surtout réalisé de bien depuis ces quinze dernières années, c’est l’indépendance du parquet et de l’investigation. Aujourd’hui plus que jamais nous devons préserver cette indépendance, car la justice est le reflet de toute nation développée. 
Envoyer en ce moment un signal aussi fort, qui veut que personne n’est au dessus des lois, est certainement le meilleur moyen de redonner espoir à tous ceux qui sont épris de justice et d’équité dans ce pays.

Et si cela peut faire peur à tous ceux qui viennent chercher en politique l’impunité et la protection pour entreprendre leurs sombres desseins, c’est encore mieux ! 

Il est temps que les partis politiques éloignent tous les gens qui portent préjudice à notre pays et à la crédibilité de ses institutions et il est temps de nettoyer ces écuries d’augias…!

Rédigé par Rachid Boufous 



Vendredi 29 Décembre 2023

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