A lire ou à écouter en podcast :
Par Abdelghani El Arrasse
Face à ce constat, une rupture est nécessaire. Il ne s’agit plus d’aménager les marges, mais de refonder le socle. Ce document propose une série de réformes structurantes pour engager une véritable révolution éducative silencieuse, au service du développement national.
Un Plan Marshall pour l’éducation
Le Maroc doit lancer un plan national d'urgence pour l'éducation, avec une vision à 15 ans, des objectifs chiffrés (taux de maîtrise des fondamentaux à 10 ans, taux d'insertion des jeunes diplômés, etc.), un financement pluriannuel garanti et un pilotage centralisé autour d'une instance nationale indépendante dotée de pouvoir décisionnel.
Faire de la formation des enseignants une priorité nationale
Les enseignants sont le pivot de toute réforme. Il faut créer des écoles normales supérieures d'excellence, renforcer la formation initiale et continue, réviser les critères de recrutement et valoriser la carrière à travers des incitations professionnelles et salariales conditionnées aux résultats.
Instaurer une culture de la performance et de la redevabilité
La gestion du système doit reposer sur des indicateurs clairs de performance. Il faut mettre en place un système d’évaluation externe, périodique et public des établissements, des enseignants et des académies. Le financement doit être lié aux résultats obtenus.
Il est urgent d'aligner les programmes de formation avec les besoins du marché du travail. Cela passe par la création de comités mixtes de gouvernance incluant l’entreprise, l'université et les régions. L'alternance, l'apprentissage, et les partenariats public-privés doivent être renforcés.
S’inspirer des modèles réussis
La Corée du Sud, Singapour ou le Vietnam ont mis en place des politiques cohérentes fondées sur la qualité de l'éducation. Le Maroc peut s’en inspirer en adaptant les leviers-clés : autonomie des établissements, excellence des enseignants, numérisation des contenus, et priorité donnée aux sciences, technologies et compétences critiques.
Mobiliser la diaspora comme levier de transformation
La diaspora marocaine qualifiée représente un gisement de compétences. Il faut mettre en place un programme national de mobilisation de cette diaspora pour le transfert de savoirs, le mentorat des étudiants, la création de chaires universitaires et la contribution à la gouvernance éducative
Le Maroc ne manque ni de ressources ni de talents. Ce qui lui manque, c’est une volonté ferme de placer l’éducation au cœur de sa stratégie de développement.
Réformer l’école, ce n’est pas seulement améliorer les résultats scolaires : c’est reconstruire la confiance dans l’avenir, libérer l’investissement, et restaurer la dignité nationale.
Le temps n’est plus aux diagnostics : le moment est venu d’agir.
Rédigé par Abdelghani El Arrasse