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Pourquoi l’Ue se fait-elle hara-kiri ?


Rédigé par le Dimanche 19 Juin 2022

L’Ukraine pinaille d’impatience pour rejoindre l’Union européenne. La France, l’Allemagne et l’Italie souhaitent lui accorder le statut de candidat. Poutine a applaudi cette démarche.



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Que deviendrait l'Ue avec l'Ukraine en son sein ?
Que deviendrait l'Ue avec l'Ukraine en son sein ?
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, souhaite que son pays, en guerre contre la Russie, rejoigne l’Union européenne « sans délai ».

Sa ferveur semble contagieuse, puisque ses hôtes, le français président, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Sholz, et le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, qui lui rendaient visite à Kiev le 15 juin, semblaient tout aussi enthousiastes.

Tous trois se sont prononcés pour un octroi « immédiat » du statut de candidat à l’Ukraine. Aussitôt repris en chœur par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen.

Le Conseil européen, haute instance de l’Ue regroupant les chefs d’Etats et décidant des grandes orientations stratégiques, doit prendre une décision à ce sujet, lors de sa réunion des 23 et 24 juin à Bruxelles.

Hériter d’un passif

La réaction du président russe, Vladimir Poutine, qui a déclaré ne voir aucun inconvénient à ce que l’Ue accueille l’Ukraine parmi ses membres suffit à mettre en évidence le manque de rationalité de cette décision.

Des pays comme l’Espagne, les Pays-Bas et les pays scandinaves ne sont pas tellement chauds pour cette adhésion, mais il est fort probable qu’ils cèdent à la pression de l’Otan, dont l’Ue est la vitrine politique sur le vieux continent.

L’Ukraine, c’est une ardoise chargée de plus de 137 milliards de dollars de dette extérieure, publique et privée, dont le service absorbe 13% du Pib chaque année. Outre une dette publique intérieure de 40 milliards de dollars.

Le déficit budgétaire est de 6,5% du Pib et le déficit commercial de 9%. C’est la « remarquable » performance d’un pays qui, à la date de son indépendance, en 1991, avait zéro dette et une économie qui pesait 193 milliards de dollars.

Ce chiffre n’était déjà plus que de 155 milliards de dollars, en 2020, soit avant le déclenchement du conflit contre la Russie.

Une économie en régression

Nul besoin de comprendre le russe pour voir que l'essentiel des activités économiques sont concentrées à l'Est de l'Ukraine
Nul besoin de comprendre le russe pour voir que l'essentiel des activités économiques sont concentrées à l'Est de l'Ukraine
L’économie ukrainienne a perdu la moitié de son poids après la révolution « pro-démocratie » du Maïdan, en 2014, et le début des hostilités dans le Donbass qui s’en est suivi.

En conséquence de la guerre en cours dans ce pays d’Europe orientale, la Banque mondiale a prévu que son Pib allait encore se contracter de 45%.

Ce qui fait pouffer de rire le président Poutine, quand il entend des dirigeants européens soutenir avec ferveur l’adhésion de l’Ukraine à l’Ue ?

Un simple coup d’œil à la carte économique du pays voisin de l’Ets de la Russie permet de le comprendre (voir carte ci-dessus).

Comment on peut le constater, l’essentiel des richesses minières, des plaines fertiles et du tissu industriel de l’Ukraine se concentrent à l’Est de ce pays, dans le Donbass.

Poutine prend la meilleure part

C'est la région même objet du conflit entre les deux pays voisins, peuplée de Russes ethniques et d’Ukrainiens russophones, que Moscou s’est juré de ramener sous son giron, manu militari.

Des milliers de tonnes de céréales et de graines de tournesol, auparavant commercialisés sur les marchés internationaux sous couleurs ukrainiennes, vont tout simplement changer de nationalité.

Il est évident que les déclarations tonitruantes du président Zelensky, s’imaginant pouvoir repousser l’armée russe au-delà du Donbass avant d’entamer de sérieuses négociations ne sont que des fanfaronnades.

L’Ukraine est en train de perdre la guerre sur le terrain, une réalité maintenant reconnue, même si du bout des lèvres, par les experts occidentaux les moins démagogues. 

Le fantasme des armes « miracles »

"Associons nos faiblesses et avançons ensemble... jusqu'au bout !"
"Associons nos faiblesses et avançons ensemble... jusqu'au bout !"
Il est vrai que le président Zelensky et les médias occidentaux, à sa suite, persistent à fantasmer sur de futurs envois d’armes occidentales « miracles » qui seraient aptes à inverser le cours de la guerre.

Si ces armes existent, en volume et consommables suffisants, avec le moyen de les convoyer intacts sur la ligne de front, le monde entier n’attend que de les voir.

La réalité est que les chances de l’armée ukrainienne de récupérer les territoires conquis par l’armée russe sont quasiment nulles. Pendant ce temps, l’armée russe continue à avancer, lentement mais sûrement, dans l’Est et le Sud de l’Ukraine.

Si Kiev venait à perdre également le port d’Odessa, l’Ukraine deviendrait un pays enclavé, sans aucun accès à la mer.

Plus on est de fous…

Pour ses exportations, s’il reste à l’Ukraine quoi que ce soit d’intéressant à vendre à l’étranger, Kiev serait condamnée à transiter par des pays tiers et verser, de ce fait, un droit de passage. D’un un renchérissement des coûts et, par conséquent, une perte de compétitivité.

L’image de Zelensky, en compagnie de Macron, Sholz et Draghi, à Kiev, donne l’impression d’un conseil d’administration d’entreprise en faillite.

Ainsi a-t-on vu les dirigeants de trois grands pays européens décidés à se sevrer des sources énergétiques fossiles russes, sans alternatives crédibles, qui se sont par ailleurs distingués par les coups sévères portés aux économies de leurs pays au travers des sanctions, inefficaces, contre la Russie, empressés d’accueillir au sein de l’Ue le chef d’une armée vaincue, gérant une économie dévastée par la mafia des oligarques.

Dans le sillage de Catherine la Grande

Catherine II, Tsarine de toutes les Russies, a entretenu d'excellentes relations diplomatiques avec le Sultan Mohammed Ben Abdellah
Catherine II, Tsarine de toutes les Russies, a entretenu d'excellentes relations diplomatiques avec le Sultan Mohammed Ben Abdellah
Assis dans son bureau du Kremlin, le Tsar Poutine jubile, la croix de Saint-Georges accrochée en boutonnière de sa veste, à siroter un verre de vodka en admirant le portrait de son illustre prédécesseur et modèle, Pierre le Grand, qu’il vient de citer dans un récent discours.

Comme lui, il a admiré les Occidentaux et réellement cru, à ses débuts, qu’il y avait moyen de s’entendre avec eux. Il a également fini par les combattre.

Et pour sculpter son nom au panthéon des grands de Russie, il a décidé de reprendre sous la protection de Moscou les colonies installées en Novorossia (Est et Sud de l'actuelle Ukraine) par la non-moins illustre tsarine Catherine II, dite la Grande, après avoir arrachée la Crimée aux Ottomans, à la fin du XVIIIème siècle.

Ne pas tenir compte de l’Histoire complexe de cette partie de l’Europe orientale et de la dimension religieuse du conflit, l’église orthodoxe d’Ukraine ayant fait sécession du Patriarcat de Moscou, en 2018, c’est se condamner à ne retenir du conflit russo-ukrainien que la narrative soigneusement ciselée des médias occidentaux.

L’Ue sous le soleil et le vent

L’Ue peut toujours hériter des décombres industriels et trou noir financier d’une Ukraine amputée du Donbass et de l’accès à la Mer noire.

Et y investir ses euros, s’ils valent toujours quelques choses une fois venu la saison froide, sans gaz russe pour faire tourner les turbines de l’économie et chauffer les foyers.

Bienvenue à une Ukraine, vaincue, démembrée et en faillite dans une Ue sans accès à une énergie fossile à des prix abordables.

Que souffle le vent et que brille le soleil pour alimenter éoliennes et panneaux photovoltaïques. Zelensky Le Téméraire et Sainte Greta Thunberg disent Amen.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 19 Juin 2022

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